Attention, hamster pervers ! Il y a vingt ans, Ebichu renvoyait son collègue Hamtaro dans la nursery pour proposer des aventures… pour grandes personnes uniquement !
Tout a commencé pendant les séances de doublage d’Evangelion. Entre deux prises, la voix de Misato, Kotono Mitsuishi, se détend en lisant un manga humoristique de Risa Itô, et en montre les meilleurs passages au reste de l’équipe. Rapidement, tout le studio Gainax est unanime : il faut adapter Oruchuban Ebichu ! Derrière le graphisme ultra-kawaii d’une petite hamster passant sa journée à prendre soin de la maison de sa maîtresse, se dissimule en effet une comédie pour adultes qui accumule les sous-entendus vulgaires et les scènes de sexe ou de violence explicites. Qu’importe, Ebichu sera diffusée à partir du 1er août 1999 sur une chaîne à péage, DirecTV… et son édition en DVD offrira une version non censurée de ses 24 épisodes de 9 minutes.
Ebichu est donc une petite hamster femelle douée de parole, qui s’exprime d’ailleurs avec un défaut de prononciation fréquent chez les enfants au Japon (elle transforme les « s » en « ch ») : plus kawaii, tu meurs ! Son quotidien se résume à nettoyer, frotter, lustrer, récurer dans les moindres recoins l’appartement de sa maîtresse, dont on ne connaîtra jamais le nom. En revanche, on apprendra tout sur la vie de cette office lady encore célibataire à 25 ans, âge limite selon la norme sociale avant de devenir une fujoshi. Certes, elle a un petit ami avec qui partager son lit, mais, non content de la tromper, il lui emprunte sans cesse de l’argent pour glander, de quoi en faire le pire ennemi d’Ebichu, qui le baptise Kaishônashi (bon à rien). Totalement dévouée à sa maîtresse Goshujin-sama malgré les tortures qu’elle lui inflige, notre hamster doit également gérer les avances de Maa-kun, un zoophile tombé amoureux de sa mignonnitude !
Amis du bon goût, passez votre chemin ! Chaque épisode d’Ebichu enchaîne des blagues salaces à faire rougir le plus grivois des sociétaires des Grosses Têtes. Tournant majoritairement autour du sexe (Ebichu a ses chaleurs, Ebichu répond au téléphone rose, Ebichu exhibe les vibromasseurs de sa maîtresse…), l’humour vire parfois à la scatologie, notamment en évoquant les dégâts du camembert, péché mignon du hamster, sur son système digestif. Rares sont les séries à être allées aussi loin depuis vingt ans, mais deux autres raisons font qu’Ebichu reste un chef d’œuvre pour public averti. Tout d’abord, on devine dans chaque plan, chaque réplique, le plaisir partagé par l’équipe de Gainax en produisant cette série irrévérencieuse. Mais surtout, entre deux éclats de rire, on devine en filigrane l’ultra-moderne solitude des jeunes Tokyoïtes, un phénomène qui n’a hélas fait que s’accentuer au cours des deux dernières décennies.
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