Les plus anciens s’en souviennent peut-être, la série Muscleman avait fait l’objet d’un scandale durant sa diffusion au Club Do. Au-delà de l’anecdote, on oublie trop souvent de rappeler qu’aujourd’hui encore, Kinnikuman connaît un véritable culte au Japon.
Tout commence pendant les vacances de la fin 1978 et du printemps 1979, deux périodes idéales pour tester le potentiel, dans les pages du Shônen Jump, du concept inventé par Yudetamago. Sous ce nom de plume qu’ils partagent depuis leurs années lycée à Osaka, le scénariste Takashi Shimada et le dessinateur Yoshinori Nakai vont faire rêver toute une génération d’enfants ! Lancé en mai 1979, Kinnikuman s’étalera sur huit années et trente-six volumes reliés.
L’intrigue relève du pur délire : Suguru, citoyen ordinaire japonais, apprend qu’il est Kinnikuman (Muscleman), prince disparu de la planète Kinniku dont il a été expédié par mégarde, confondu avec un porcelet. Fainéant, laid et maladroit comme Homer Simpson, il devra prouver sa valeur pour accéder au trône dans des tournois de catch. Un kamoulox géant où s’entrecroisent Ramenman, l’amércain Terryman et un certain Pandaman. Le premier aura droit à son spin-off, Takakae Ramenman !! (1982-1988, 12 tomes) ; le dernier, innocente mascotte de show TV prise à parti par notre gaffeur de héros, inspirera à Eiichirô Oda un jeu récurrent pour ses lecteurs. Outre l’auteur de One Piece, Hiromu Arakawa et Hiro Mashima ont également exprimé leur affection envers Kinnikuman.
Bourré de jeux de mots et de références à la culture asiatique (notamment religieuse), le manga vedette est adapté en série TV de 137 épisodes, diffusée entre 1983 et 1986. Choc des cultures et incompréhension surviennent alors durant son passage en France : le svastika qui orne le torse d’un personnage est confondu avec une croix gammée par le CSA et TF1 cesse aussitôt la diffusion. Dommage, le personnage de Brocken, immonde catcheur nazi et premier adversaire réellement « méchant » ne laissait planer aucun doute…
Pendant ce temps, au Japon, bien que terminé depuis 1987, Kinnikuman continue de se décliner à toutes les sauces, jusqu’à une vraie-fausse suite mettant en scène le fils du héros. Kinnikuman Legacy est publiée entre 1998 et 2004 dans le Playboy de Shûeisha, pour des lecteurs de la première heure devenu bien grands et engendrera une nouvelle série animée en 2002. A cette occasion, l’éditeur réimprime les volumes de la série originale, une initiative qui s’arrête en 2009 avec le tome 36. Ou pas.
En janvier 2010 surgit le tome 37 des aventures de Kinnikuman, dont la parution régulière reprend sur Shû Play News, version web de Playboy (le duo Yudetamago s’adapte définitivement à toutes les générations) l’an suivant. Bon pied bon œil malgré son quasi demi-siècle d’existence, le catcheur reste vaillant sur le ring… et les rayons des librairies : le 56e volume du manga s’est écoulé à 100 000 exemplaires en deux semaines lors de sa sortie en août 2016.
Un commentaire
Pour la scène ayant choqué le CSA, j’avais lu que ça ne concernait pas uniquement la croix gammée (le brassard que porte Braiking Boss me semble quand même plus proche du sigle récupéré par les Nazis que la svastika d’origine) mais le fait qu’il soit par la suite ami avec le héros tout en gardant ses attributs nazis, mais aussi une scène où le public se levait pour faire le salut nazi. Même en prenant la série au 36e degré, ce qui est son but, je peux comprendre les réticences du CSA !
Sinon, l’article est très instructif !
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