Walt Disney, l’artiste

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Plus tard, le divorce interviendra, pour plusieurs raisons. Raisons politiques d’une part : d’abord démocrate (de gauche), Walt DISNEY se met à voter plutôt républicain après la guerre alors que les intellectuels passent à gauche majoritairement jusque vers 1980. Raisons morales ensuite : tout en résistant assez fermement aux très fortes pressions des ligues puritaines, religieuses et conformistes, Walt DISNEY a affirmé en 1956 que ses films devaient être identifiés comme ” des divertissements sains et familiaux “. On se souvient du scandale créé par le transformisme de Merlin L’enchanteur et l’initiation amoureuse du jeune Arthur comme par l’ambiance ” paganiste ” qui règne dans tous ses films. Raisons esthétiques, enfin : le style de dessin des longs métrages animés n’évoluant que lentement (2 à 3 ans entre le projet et la sortie d’un DA. Ainsi, alors que le style graphique des lignes épurées, sèches, abstractisées règne depuis 1952, ce n’est qu’en 1959 que Walt DISNEY sautera le pas avec La Belle au Bois Dormant. Après avoir été en avance sur tous, Walt DISNEY semble avoir toujours un train de retard…

Où est le talent ?

Tous ses proches collaborateurs se prononcent néanmoins d’une seule et même voix : Pour chaque projet, Walt DISNEY réunissait ses directeurs et leur racontait pendant deux ou trois heures tout le film en mimant les rôles, et tous le monde était sous le charme, hypnotisé. Le visionnaire DISNEY, toujours le sourcil relevé, les yeux brillants, la moustache frémissante, voyait, savait parfaitement ce qu’il voulait, avant même de prendre en compte ce que le public voulait. Contrairement à une idée reçue, Walt DISNEY était un assez mauvais businessman, se fit rouler plusieurs fois par des distributeurs entre 1921 et 1932 et commis nombre d’erreurs stratégiques, au désespoir de son frère Roy. Néanmoins, il croira toujours en le dessin animé en tant qu’ ” art majeur qui aura ses génies “. Walt DISNEY affirmait même : ” je ne fais pas de films pour les enfants, je fais des films qui peuvent être vus par des enfants “. A tous ces traits artistiques, il faut ajouter sa patte scénaristique et sa capacité à s’améliorer à chaque film.

La direction artistique selon Walt Disney

Alors que l’ équipe Disney atteint 187 membres en 1934,Walt DISNEY crée une école d’art interne à deux niveaux, débutants et confirmés. Le prestigieux et génial architecte Frank LLOYD WRIGHT viendra y enseigner. Walt DISNEY estime, dans sa conception de l’animation en tant qu’art, que ” l’impératif n’est pas de reproduire les évènements et mouvements tels qu’ils sont mais d’en donner une version fantasmagorique, onirique, liée à l’univers imaginaire collectif (…) il faut entrer en contact avec les sentiments et les rêves du public, naviguer dans le possible, le probable, caricaturer les êtres plutôt que reproduire des modèles “.

Walt DISNEY montrera toujours une estime et une sympathie marquées envers les animateurs, peut-être parce qu’il aima dessiner à ses débuts. On connaît bien les ” Nine Old Men ” : Leslie CLARK, Milt KHAL, Frank THOMAS, Marc DAVIS, Woolie REITHERMAN, Eric LARSON, John LOUNSBERY, Ward KIMBALL, Ollie JOHNSTON. D’autres s’illustreront brillamment, comme Norman FERGUSON ou Fred MOORE. A chacun il transmettra son esprit et son amour de l’animation. Artiste dans l’âme, Walt DISNEY semble avoir été moins autocratique que certains autres patrons de studios. S’interdisant ainsi de surgir à l’improviste dans les bureaux des animateurs, il s’annonçait de loin par sa toux (parfois volontaire) de gros fumeur. ” Fainéantez, prenez l’air si vous êtes fatigués “ répétait-il… Ce n’est que le soir venu qu’il visitait les tables à dessins abandonnées.

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