Hilda

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Posté dans : Manga & BD

  • Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #531469

    La BD de Luke Pearson d’où est tirée l’excellente série animée Netflix est disponible en français, en albums Casterman. J’aime tellement que j’ai décidé de collecter ces albums, dont je compte reparler dès que je les aurai, et lus.

    Hilda, fillette de 9 ou 10 ans , vit avec sa mère dans une petite ville portuaire, très nordique d’allure, cerclée de murailles à cause des trolls alentour assez inquiétants. De pierre le jour, ils s’animent la nuit. Or Hilda, bien qu’affectueuse et sans conflit avec sa mère, est d’un tempérament aventureux, et ses idées nobles l’embarquent parfois dans de bien étranges tribulations, accompagnée de son petit renne, Brindille, ou d’un cérémonieux et gentil lilliputien à chapeau pointu. En narratologie, les petites filles servent mieux la pureté d’intentions que les petits garçons, à la forfanterie et à l’esprit de compétition jalouse encouragés par l’éducation encore très ringarde – mais tel n’est pas le cas d’un des deux proches amis d’Hilda, du genre timoré. L’autre est une immigrée complice et admirative. On sent l’auteur adepte du contrepied envers beaucoup de clichés usés.D’énigmatiques et extraordinaires entités peuplent ce monde : un peu comme les yokaï japonais, elles semblent sans vraie méchanceté, et pourtant il peut en cuire indirectement aux humains de les côtoyer. Univers typique du rêve à la frange du cauchemar sans y tomber, le monde de ce que Freud appelait “l’inquiétante étrangeté”. Quelle imagination chez Luke Pearson ! Une BD à plusieurs niveaux de lecture, de l’école de Lewis Caroll !

     

    Xanatos
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    Xanatos le #531477

    Merci pour ta critique de la BD de Hilda mon cher Yupa 🙂 .

    Donc la bande dessinée originale est disponible chez Casterman, bon à savoir.

    En tout cas, j’aime tellement la superbe série animée produite par Netflix qu’elle m’a donné envie de lire l’oeuvre de Luke Pearson. J’ai pu constater en tout cas que le character design est très fidèle au trait de l’auteur 🙂 .

    Hilda est une oeuvre fascinante à la fois poétique, apaisante, contemplative, parfois angoissante, mais toujours touchante et franchement très subtile, qui, effectivement, propose plusieurs niveaux de lecture et est destiné à tous les publics et tous les âges. 🙂

     

     

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #531523

    On dispose chez Casterman de :

    -Hilda et le Troll

    -Hilda et le Géant de Minuit

    -Hilda et la Parade des Oiseaux

    -Hilda et le Chien noir

    -Hilda et la Forêt de pierres

    – Hilda et le Roi de la Montagne

    Les deux derniers, que j’ai trouvés, arrondissent un peu le design minimaliste de Hilda dans La Parade des Oiseaux que j’ai aussi. En particulier ses jambes en “fil de fer” se remplument un peu. Je n’ai lu encore que ce dernier et vais en parler (sans pour autant divulgâcher, comme disent si bien Sharbett et Nael Hitengo 🙂 ).

     

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #531530

    Hilda et la Parade des Oiseaux

    Il ne s’agit bien sûr pas de tout en dire, contentons-nous des quelques événements qui mènent à l’énigme au coeur du récit, ainsi que procède Luke Pearson.

