En France, seuls les 51 premiers épisodes de la deuxième série ont été doublés. Lorsque l’on sait que la première série (Lupin III – 1971-1972) en totalise 23, la deuxième en compte 155 (Shin Lupin III 1977-1980) et la troisième (Lupin III part 3 1984-1985) encore 50, on se rend très vite compte qu’on connaît bien peu cet héros peu ordinaire.
Comparées au manga, les séries sont nettement plus gentillettes, mais on a cependant le plaisir d’y retrouver les principaux attraits de l’oeuvre de MONKEY PUNCH, avec en particulier le côté érotique qui, bien que très soft, n’en est pas moins présent. Certes, on n’aperçoit que rarement le bout d’un téton, mais la plastique des héroïnes et le sourire lubrique de Lupin sont sans équivoque ! Autre avantage, les dessins animés ont su conserver l’originalité graphique du mangaka tout en améliorant son dessin brouillon.
Les histoires sont farfelues, elles se déroulent aux quatre coins de la planète, et dans des endroits plus extravagants et exotiques les uns que les autres (Pyramides, bases secrètes, somptueux palais…). En général, aucun trésor national n’est épargné par les héros qui ne s’intéressent qu’à l’argent, l’Art n’ayant ici qu’une valeur marchande. Malédictions, ennemis puissants et engins diaboliques les obligent à trouver des plans toujours plus audacieux, faisant intervenir une impressionnante panoplie constituée d’objets hétéroclites et de déguisements on ne peut plus parfaits.
Seul Zenigata semble capable de déjouer les farces de Lupin, mais uniquement parce que celui-ci le veut bien. L’aventure n’aurait pas d’attrait si son ennemi ne lui collait pas aux pattes et ne finissait sa mission dans la pire des situations. D’ailleurs, il leur arrive même de coopérer, s’ils ont affaire à un bandit notoire, ou si le Japon est en danger. Les femmes sont, également, de viles traîtresses et Fujiko est plus aguicheuse et tricheuse que jamais.
La musique de ÔNO Yûji (Capitaine Flam) soutient merveilleusement l’anime, son côté jazzy lui conférant un air intemporel, classieux et sexy, tout à fait adapté au sujet, les passages délirants et frétillants n’étant pas non plus en reste. Le générique français, bien que différent du japonais, a su rester dans le même registre. Au Japon, il existe une box regroupant cinq CD de BGM et de chansons provenant des séries et des premiers films, très agréables à écouter.
Le doublage français est excellent, malgré le fait que Lupin se fasse appeler Edgar pour éviter les problèmes de droits, alors que son véritable nom est facilement décelable aussi bien dans la bande-son que sur certaines images. Mais finalement, ce n’est qu’un détail…
Il est peu probable que les Français découvrent jamais les autres séries de Lupin, ce qui est fort dommage. Surtout en ce qui concerne la première, puisque quelques quinze épisodes ont été réalisés par MIYAZAKI Hayao (Princesse Mononoké, Porco Rosso) et TAKAHATA Isao (Mes Voisins les Yamada, Le tombeau des lucioles) et supervisée par ÔTSUKA Yasuo. En revanche, la troisième est notoirement connue comme étant la moins bonne, tant pour son scénario que pour son affreux design. Pour reconnaître chacune d’entre elles, il suffit de regarder la couleur de la veste de Lupin (La 1re : verte, la 2e : rouge, la 3e : rose).
Le premier dessin animé de Lupin est un épisode pilote de quinze minutes, intitulé Secret file (1969). Réalisé par la Tôkyô Movie Shinsha, qui en acquiert les droits dès 1967, il était destiné à préparer un film en association avec la Toho. Toutefois, le projet ne put aboutir et il ne fut finalement projeté qu’en 1978 (!), en prologue du premier film (Mamô no ichien 1978). Certains passages furent également repris dans la première série.
Outre un certain nombre de Spéciaux TV dirigés pour une grande part par DEZAKI Osamu (Cobra, Cat’s Eye) ?, il existe plusieurs films dont seuls le premier et celui de MIYAZAKI (Le Château de Cagliostro) ont été traduits en français. Ce film est sorti une première fois en France dans une version plutôt étrange. En effet, alors qu’on pouvait s’attendre à une adaptation parfaite puisque la chanson du générique est la version japonaise rechantée en français ; il s’avère que, outre le changement nécessaire des noms des personnages (Lupin s’appelle Vidocq), le film a été énormément charcuté. Mais attention, dans les règles de l’art, car lorsqu’on ne connaît pas la version originale, on ne peut pratiquement pas s’en apercevoir. On a soigneusement, presque chirurgicalement évincé les passages où le délicieux Goemon s’activait.
Il n’empêche que la traduction reste très valable et que l’action n’en est pas vraiment altérée, elle devient juste un peu brutale par moments. Il est intéressant d’observer les importants remaniements scénaristiques de ce premier jet lorsqu’on le compare à la version intégrale de Manga Vidéo ressortie récemment. Cependant celle-ci surprend cette fois par son adaptation : il est déroutant de voir Jigen vouvoyer Lupin et l’appeler « Patron » comme dans les vieux films de gangsters français…
Les deux derniers films de Lupin, Kutabare Nostradamus et Dead or Alive, datent de 1995 et 1996. C’est au cours de la production de Kutabare Nostradamus que le doubleur attitré du personnage de Lupin, YAMADA Yasuo, est décédé. Au Japon, il est très rare de voir un même personnage doublé par des personnes différentes ; toutefois, ce fut le cas pour le film La Conspiration du clan Fuma (1987), qui, pour cette raison, a été un peu mis à l’écart des autres oeuvres de Lupin.
Certains Français se sont intéressés au héros de MONKEY PUNCH. Jean CHALOPIN, Bernard DEYRIÈS et la DIC ont essayé, en 1982, de co-produire avec les Japonais une série censée se dérouler dans le futur. Lupin hassei (Lupin le 8e) devait mettre en scène les descendants des héros de MONKEY PUNCH au XXIIe siècle. Le character design était conçu par ARAKI Shingo (Les Chevaliers du Zodiaque, Ulysse 31) et la réalisation confiée à RINTARÔ (Albator). Lupin VIII devait habiter dans un grand dirigeable se déplaçant au dessus de Paris. Seuls six épisodes furent réalisés jusqu’à ce qu’on s’aperçoive que les droits détenus par la famille LEBLANC n’avaient pas été acquis. Ceux-ci étant trop chers et TF1 préférant diffuser la série Arsène et cie, le projet fut abandonné dans l’oeuf. Nous ne saurons jamais si nous l’avons échappé belle, ou si l’anime serait resté dans les anales comme Ulysse 31…
Game One a cependant fait savoir qu’ils allaient essayer d’obtenir les droits des Spéciaux TV, qu’ils traduiraient et sous-titreraient. Alors restez attentif à leur grille de programme, pour ne pas en perdre une miette !
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