L’émergence d’Internet à la fin des années 2000 a soulevé de nombreuses questions sur l’avenir qu’apporterait cette révolution. Vingt ans après sa diffusion, les prédictions de Serial Experiments Lain semblent prendre forme… hélas.
Avec un père obsédé par l’informatique, une mère taciturne et une sœur aînée inexpressive, on comprend mieux l’introversion de Lain Iwakura. La collégienne s’intéresse néanmoins au mystère qui épouvante ses collègues : elles ont reçu un email de leur camarade décédée Chisa Yomoda ! Cette dernière a en fait déversé sa conscience dans le Wired, réseau électrique mondial connectant ordinateurs, téléphones, téléviseurs ou télégraphe.
Un an avant Matrix, Serial Experiments Lain s’intéresse de près à la révolution qui va transformer le monde mais balbutie encore entre les crachats des modems 28k. Piochant dans les théories scientifiques (la résonance Schumann) comme psychologiques (l’inconscient collectif cher à Carl Jung), la série dissèque sur treize épisodes les conséquences à venir d’Internet sur des relations sociales déjà délétères en cette fin de siècle. Une obsession du scénariste Chiaki J. Konaka, également au générique d’Armitage III, Digimon, Texhnolyze ou encore Bubblegum Crisis 2040.
L’orientation mystico-philosophique du projet est du pain bénit pour Ryûtarô Nakamura : Serial Experiments Lain reste encore aujourd’hui le premier titre mis en avant dans la filmographie du réalisateur (Sakura Wars, L’odyssée de Kino, Ghost Hound) décédé en 2013 à seulement 48 ans. Tout comme elle surgit spontanément quand on évoque son chara-designer Yoshitoshi ABe : issu du fanzinat, la série l’a propulsé sur le devant de la scène. Autant d’artistes qui ont su deviner les déluges causés par les réseaux sociaux, entre #MeToo et influenceurs. Et ce, dès le 6 juillet 1998.
Vous devez vous connecter pour laisser un commentaire.