    2 pages rétroactives nous présentent les journées-types de Hilda quand elle vivait à la campagne : balades dans la nature. “Un an plus tard” : elle vit désormais en ville, à Trollbourg. Elle veut continuer ses grandes balades, mais sa mère s’inquiète et le lui interdit : “Tu risques de te perdre.  – Mais j’aime me perdre !” Finalement la mère cède à la demande de 4 copains d’école. Leur “chef” a le prestige charismatique du petit “bad boy”, et l’auteur montre toutes les bêtises et minuscules cruautés (mais cruautés quand même) qu’entraîne le grégarisme, la bande qui veut se moquer de tout, et la pression sur Hilda qui ne fonctionne pas ainsi. Pression même renforcée par une autre fille qui la rassure : “moi aussi j’étais nulle, au début “, expression qui revient. Sans aucun pesant sermon, Pearson nous dit tout sur ce qui fait peu à peu les jeunes racailles. Quand la bande réussit triomphalement à faire chuter à coups de cailloux un oiseau, Hilda se précipite pour l’aider, et se fait bien sûr abandonner par le groupe, qui n’y comprend rien. Virage vers l’onirisme comme toujours chez Pearson : l’oiseau parle, semble aussi grand que la petite fille, mais amnésique à la suite du coup reçu à la tête, a oublié “une chose très importante à faire”… et même comment voler ! Hilda veut l’amener chez elle, mais ils se perdent dans la ville. La nuit tombe, sa mère est folle d’inquiétude, une grande fête en costumes d’oiseaux se prépare autour de la colossale statue d’un géant… Tension, dénouement heureux, mais aussi au passage flinguage des obscurantistes légendes de ce qui “porte bonheur” ou “porte la poisse”.

    Très agréable et riche lecture ! La série animée Netflix restitue fidèlement l’album.

    Xanatos
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    Xanatos le #531531

    Tout à fait, au vu de ta très belle critique, on semble bien retrouver dans la bande dessinée originale, la poésie et la mélancolie qui font le sel (entre autres) de la formidable série animée de Netflix 🙂 .

     

    Tu me donnes bien envie en tout cas de lire la BD de Luke Pearson, au vu de tes propos, l’oeuvre originale et l’adaptation animée sont complémentaires.

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #531580

    Merci Xanatos !

    Bon, ça y est j’ai tous les albums.

    La saga commence par Hilda et le Troll et Hilda et le Géant de Minuit. On peut considérer ensemble ces deux récits assez courts, où de plus Hilda et sa mère n’ont pas encore leur design vraiment définitif. Elles vivent dans une vaste plaine montrée en détail par une “carte” en double page à l’ouverture de l’album. Ce n’est pas une campagne cultivée, ni peuplée mais “les contrées sauvages”, avec rivière et montagnes enneigées. La maison est de style suédois, sobre et confortable, mais Hilda dès qu’il pleut préfère dormir à l’extérieur dans une tente pour entendre les gouttes tomber sur la toile. Elle sort le jour dans la nature, son but étant de dessiner certains lieux ; d’ailleurs sa mère semble une dessinatrice professionnelle travaillant à la maison. Quand elles oublient d’en fermer la porte, le Bonhomme de Bois entre et s’allonge près du feu sans rien dire. Sa tête séparée de son corps par un petit espace n’a donc pas de cou. Il a pourtant une maison, où il montre à Hilda ses livres sur les Trolls. Hilda en rencontrera un… Dans l’album suivant, c’est un géant haut comme une montagne qu’elle va croiser, ainsi que la fiancée de celui-ci ! Tout un peuple de lilliputiens, d’abord invisible, occupe une vaste ville minuscule autour de la maison d’Hilda, qui fait la connaissance de l’un d’eux, Alfur. Grâce à lui, Hilda obtient l’acceptation de sa maison, en pure perte à cause d’un simple accident imprévu. L’art de Luke Pearson réside justement dans les aspects imprévisibles des récits, tout en évitant soigneusement l’absurde : on a au contraire toujours le sentiment d’un univers très cohérent, et même de plus en plus cohérent au fil de l’oeuvre, malgré les constantes surprises déroutantes. Quoi de plus étonnant que ces 16 géants-montagnes aux noms et caractère catalogués dans la double page finale du Géant de Minuit ? Et les migrations des Woffs, ces petits nuages vivants sur le dos desquels on peut voyager ? Poésie, humour, audace, inattendu, forment la vie d’Hilda, intrépide et attachante. Pearson développe une “écologie” évidente, sans le moindre agressif militantisme, ni la moindre naïveté : les créatures non humaines, notamment les Trolls, le sont justement : in-humaines, elles ne fonctionnent pas comme nous. Et leur fréquentation forcée (par sa fille !) n’est pas sans angoisse pour la pauvre mère d’Hilda qui, bien que courageuse et nullement passive, en voit des vertes et des pas mûres !

