Personnalité de la semaine : Gints Zilbalodis

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Lauréat de quatre prix, Flow est la révélation incontestable de l’édition 2024 du Festival d’Annecy. Avec ce deuxième long métrage, Gints Zilbalodis s’impose comme un réalisateur à suivre.

Né en 1994, Gints Zilbalodis se passionne très vite pour l’animation. Tout type d’animation. Fan de Conan, le fils du futur de Hayao Miyazaki, il se fascine également pour les films de Satoshi Kon, Brad Bird ou l’animation en stop-motion d’Henry Selick. Loin de se cantonner au cinéma, il explore également le rendu des cinématiques dans l’univers du jeu vidéo, notamment l’atmosphère si particulière de Shadow of the Colossus. Tant et si bien qu’à 17 ans, il commence à produire et réaliser en solo des courts métrages. Son premier titre, Aqua, met ainsi en scène un jeune chat en proie à la montée des eaux. Deux ans plus tard, en 2014, Priorities explore le potentiel du plan-séquence tout en évoquant la vision à la première personne des jeux vidéo. Inarrêtable, Zilbalodis enchaîne un film d’une dizaine de minutes par an !

En parallèle de ces formats courts, le jeune réalisateur letton décide de passer au long métrage en 2015, et commence à travailler sur Away. Un projet pharaonique qu’il réalise en solo, gérant chaque poste : scénario, animation, mise en scène, musique… Si le procédé est particulièrement fastidieux et lent, il offre à Zilbalodis une totale liberté créative ! Le jeune homme travaille ainsi sans storyboard, et cherche les meilleurs axes pour ses prises de vues en promenant sa caméra virtuelle à l’intérieur des décors. Afin de se faciliter la tâche, Gints Zilbalodis découpe son film en quatre chapitres, comme autant de courts métrages sur lesquels travailler séparément. Il lui faudra six ans de travail pour accoucher d’Ailleurs, film sans dialogue qui voit son héros, échoué après un crash d’avion, fuir une gigantesque silhouette obscure à travers des décors fantastiques. Malgré un manque de moyens évident, le long métrage impressionne par sa maîtrise formelle tout comme son ambiance planante et immersive. Le festival d’Annecy ne s’y trompe d’ailleurs pas en lui décernant le Grand Prix dans la sélection Contrechamp en 2019.

En 2024, Gints Zilbalodis récidive avec Flow. Cette fois, le Letton est encadré d’une équipe qui lui permet de pousser les curseurs esthétiques bien plus loin. Le film offre ainsi des décors et une palette de couleurs bien plus aboutis que dans ses précédentes productions. C’est surtout l’occasion pour lui de reprendre des thèmes et des techniques présentes dans ses premières œuvres à un niveau supérieur. L’intrigue de Flow provient directement d’Aqua, avec son chat échappant à une montée des eaux, alors que la mise en scène multiplie les plans séquence où la caméra virevolte autour de ses protagonistes. Le pari n’en reste pas moins risqué : une fable fantastique, où les seuls personnages sont des animaux non anthropomorphes, et sans autre dialogues que quelques cris inintelligibles, voilà de quoi faire fuir les spectateurs ! Pourtant, avec son atmosphère unique, le film qui met en avant des notions contemporaines (écologie, solidarité…) a ravi les festivaliers comme les professionnels d’Annecy ! Flow repart ainsi avec quatre prix, dont celui du public et du jury, en attendant de rencontrer le grand public. Qui devra bien retenir le nom de Gints Zilbalodis : à trente ans, il entre dans la cour des grands !

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A propos de l'auteur

Matthieu Pinon