Lorsque le manga se fait raciste

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Le quotidien Mainichi, un des plus grands quotidiens nippon, a traité dans ses pages d’un manga intitulé Kenkanryu (titre se traduisant grossièrement par « Haïr la culture sud coréenne »). Cette BD est devenue un best-seller au Japon, avec son discours réactionnaire face à l’arrivée massive de la culture coréenne au Japon. La Corée du sud connaît en effet un boom culturel en Asie et ses artistes ou séries télés live jouissent d’un certain succès au Japon.

Le manga de Kenkanryu raconte l’histoire d’un étudiant japonais qui s’intéresse aux relations entre le Japon et la Corée, lors de la coupe mondiale de football de 2002. Le héros rejoint alors le club d’histoire de son université et débat du passé des deux pays avec des Coréens nés sur le sol japonais. Il dénonce alors la faiblesse du gouvernement japonais lorsque le gouvernement coréen a réclamé au gouvernement nippon des excuses concernant l’annexion de la Corée de 1910, les femmes coréennes prostituées de force (comfort women) et les revendications territoriales.

Plusieurs éditeurs japonais ont refusés de publier ce manga avant que la Shinyusha accepte. La première impression du manga a vendu 30 000 unités et une seconde impression a écoulé 70 000 autres. Le Mainichi Shimbun a parlé du manga, mais refusé d’ouvrir ses pages à de l’espace publicitaire pour ce dernier. Enfin, trois des plus grands quotidiens coréens ont déjà condamnés ce titre dans leurs colonnes.

Linda GILAIZEAU, archéologue spécialiste du Japon nous explique que : « Ce manga constitue un exemple manifeste du nationalisme japonais. Apparu il y a peu sous l’ère Meiji, il constitue un mécanisme de défense face à la crise économique et aux transformations de la société… D’une manière générale, le nationalisme japonais admet mal l’influence des coréens sur la société.

Pourtant, ces derniers se sont implantés au Japon dès la préhistoire et l’antiquité, apportant l’agriculture, l’écriture, le bouddhisme et même des épouses pour les empereurs japonais ! Le Japon, présenté après la guerre principalement comme une victime de la bombe atomique, n’a pas encore admis ni clairement demandé pardon pour les crimes de guerre que les troupes japonaises ont commis dans toute l’Asie. Aujourd’hui encore, la position des politiques n’est pas claire sur ce sujet
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