SUNG Baek-Yeop

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Outre la projection de courts métrages, le Forum des Images a centré sa programmation sur deux longs métrages, Mari Iyagi, grand prix du Festival d’Annecy 2002, de LEE Sung-gang {LIEN}, et Oseam, de SUNG Baek-yeop. Si LEE incarne une création indépendante, comme l’a attesté la projection de ses courts, SUNG représente une animation qui tente de contrer les géants américains et nippons avec des arguments dépassant la pure démarche individuelle. Oseam a ainsi été conçu comme une création « spécifiquement coréenne ». Le film relate l’existence parmi les moines de deux orphelins, Gilson et sa soeur aveugle Gami, et l’illumination que va vivre le petit garçon. Sensible, délicat, émouvant, Oseam possède d’indéniables qualités esthétiques originales.

AnimeLand : Quel a été votre parcours avant Oseam ?
SUNG Baek-yeop :
Après mes études, j’ai commencé, à 20 ans, à faire des films d’animation. J’ai ensuite travaillé sur des séries animées américaines, notamment comme directeur de l’animation sur les 101 Dalmatiens, de Disney, et sur Spider-Man, pour la Warner.

AL : Vous êtes passé à la réalisation avec le long métrage Speed King Thunderbolt, et avec une production du studio Mago 21 (futur producteur de Oseam), la série animée White Heart Baegku.
SBY :
On retrouve dans cette série des points communs avec Oseam, dans son sujet, ancré dans la réalité coréenne, et dans les sentiments exprimés. A l’époque [le projet a été initié en 1998, NDLR], ce type de thème, placé dans un tel environnement, était quelque chose de nouveau, d’original, pour une série animée de divertissement. Le récit est inspiré d’une histoire vraie. Dans la région de Chindo, célèbre pour sa race de chiens élevée au rang de monument national, une vieille femme qui avait vendu son animal l’a vu revenir au bout de 6 mois. Dans White Heart Baegku, c’est une famille pauvre qui est obligée, pour acheter des médicaments à leur enfant malade, de vendre leur chien à un organisateur de combats. L’animal s’échappe et part retrouver sa famille d’adoption. Pendant ce temps, l’enfant, affecté par la disparition de l’animal, retombe malade, et chacun regrette cette séparation. C’est donc une histoire sur les sentiments unissant les membres d’une famille.

AL : Le producteur de White Heart Baegku et Oseam, LEE Jeong-ho, explique vouloir initier une « animation coréenne familiale » à travers ces projets. En quoi cela consiste-il ?
SBY :
Les films d’animation par exemple de Disney, sont avant tout destinés au public américain ; créer une animation coréenne implique de concevoir des oeuvres avec une ambiance, un décor, des sentiments s’adressant aux Coréens. De plus, le sujet peut rassembler parents et enfants.

AL : Comment Oseam a-t-il été réalisé ?
SBY :
Nous pensions pouvoir faire ce film avec un financement modeste de 800 millions de won [soit 615 000 ?, un euro équivalant à 1300 won, NDLR]. Au final, le budget a atteint 1,5 milliard de won. Même avec cette somme, cela a été dur. A mon avis, pour un tel film, il faut investir minimum 1,8 à 2 milliards de won [Mari Iyagi a coûté 3 milliards de won (2,3 millions ?), Wonderful Days 12 milliards (9 millions ?), NDLR]. Sur 2 ans et demi, 50 personnes ont participé, dont 20 membres de Mago 21, comme équipe principale.

AL : Oseam est adapté d’un conte à succès du poète JEONG Chae-bong, publié en 1983, lui-même inspiré d’un fait réel. Pourquoi ce choix ? Quels ont été vos partis pris d’adaptation ?
SBY :
L’histoire, touchante, m’a beaucoup plu, et je voulais faire un film avec un héros enfant, afin d’exprimer des sentiments d’enfant, en particulier l’affection pour la mère. Concernant l’adaptation, j’ai mis l’accent sur ce que vivent les orphelins, sur leur innocence et leur amour. Pour que le public comprenne leur situation, j’ai découpé le récit en « épisodes », en scènes de vie. Par contre, j’ai supprimé le contexte historique, toujours afin de centrer l’attention sur le vécu et les sentiments des héros.

AL : Oseam est sorti en salles en Corée le 1er mai 2003. A-t-il eu du succès ?
SBY :
Non, il n’a pas très bien marché. De toute façon, ce n’était pas un film très commercial.

AL : Il ne semble pas être une exception en terme de déception commerciale [d’après le critique KIM Joong-yang, Mari Iyagi a réuni au total 100 000 spectateurs, Wonderful Days 200 000 au cours de son premier week-end d’exploitation, avant de chuter brutalement, des chiffres très modestes par rapport à certains mastodontes étrangers, NDLR]. Pourquoi les longs métrages coréens peinent-ils, en Corée même, à avoir du succès ?
SBY :
Avant tout, je crois que nombre de personnes ont des préjugés sur les films d’animation. Ensuite, les films sont tous mis dans le même panier, et on les considère comme n’étant destinés qu’aux enfants. D’où l’idée, avec Oseam, de s’adresser à toute la famille.

AL : Quels sont vos projets?
SBY :
Je suis actuellement à la recherche d’un sujet. J’aimerais un thème qui vise cette fois un public adulte. J’éviterai ainsi l’ambiguïté souvent reprochée à Oseam de s’adresser à plusieurs publics à la fois.

Remerciements à Diana-Odile LESTAGE, Chantal GABRIEL et Claudia KIM.

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