Après un premier tome jouant la carte à fond de l’auto-parodie, Ninja Slayer se donne un peu de profondeur et détache son récit de l’unique quête de son personnage principal. Un choix payant.
La frontière est souvent très floue entre un titre qui se contente de ce qu’il veut être, et un autre qui essaie maladroitement de faire mieux que ce qu’il est. A ce petit jeu, les observateurs évaluent de façon souvent injuste les œuvres affichant avec sérieux une thématique traitée à la légère. Ninja Slayer se situe là-dedans.
Ninja Slayer, ou quand un ninja à la caresse un peu ferme mais à la politesse parfaite nettoie la ville de toute cette mauvaise criminalité dans un néo Saitama des plus malfamés. Du sang, beaucoup de sang, une distanciation sympa avec une voix off aussi stupide que marrante et des planches stylisées au possible, draguant sauvage tramage et finesse du trait. Une équation pouvant par moment donner mal à la tête. Rassurez-vous, c’est voulu, assumé. Par sa rythmique saccadée mais rapide, Ninja Slayer se lit d’une traite, laissant imaginer toutes les onomatopées des explosions dignes de Michael Bay, devinant les gestes fous de notre ninja. Dans ce second tome, l’espion de l’ombre nous attrape par le col et calme le jeu.
Ainsi, nous mettons entre parenthèses, l’espace de plusieurs pages, les démonstrations de style du jumeau de Ninja Gaiden Yaiba pour nous montrer d’autres facettes de la série. D’une douloureuse expérience menée par un duo de “gardiens écolos” au viol subit par une jeune fille, Ninja Gaiden se salit le short, prend des risques, range son katana pour aller se frotter à quelques chose jusqu’alors inconnu : la profondeur. Bien sûr, le traitement reste très frontal et sauvage. La scène de sexe est rapide mais bien visible, et la solution ne traîne pas, comme souvent avec Ninja Slayer. Reste que ces petits apports, assez surprenants, viennent légitimer les actions des personnages. Car dorénavant, sous savons vraiment combien cette ville est sale, gangrenée par une immoralité sans limite.
Dès lors, Ninja Slayer s’oblige à se voiler d’un découpage plus classique, comme pour coller de façon cohérente au temps qu’il veut prendre. Là aussi, c’est un sans faute. Les auteurs ont su calmer leurs hardeurs pour ralentir notre lecture et présenter efficacement les nouveaux protagonistes, à commencer par Yamoto, sorte de Ryuko (Kill la Kill) sans le sabre. Bien que la folie reprennent lors des scènes où Tamoto doit se défendre, le ton se veut moins décalé. Une preuve, si besoin est, que Ninja Slayer maitrise en réalité son sujet. Nous le sentions, nous en avions la confirmation.
Pourtant, ce second tome ne s’exonère pas de quelques petits griefs. A commencer par un design un peu moins sympatique. Nous pensons au premier monstre, dont l’aspect est clairement moins soigné que le reste. Hormis ces quelques petits accrocs, Ninja Slayer continue d’être lui-même, efficace et direct, mais n’hésite pas à contourner son penchant pour le crime en explorer d’autres horizons. Un cheminement malin évitant de donner un aspect redondant et lassant à ces formidable excès de violence. Bien vu.
lalala
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Graphisme8
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Scénario5,5
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Originalité6,5
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Audace8
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Découpage7
- AuteursYuki Yogo, Tabata, Bradley Bond
- Editeur VFKana
- Editeur VOKodansha
- GenreAction, science-fiction
- TypeSeinen
- Date de sortie4 décembre 2015
- Prix7,45 €
- Nombre de pages178
- Impression127x180 noir et blanc
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