Je suis tout à fait d’accord avec Babamanga. Ce n’est pas tant ton avis qui est gênant c’est la manière. Trop de généralisations stigmatisantes. Au sujet qui est le plus voyou entre le patron et le salarié ça n’a guère de sens. Le monde du travail propose et impose des codes, des lois (congés parentaux, horaires supp payées etc) et il ne faut pas chercher qui est le plus profiteur entre le salarié et le patron. Le plus intéressant est quand même de voir qui (la question mérite d’être posée) dispose des plus de ressources pour profiter des opportunités. Je reprends le propos de Babamanga qui rappelait qu’il ne faut pas oublier que la relation patron/salarié n’est pas équitable. L’un dispose du capital et l’autre offre de sa force de travail. C’est très marxiste mais c’est le constat (je précise que je n’ai pas d’admiration particulière pour Marx et que beaucoup de travaux ont atténué ou réfuté ses idées.) objectif de la situation.
A partir de là il est quand même plus intéressant de voir comment les salariés se protègent ou développent des stratégies pour atténuer un rapport de force qui est en leur défaveur. Bref tu parles de “branleurs” ou de “fouteurs de merde” alors que ce ne sont pas des étiquettes qu’il faut donner mais des comportements à comprendre (ce qui ne veut en rien dire justifier !). Le terme “voyou” s’applique à ceux qui jouent au-delà des limites. Les spéculateurs responsables (en partie) de ce qui s’est passé en Argentine en 2001 sont des délinquant et des voyous. Les facteurs qui détournent des colis et des courriers sont des voyous, on est d’accord.
Mais c’est formidablement idéaliser le monde du travail pour prétendre que le français de base ne va pas chercher plus loin que les heures qu’il fait. Et puis tu peux m’expliquer ce que ça veutdire aller plus loin que les heures que l’on fait?
Bien sûr que les gens se sentent concernés par leur travail que certains en perdent leur santé. Mais il y a ceux qui en perdent la santé (mentale et corporelle) par d’autres circonstances : on aime à prendre les employés d’usine comme les mecs super courageux qui comprennent qu’il faut bosser pour vivre. Et on oublie que les salariés d’usine ont aussi eu des aspirations qu’ils ne sont pas tous heureux dans leur boulot et que pas mal espèrent mieux pour leurs enfants. Cela n’enlève en rien à leur fierté (justifiée) et leur combativité. Mais croire que tout le monde s’épanouit dans le travail c’est faux( ce qui ne veut pas dire que l’on ne s’épanouit pas à l’usine…)
Donc pour en revenir à la question des salariés “branleurs” ou “voyous” bah c’est un non sens de penser ça. Et que ces comportements sont des réponses parmi tant d’autres aux exigences qu’impose le travail aux dispositions mentales et corporelles des individus et aux rapports de forces multiples (entre salariés même ! les formidables conflits des vacances à poser !) entre salariés ou envers leur patron. Bref il faut aller plus loin que le préjugé et le présupposé. Et le CPE dans sa forme donnait un pouvoir supplémentaire au patron alors que “l’armée de réserve” (Marx) est nombreuse mais clairement affaiblie.
Quant au refus des partenaires sociaux d’aller discuter oui c’est pas intelligent mais qui a commencé à ne pas discuter? Certes le mouvement prend une certaine radicalisation mais malheureusement comme souvent seule l’action violente fait avancer les choses efficacement. C’est triste mais c’est pas faux.
Edité par Owa le 09-04-2006 à 13:29
Edité par Owa le 09-04-2006 à 13:31