#TBT : Strange Dawn

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Les isekai sont à la mode aujourd’hui. C’est l’occasion rêvée de (re)découvrir une série passée sous les radars il y a vingt ans, mais apte à rivaliser avec les succès du moment, Strange Dawn.

À priori, rien ne rapproche Yuko et Eri. Quand la première exprime ses sentiments à cœur ouvert, quitte à heurter les autres, la seconde est introvertie au possible. Pourtant, à leur grande surprise, les deux adolescentes se retrouvent téléportées dans un monde inconnu, où elles sont vénérées comme des déesses par un peuple lilliputien. Un des lutins, Shall, leur explique alors les raisons de leur présence : elles ont été invoquées par les pouvoirs magiques de la princesse Allia, persuadée qu’elles sauront mettre fin au conflit armé entre les clans de lutins. Yuko et Eri ont beau protester et réfuter leur statut divin, tous les espoirs d’un peuple reposent sur leurs épaules… a fortiori depuis la disparition de leur princesse ! Même si leur objectif est uniquement de retourner sur Terre, les lycéennes se retrouvent au cœur d’une guerre qui les dépasse

Ne vous fiez pas à son premier épisode ! Le décor verdoyant et bucolique du monde parallèle de Strange Dawn et ses couleurs lumineuses masquent une intrigue bien plus mature et sérieuse. Les  lutins qui le peuplent s’y livrent une guerre acharnée, dont la violence tranche avec leur design tout en rondeur. Certaines séquences resteront ainsi gravées à jamais dans la rétine du spectateur, notamment celle d’un cadavre de lutin pendu à un arbre. D’autres thématiques sordides sont abordées grâce à ce contraste : dans cet univers où les pieds sont aussi intimes que les parties génitales, voir un lutin essayer d’arracher de force la chaussette d’une de ses congénères permet d’évoquer frontalement le viol et les agressions sexuelles sans craindre la censure ! Sans atteindre la noirceur délétère de L’Autre Monde, Strange Dawn déstabilise ses spectateurs dès son premier épisode, diffusé au Japon le 11 juillet 2000.

Jouer avec les apparences deviendrait presque une signature de son équipe de production, qui appliquera le même principe deux ans plus tard avec Princesse Tutu ! La prolifique Michiko Yokote (on lui doit plusieurs séries sentai et le scénario du manga Pichi Pichi Pitch) signe ce script sans concession, mis en scène par Jun’ichi Satô. Encore une fois, le réalisateur de Sailor Moon et Doremi propose aux jeunes filles une œuvre qui les prend au cœur et aux tripes, portée par la musique de Kaoru Wada (Inu Yasha, D-Gray Man). Cachant leur jeu sous un vernis kawaii, les 13 épisodes de Strange Dawn auront du mal à conquérir le public occidental, y compris les otakus français pourtant ouverts à la différence, malgré une édition DVD par Dybex. Si, aujourd’hui, la série accuse son âge (ne serait-ce que par son format 4/3), elle offre une alternative audacieuse aux isekai contemporains, pour quiconque ira la chercher sur le marché de l’occasion.

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A propos de l'auteur

Matthieu Pinon