#TBT : NieA_7

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Le 26 avril 2000, un OVNI débarquait sur les petits écrans en toute discrétion. Vingt ans plus tard, NieA_7 reste une pépite encore plus savoureuse dans le contexte actuel.

Il y a environ vingt ans, un vaisseau spatial s’est écrasé au Japon. Grâce à leur physique proche de celui des humains, si l’on fait abstraction de leurs oreilles pointues et de l’antenne sur leur tête, les aliens échoués sur Terre se sont petit à petit intégrés à la société. Leur degré d’insertion permet d’ailleurs de les classer socialement, des +5 (plus five) aux -7 (under seven), véritables parias. C’est le cas de NieA, également rejetée par les siens pour ne pas posséder d’antenne crânienne. Elle cohabite dans le placard d’une chambre miteuse d’une pension thermale désertée avec Mayuko, étudiante sans le sou cumulant les petits boulots pour payer ses cours particuliers. Entre engueulades, confessions et bons moments, l’alien excentrique et l’humaine qui manque de confiance en soi vont beaucoup apprendre l’une de l’autre.

Suite au succès de Serial Experiments Lain en 1998, le producteur Yasuyuki Ueda laisse carte blanche à Yoshitoshi Abe pour concevoir un nouveau titre, à une contrainte près : que l’univers soit moins anxiogène. NieA_7 (lire « NieA under seven ») s’oriente donc vers une comédie « tranche de vie », oscillant entre émotion et humour absurde (le running gag de NieA prête à tout pour un repas à l’œil). À la manière de Maison Ikkoku, la série de 13 épisodes dresse en filigrane le portrait du Japon à l’aube du 21e siècle : le pays vieillissant qui s’apprête à voir sa population décroître doit se résoudre à s’ouvrir à l’immigration. Au cœur de NieA_7, la thématique de l’intégration se décline à plusieurs niveaux : outre les aliens fascinés par la Chine et l’Inde, on retiendra le système de notation préfigurant le « crédit social » chinois.

Oublions la première partie (anagramme stylisée d’Alien) pour la fin du titre complet, NieA_7 Domestic Poor Animation. Ou en français « animation à domicile pauvre ». Le double sens est évident au visionnage : la série, qui suit deux jeunes filles fauchées, est animée de manière sommaire. Takuya Satô, futur réalisateur de Steins;Gate, va à contre-courant des tendances de l’époque (2000 est un grand cru en sakuga) en multipliant les scènes de dialogue et les plans fixes – un décalage soutenu par une musique aux consonances hawaïennes qui réjouira les fans d’ukulélé ! Cette contrainte n’est pas due qu’à un budget serré, mais à une véritable innovation technique : une semaine après sa diffusion TV, chaque épisode était disponible en replay sur le site officiel de la série. Le débit des réseaux en 2000 étant encore limité, l’animation minimaliste réduisait la taille des fichiers et les bugs de streaming. A l’heure du confinement, c’est le moment ou jamais de revoir le titre pionnier des simulcasts !

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A propos de l'auteur

Matthieu Pinon