Parue il y a trente ans, la quadrilogie d’OAV Doomed Megalopolis a initié la première génération d’animefans au fantastique/horreur façon nippone… mais aussi à l’histoire du Japon !
À la charnière entre les ères Meiji (1868-1912) et Taisho (1912-1926), Tokyo est en pleine métamorphose. La ville la plus peuplée du Japon attire chaque jour de nouveaux citoyens venus y tenter leur chance, tandis que le pays se modernise à toute allure et sur tous les plans (économie, industrie, armée…). Cependant, les Japonais farouchement attachés à un mysticisme séculaire ne sont pas sans s’inquiéter : cette métamorphose pourrait éveiller la colère de Taira no Masakado, l’esprit protecteur de la capitale qui punirait alors ses habitants pour leur arrogance et leur ambition. C’est dans ce but que l’affreux Yasunori Kato, un onmyoji extrêmement puissant, vient d’arriver à Tokyo, et cherche à kidnapper la jeune et jolie Yukari afin d’accomplir une cérémonie sacrificielle. Mais, face à lui, un autre maître onmyoji, Yasumasa Hirai, va tout faire pour l’empêcher de détruire la ville. Ignoré par des millions d’âmes dont le destin est en jeu, un duel occulte et sans pitié va se dérouler sur plusieurs décennies…
À l’origine de la série d’OAV se trouve Teito Monogatari, premier roman de Hiroshi Aramata, expert en histoire naturelle, cartographie et iconographie (entre autres). Dans cette saga découpée en dix volumes entre 1985 et 1987, il revisite l’histoire de Tokyo au 20e siècle sous un angle fantastique et offre une nouvelle interprétation des événements majeurs qui l’ont secouée (séisme de 1923, création du métro, bombardements, coup d’état et suicide de Yukio Mishima…) jusqu’à se projeter en 1998. Vendu à plus de 5 millions d’exemplaires au Japon, Teito Monogatari a inspiré un long métrage à effets spéciaux au budget colossal en 1988, Tokyo : The last megalopolis, triomphe au box-office devenu depuis film culte. Par conséquent, quand Madhouse décide à son tour d’en proposer son interprétation au format animé, le studio ne peut se permettre aucune erreur sous peine de se mettre des millions de fans à dos !
C’est donc à Rintarô, avec qui il a fait ses débuts sous l’égide d’Osamu Tezuka, que le producteur Masao Maruyama confie le soin de transposer le roman. Ou plutôt, comme pour le film live, le début du roman, puisque Doomed Megalopolis n’en couvre que les quatre premiers tomes. Rintarô s’entoure alors d’une équipe de confiance, avec notamment Masayuki qui assure les postes de chara-designer, storyboarder et directeur de l’animation, mais aussi Kazz Toyama, spécialiste des bandes originales pour thrillers urbains horrifiques (Midnight Eye Goku, Cyber City Oedo 808). Au final, ce seront donc quatre OAV qui sortiront dans les bacs japonais entre le 27 septembre 1991 et le 14 août 1992, les deux premiers épisodes étalant leur histoire entre 1908 et 1923, les deux derniers se concentrant sur l’année 1927. De créatures démoniaques en couchers de soleil flamboyants, d’érotisme malsain en combats sans pitié, Doomed Megalopolis fait tout pour mettre son spectateur mal à l’aise… et y parvient encore, trente ans plus tard. Notamment grâce à Yasunori Kato, qui compte parmi les plus charismatiques méchants d’anime jamais dessinés !
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