Charlie mon héros
Réalisation: Don Bluth et Gary Goldman
5 ans après l’avoir vu pour la première en DVD, j’ai donc redécouvert cet immense classique de Don Bluth en compagnie de ce cher Yupa qui découvrait pour la première fois ce film d’animation majeur des années 80.
Force est de constater que de revoir ce long métrage au cinéma sur écran géant lui insuffle une nouvelle dimension. On saluera par ailleurs le travail de restauration dont a bénéficié le film, l’image étant d’une qualité magnifique et les couleurs sont vives et chatoyantes.
Pour en revenir au film en lui même, il demeure encore à ce jour mon oeuvre favorite de Don Bluth, ex-aequo avec son somptueux Brisby et le secret de Nimh.
Charlie mon héros avait marqué les esprits à l’époque en raison de son scénario sortant clairement des sentiers battus ainsi que de son personnage principal, très éloigné des gentils héros de Disney.
En effet Charlie est un personnage très ambigu et équivoque: il est roublard, menteur, manipulateur, calculateur, cupide et intéressé.
Quand il vient délivrer la petite Anne Marie des griffes de son ennemi et ancien acolyte l’infâme Carcasse, c’est uniquement par appât du gain et pas par noblesse d’âme.
En effet, la faculté de la petite fille lui permettant de communiquer avec les animaux et de les comprendre constitue à ses yeux un gagne pain non négligeable.
D’ailleurs, je rejoins l’avis de Yupa, c’est l’une des très rares faiblesses de l’histoire: à chaque fois que l’enfant demande aux animaux qui va gagner les courses sur lesquelles parient Charlie et Gratouille, les favoris gagnent TOUJOURS.
Or il y a toujours des éléments impondérables dans une course ne permettant pas de toujours déterminer avec exactitude l’issue de celle ci, un candidat que l’on pronostique comme le futur gagnant peut perdre suite à des éléments imprévus.
En tout cas, on peut dire que l’évolution psychologique de Charlie est finement traitée au fil de l’histoire: si pendant une bonne partie de celle ci, il considère Anne Marie comme un tiroir caisse, petit à petit, il se prendra d’affection pour elle et l’aimera et on le verra tout faire pour la protéger (le dénouement étant éloquent à ce sujet).
Anne Marie est d’ailleurs un personnage très intéressant: c’est une petite fille, gentille, altruiste, généreuse et attentionnée, mais celle ci n’est ni naïve, ni stupide. Quand elle se rend compte que Charlie la manipule, elle le met devant le fait accompli et insiste pour qu’il respecte ses engagements tout en l’aidant à lui trouver des parents.
Anne Marie constitue la lumière de ce film résolument sombre.
En effet, on ressent bien l’atmosphère glauque et oppressante, typique des films de gangsters, Carcasse (Carface en VO, référence évidente au film et au personnage Scarface) l’antagoniste principal étant un caïd de la mafia canine intelligente, cruel et absolument impitoyable.
Cependant, bien qu’intimidant, il ne constitue pas le personnage le plus effrayant du film, le plus terrifiant d’entre tous étant le Hellbound, le Satan canin des Enfers:
Au milieu du film, nous voyons Charlie faire un cauchemar au cours duquel il sombre dans les entrailles de l’enfer. Il s’agit sans nul doute de LA scène la plus glaçante du long métrage. L’épouvante et la douleur éprouvées par Charlie sont réellement palpables, on a la sensation qu’il n’a aucune échappatoire dans ce lieu infernal où il sait qu’il sera voué à la damnation éternelle si il y tombe réellement dedans. Le Hellbound, même si on le voit que quelques secondes est une créature démoniaque qui, de par sa stature et sa physiologie monstrueuses marque les esprits de par sa dangerosité et sa voix d’outre tombe inoubliable.
Ceci dit, même si Charlie redoute par dessus tout de finir en enfer, le fait d’aller au paradis ne l’enchante pas énormément: quand l’ange lui dit qu’il vivra éternellement une existence ordonnée, policée, prévisible, cela l’ennuie. En effet, d’après lui, ce qui fait le piment de la vie, c’est justement son imprévisibilité, Charlie vivant au jour le jour.
Enfin, l’humour est aussi au rendez vous, la trame regorge de passages humoristiques cocasses et désopilants. Le moment le plus hallucinant et tordant étant la rencontre entre Charlie et l’alligator qui est un morceau d’anthologie de par son côté psychédélique complètement frappadingue !
Charlie mon Héros est à mon avis un chef d’oeuvre, d’une part à cause de sa réalisation technique éblouissante et de son animation parfaite, d’autre part grâce à son scénario audacieux, novateur et palpitant.
De plus la richesse narrative de l’intrigue le rend enthousiasmant à voir pour toutes les générations, le film étant tour à tour sombre, oppressant, hilarant, délirant, dramatique et très émouvant.
En bref, j’ai été ravi d’avoir revu cette perle au cinéma et je suis très content aussi que le film t’ait plu mon cher Yupa ! 😀