L’auteur de Golden Kamui vient d’annoncer prendre un break d’un mois pour mieux préparer la suite de son manga. Profitons de cette pause pour mieux découvrir qui est Satoru Noda.
Son perfectionnisme n’a d’égal que son humour pince-sans-rire. Une manière, pour Satoru Noda, de se protéger de l’aspect public qu’impose le métier de mangaka. Ainsi, il évite au maximum les apparitions publiques, laissant le soin à son éditeur de récupérer les prix obtenus pour Golden Kamui (disponible aux éditions Ki-oon), et préfère s’exprimer sur Twitter (où il a, par exemple, annoncé sa paternité en février 2020). Tout au plus sait-on donc de lui qu’il est né dans les années 70 à Kitahiroshima, sur l’île septentrionale de Hokkaïdo où sa famille est installée depuis plusieurs générations. En effet, après y avoir été mobilisé durant la guerre russo-japonaise au début du siècle dernier, son grand-père Saichi Sugimoto s’y était définitivement installé. C’est en découvrant son histoire que Noda aura l’idée de créer Golden Kamui, dont le héros porte d’ailleurs le nom de son aïeul.
Le manga semblait être sa voie prédestinée puisqu’il affirme qu’à sa naissance, son premier geste aurait été de pointer un volume relié de BD. Enfant, Satoru Noda se passionne pour le Shônen Jump et particulièrement Kinnikuman et Keiji, qui expliquent ses penchants en tant que dessinateur pour les hommes musculeux et peu vêtus, ainsi que son humour décalé. Un style à l’opposé des bishônen qu’il prétend exécrer… alors qu’il a forgé ses premières armes auprès d’une spécialiste du genre, Mitsurô Kubo (chara-designer de Yuri !!! on ice !) qu’il assiste en venant s’installer à Tokyo, à l’âge de 23 ans. Il enchaîne ensuite aux côtés de Yasuyuki Kunitomo, réputé pour ses seinen réalistes axés sur les difficultés rencontrées par les salarymen. C’est durant ces années de formation que Noda publie ses premiers one-shot avant d’enfin entamer sa première série en 2011, au bout de dix ans d’assistanat. Hélas, le public boude le héros de Supinamarada !, ex-patineur artistique qui, après avoir déménagé à Hokkaido suite au décès de sa mère, s’y reconvertit dans le hockey sur glace : au bout de quinze mois, le Young Jump en stoppe la publication.
Le mangaka retient la leçon de cet échec, et travaille d’arrache-pied sur la narration de son titre suivant. Il accumule également une impressionnante documentation sur la culture aïnu, rencontrant de nombreux spécialistes, afin de lui rendre hommage de la manière la plus réaliste possible – une démarche qui le rapproche du Vinland Saga de Makoto Yukimura, qu’il avait découvert et apprécié avec Planètes. Ce soin du détail (il n’hésite pas à corriger ses erreurs pour la version tankobon) permettra à Golden Kamui d’enfin rencontrer le succès auprès du public et de briser la malédiction dont l’a targué son éditeur : selon lui, dès que Satoru Noda aime un titre (a fortiori ceux qu’il crée), ses ventes s’effondrent ! Cet amour vache reflète la personnalité pince-sans-rire et provocatrice du mangaka, qui réussit cependant le tour de force d’enfin mettre à l’honneur une ethnie longtemps méprisée par les Japonais. C’est dans cette démarche que, sept ans et vingt-six volumes après ses débuts, il marque une pause dans Golden Kamui afin de se documenter pour la suite. Sans jamais se départir de son humour à froid – logique pour un natif de Hokkaïdo !
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