    Xanatos
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    Xanatos le #531609

    Merci pour ta très belle critique Yupa ! 🙂

    Au vu de tes propos, le chapitre où Hilda et sa mère vivent en montagne en harmonie avec mère nature dure plus longtemps que dans la série animée.

    Par exemple, quand tu parles de notre héroïne qui préfère dormir dans une tente à l’extérieur quand il pleut pour entendre les gouttes de pluie qui ruissellent sur la toile, ce passage là est inédit dans l’adaptation animée télévisée.

    Oui, les deux géants, je me souviens d’eux ! Une histoire d’amour jolie et mélancolique les liaient tous les deux et qui montre le bon coeur de Hilda qui a tout fait pour les réunir.

    De mon côté, je revois la série animée et elle gagne vraiment à être redécouverte, tant elle est fine et subtile et la direction artistique fait clairement honneur au trait de Luke Pearson. 🙂

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #531629

    En effet, quand on a lu tous les albums on s’aperçoit de certaines différences avec la série animée, par exemple un long épisode de celle-ci développe une aventure de Hilda où le prétentieux chef de la “Patrouille Anti-Trolls” se fait ridiculiser, or cet Erik Ahlberg n’apparaît que dans le dernier album (dans un même rôle dangereusement agressif).

    Hilda et le Chien Noir  déroule désormais la vie d’Hilda et de sa mère à Trollbourg, intégrant davantage de réalisme au merveilleux poétique, ce dernier représenté par ce gigantesque et très inquiétant animal, mais surtout par la découverte du monde des nisses, créatures très chevelues en général, esprits des foyers. Ils savent accumuler tous les espaces perdus derrière les canapés, les bibliothèques, les meubles, pour en constituer une pièce secrète où ils mettent tous les objets égarés par les humains. Hilda toujours très altruiste va en aider un, expulsé, Tontu, et l’intrigue les relie au Chien Noir. Encore un excellent récit, aux dialogues toujours savoureux façon Luke Pearson. A ma surprise, il n’est pas scandinave mais britannique ; jeune auteur, il était invité en dédicaces à 28 ans à Angoulême en 2015, et “Hilda” a déjà raflé plusieurs prix.

    La Forêt de Pierres est particulièrement prenant et nous laisse sur un terrible hangover ! On trouve ici une des plus étranges bestioles créées par l’auteur : c’est un bout de terrain herbu à quatre longues pattes, et il emporte dans une course folle la maison et la famille d’un ami lilliputien d’Hilda, qui bien sûr s’élance à sa poursuite. Punie d’enfermement dans sa chambre par sa mère qui craint de plus en plus ses escapades, elle trouve moyen d’exploiter Tontu pour s’échapper dans le mur, mais ça se passe mal, et sa mère qui la retient désespérément la suit dans un lieu vaste et noir, très glauque, empli d’immenses troncs d’arbres de pierre. Après une longue errance (9 pages !) dans ce monde vide hormis de petites chenilles blanches taraudeuses de pierre, elles débouchent dans une vertigineuse caverne à cascade où circulent de nombreux Trolls. Or certains sont féroces, d’autres stupides ou voleurs, ou gentils et pacifiques.  C’est un monde sans loi, plutôt cruel. Comme dit Hilda : “Mais vous êtes tous des Trolls, vous pourriez vivre en harmonie !” Une maman troll lui répond ironiquement  “Ah oui, comme vous les humains ?”… Alors que tout semble rentrer dans l’ordre pour Hilda et sa mère enfin échappées à ces souterrains, arrive une catastrophe finale !

    Bon ce serait divulgâcher que de raconter le dernier volume (illustré par le tout récent film Netflix), Le Roi de la Montagne mais il est le climax des aventures de Hilda, un petit chef-d’oeuvre ! Bien sûr, à notre grand soulagement tant nous les aimions, nos deux courageuses héroïnes retrouvent leur vie heureuse à la fin. Ouf ! On a eu chaud !

     

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #531708

    Sharbett et Nael_ hitengo étant de grands fans de Hilda, ils sauraient sûrement très bien préciser certains aspects attachants de cette jolie saga mêlant action aventureuse, éthique et poésie. Je regrette sincèrement leur absence sur ce topic.

