Quand Mamoru Oshii a adapté pour le grand écran le manga de Masamune Shirow il y a un quart de siècle, il n’imaginait pas qu’il allait révolutionner l’industrie de l’animation au Japon !
New Port City, Japon, 2029. Après de nombreuses fausses pistes, la section 9 de la sécurité publique, menée par le major Kusanagi, a enfin mis la main sur le Puppet Master, hacker activiste avec plusieurs tentatives d’actes terroristes sur son CV. Ou plutôt sur son ghost, téléchargé dans un cyborg flambant neuf : le Puppet Master est en fait une intelligence artificielle, née du projet 2501, qui a atteint la conscience. À tel point qu’il réclame l’asile politique, craignant la menace de la section 6, impliquée dans ce projet mené en sous-marin. Entre rivalités internes et contre-espionnage sur le terrain, Motoko Kusanagi va s’interroger, suite à cette rencontre, sur ce qui distingue l’humain de la machine, désormais fusionnés par la technologie moderne.
Après s’être interrogé sur la position chancelante du Japon sur l’échiquier mondial géopolitique à travers Patlabor 2 en 1993, Mamoru Oshii tourne sa réflexion sur l’avenir de l’archipel qui a fait des nouvelles technologies son fer de lance en adaptant le manga de Masamune Shirow. Cette démarche ne se ressent pas que dans l’intrigue, mais également dans la production : le film est pionnier dans la fusion numérique entre personnages et décors conçus à la main, le compositing, qui deviendra bientôt une norme dans la conception de dessins animés. Oshii peut ainsi effectuer son montage non plus sur un banc analogique, mais sur un banc AVID qui fait déjà fureur à Hollywood ! Ghost in the shell marque ainsi la première véritable plongée de l’animation japonaise dans l’informatique, un domaine où elle accuse un retard considérable sur le reste du monde, puisque, la même année, sort Toy Story !
À l’heure de la mondialisation, l’industrie de l’animation japonaise, jusqu’ici bien à part, s’intègre également à l’international avec Ghost in the shell. En effet, 30% du budget de sa production est pris en charge par la société britannique Manga Entertainment ! La décision se retrouve on ne peut plus justifiée à la sortie du film, il y a 25 ans. Si, au Japon, où il est diffusé à partir du 18 novembre 1995, Ghost in the shell fait un flop, le long métrage reçoit un accueil chaleureux en Europe, à commencer par le Royaume-Uni où il sort dès le 8 décembre (il faudra attendre un an pour le voir en France, à partir du 29 janvier 1997). Mais c’est en VHS, puis DVD, que le long métrage rencontre le public occidental, et devient ainsi un ambassadeur incontesté de l’animation à la japonaise. Il offrira ainsi une alternative à la critique qui, jusqu’ici, n’avait que du mépris pour les productions venues de l’archipel autres que celles du studio Ghibli, et ouvrira la voie à de nombreuses autres pépites sur grand écran.
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