Des sabreurs du 17e siècle s’affrontant sur du hip-hop ? Le mélange pourrait paraître improbable, mais aux manettes de Samurai Champloo, on retrouvait il y a quinze ans celui qui faisait rimer jazz et space opera, Shin’ichirô Watanabe.
À 20 ans, Jin est un rônin, un samouraï sans maître, élevé dans la tradition du bushidô. Pourchassé par d’anciens camarades de son dojo (légitime défense ou pas, il a tué son maître !), l’élégant binoclard fait une pause dans une maison de thé. Avec l’aide de Mugen, vagabond de passage, il sauve d’une attaque de samouraïs la jeune tenancière, Fuu. Mais rapidement, le ton monte face à l’hurluberlu vulgaire à la force herculéenne, et un duel s’engage entre les deux sabreurs… jusqu’à ce qu’ils tuent par mégarde le fils du gouverneur. Épargnes grâce à Fuu, les deux combattants se voient obligés d’accomplir sa demande : l’accompagner à travers le Japon en quête du « samouraï qui sent le tournesol »…
Une fois ce fil rouge déroulé, Samurai Champloo se transforme en une suite d’épisodes indépendants, au gré des pérégrinations du trio. Esprit errant, conflit entre clans de yakuzas, zombies… la série s’aventure chaque semaine sur un sentier différent. Pourtant, dévoilant au compte-goutte le passé des trois héros, elle garde une cohérence rare renforcée par l’omniprésence de la culture hip-hop. Bien qu’anachronique, la musique urbaine tient une place prépondérante dans Samurai Champloo, au même titre que le jazz dans Cowboy Bebop – on retrouve d’ailleurs aux OST des cadors comme Nujabes, Tsutchie ou Fat Jon ! Mais Shin’ichrô Watanabe va plus loin, en intégrant d’autres codes de cette culture, des tags au streetwear en passant par le breakdance.
Le réalisateur aux lunettes fumées avait déjà connu une production chaotique sur sa première série en 1998, Cowboy Bebop. Son second projet subit le même sort : débutée le 19 mai 2004, la diffusion de Samurai Champloo est brutalement interrompue à son 17e épisode sur Fuji TV ! Le studio Manglobe reprendra ensuite la production des épisodes suivants (pour un total de 26), et c’est seulement début 2015 que la série est diffusée dans son intégralité… sur une chaîne du satellite. Si cette scission entre deux « saisons » se ressent sur la narration globale, Samurai Champloo tient la dragée haute à de nombreuses séries contemporaines, notamment grâce à une animation léchée dans les gestuelles opposées de Jin et Mugen, particulièrement dans les combats. Rien d’étonnant quand on sait qu’elle a été dirigée par Masaaki Yuasa, lauréat en 2017 du Cristal d’Annecy pour Lou et l’île aux sirènes !
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