    Je crois qu’il faut pointer certaines choses, tant pis si ça spoile un peu, les récits sont assez riches pour le supporter sans déplaisir :

    1) Le nom de la mère d’Hilda n’est jamais mentionné, pas plus le prénom que le nom de famille, ce qui nous mène à l’identification à la fillette, pour qui elle n’est évidemment que “Maman !” Quant au père, non seulement il n’apparaît pas, mais ni Hilda ni sa mère ne pensent jamais à lui ; parthénogenèse ?

    2) Les Trolls ne naissent pas comme les humains : leurs bébés sortent de terre, telle Baba, et la Terre est la Grande Mère de ces créatures : écologie.

    3) Les Trolls récupèrent tous les objets que les humains jettent ou gaspillent, mais ils n’en font rien, il semble qu’ils ne sachent pas ou ne veuillent pas s’en servir.

    4) Les lieux sont étrangers à toute exploitation de terrains, de forêts, de pâtures : on a “la ville”, Trollburg, et “la nature sauvage”, montagnes et steppes rocheuses , désertes, au-delà de la puissante muraille, genre L’Attaque des Titans.

    Géographiquement cela évoque un peu la Norvège (il est question des Nordfjords), avec des maisons souvent en bois ou aux façades colorées, où l’on boit des boissons chaudes dans des mugs, mais aucune mythologie des grands dieux scandinaves ne paraît : les créatures magiques sont secondaires, simplement rêvées par une Anglais de la famille de Tolkien, Barrie, Carroll…

    5) Last but not least, la série animée Netflix ajoute bon nombre d’événements aux albums (et en omet quelques-uns), mais sans doute avec l’accord de Luke Pearson tant ils sont en phase parfaite avec l’univers Hilda .

    Ne ratez ce monde étonnant sous aucun prétexte !

    Xanatos
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    Xanatos le #531709

    Tiens c’est vrai tu as raison au sujet de Joanna la mère de Hilda : je revois actuellement la série animée (j’en suis à la deuxième saison) et jamais une seule fois son nom de famille n’est évoqué, nous l’ignorons tant pour elle que pour sa fille.

    Quant au père de Hilda, il n’est jamais mentionné, on ignore si il est décédé ou si Joanna a juste divorcé de lui.

    Ah intéressant en effet ta comparaison avec L’Attaque des Titans ! 🙂

    Etant donné que Trollbourg est entourée de murs géants afin de protéger les habitants des assauts éventuels des trolls, on peut faire en effet un parallèle avec le manga culte de Hajime Isayama.

    Néanmoins, je trouve intéressant que Hilda, bien qu’elle ait peur de ces créatures de pierre, n’ait aucun ressentiment ou animosité réelle envers elles : par exemple, le responsable du clocher de la ville leur jeta de la nourriture afin qu’ils ne s’approchent pas des murs et Hilda lui a crié “Non, ne faites pas ça, ils n’ont rien fait de mal !”

    Ce que tu dis au sujet des albums de bande dessinées de Hilda m’a définitivement convaincu de m’acheter l’oeuvre originale de Luke Pearson surtout que d’après ce que tu dis, si l’adaptation animée est très fidèle, elle n’est pas non plus une “transposition” de l’oeuvre d’origine et les deux sont complémentaires.

    Je me les procurerai incessamment sous peu et je serai plus que ravi d’en parler avec toi sur ce topic mon cher Yupa ! 😉

    Et, oui, Luke Pearson s’est très fortement investi dans la série animée étant donné qu’il en est l’un des producteurs. 🙂

     

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #531710

     Et, oui, Luke Pearson s’est très fortement investi dans la série animée étant donné qu’il en est l’un des producteurs. 🙂

    Tiens, dans les albums je n’ai pas vu de prénom pour la mère. Ah, Pearson est producteur de l’animé, bon à savoir en effet ! Et très évident vu le dessin et les digressions de la série pleinement fidèles à son esprit : cela rend les deux supports complémentaires. Les albums coûtent de 15 euros à 13 (pour les premiers sortis) et je les ai trouvés à la librairie Canal BD à Montparnasse.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 2 ans et 2 mois par Lord-Yupa Lord Yupa.
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