Publié il y a vingt ans au Japon, 100% Doubt a permis au lectorat français de découvrir le style de Kaneyoshi Izumi, qui égratigne les phénomènes de mode sous le vernis de la comédie romantique.
Pour Ai Maekawa, les années collège ont été un véritable cauchemar. Quand les garçons se moquaient de son surpoids et de son acné, les filles critiquaient sa coiffure ou ses fringues démodées, y compris ses sous-vêtements façon culotte de mamie 100% coton. Avec un tel laisser-aller, tout le monde lui prédisait une virginité jusqu’à trente ans, voire plus ! Puisque l’adolescente était mal dans sa peau, elle décide d’en changer avant d’entrer au lycée ! Régime drastique, shopping intensif, session coiffure, cosmétique et maquillage à gogo… le vilain petit canard se transforme en jeune fille magnifique digne de la une des magazines de mode. Et, pour mettre toutes les chances de son côté, Ai choisit d’intégrer un nouvel établissement où personne ne la connaît. À peine arrivée, elle fait forte impression sur tous les garçons… et fond pour le plus beau gosse du bahut, Sô Ichinose. Mais parviendra-t-elle à oublier ses mauvaises habitudes et à dissimuler son passé ?
Apparu au début du 21e siècle, le terme « Jimmy » désignait au Japon les adolescentes ne faisant aucun effort pour soigner leur apparence. Avec 100% Doubt (disponible chez Kazé Manga), la mangaka Kaneyoshi Izumi décide de s’attaquer frontalement à ce phénomène de société qui a fait des ravages psychologiques chez de nombreuses jeunes Japonaises. En lisant le premier tome, paru au Japon le 24 août 2000, on pourrait craindre que le message soit celui des magazines fashion : « Il faut devenir belle pour être heureuse ». Obsédée par ce credo, Ai devient une adolescente superficielle… qui réalise, une fois sa métamorphose accomplie, qu’elle n’est pas plus épanouie qu’au départ. Si elle a gagné grâce à ce nouveau masque social une confiance en elle absente de ses années collège, elle se retrouve à courir après un garçon infect et vulgaire uniquement pour sa plastique parfaite !
Autour de ce duo gravite toute une galerie de personnages, dont une kogaru particulièrement intéressante. Franche du collier, Mina aborde sans pudeur des thèmes quasi-tabous comme sa sexualité, et se bat comme une acharnée pour conquérir le garçon qu’elle aime. Critiquée pour son franc-parler, à l’opposé d’Ai, elle incarne le véritable épanouissement auquel aspirent les lectrices de ce shojo. Dommage que les autres personnages secondaires ne soient pas au diapason. Dommage, surtout que, malgré le rythme frénétique du manga, qui multiplie les rebondissements et les vannes plus ou moins bien trouvées, les personnages n’évoluent pas. De quoi laisser un goût d’inachevé quand on referme le sixième et dernier tome de ce manga… qui aura pourtant été riche en enseignements pour son autrice ! En effet, avec Seiho Men’s school, son titre suivant, Kaneyoshi Izumi se focalise avant tout sur le développement psychologique de ses héros. Mais ceci est une autre histoire…
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