Coupe des Quatre Maisons de Banquiselard.
Quatrième jeu : Le voyage
Baklael avait l’impression que Banquiselard allait s’écrouler sous l’enthousiasme des élèves qui traversaient les couloirs à grands pas en ce samedi. Il était pourtant encore tôt et le départ n'était prévu que quelques heures plus tard. Il profita de l’accalmie que lui offrit le petit déjeuner pour aller dire au revoir à son Basilic, Nael. Cette dernière était toujours à l’intérieur de son œuf et lui assura qu’elle ne sortirait pas avant une bonne semaine. Baklael lui souhaita donc de ne pas trop s’ennuyer dans un sifflement rauque et quitta la Salle à la Demande. Il n’avait pas croisé Akiko depuis qu’il lui avait envoyé sa chouette (il avait assisté à la remise du court mot dans la grande salle mais n’avait pu lire aucune réaction sur le visage d’Akiko qui lui tournait le dos) et il en était plutôt heureux. Il n’avait pas envie de se confronter à la jeune femme et à son chat. Il voulait surtout éviter le chat en vérité. Il pouvait gérer Akiko. Elle était étrange – un peu dingue sous ses dehors avenants- et semblait n’avoir aucun but précis au premier abord mais Baklael avait des ressources et ne doutait pas de pouvoir la gérer dans l’enceinte de l’école. Le chat par contre, si c’était bien lui la chose qu’il avait surpris en train de se balader dans les couches supérieures de son esprit sur la pointe des pieds, lui faisait réellement peur.
Il continuait à penser à cela alors qu’il vérifiait son paquetage et emportait sa chouette effraie, Lady, hors du dortoir qu’il partageait avec, entre autres, Crabbe. Ce dernier s’était remis de sa frayeur dans la Forêt interdite et sifflait en préparant ses affaires. Baklael ne put s’empêcher de sourire devant ce grand bonhomme pour son âge, en train de d’essayer de faire rentrer bien trop d’affaires pour la taille de sa valise tout en sifflotant. Baklael allait diriger sa baguette vers le contenu de la valise quand Crabbe sortit la sienne et réduit ses affaires grâce à un sort de réduction. Il eut alors assez de place pour y faire rentrer des provisions en grandes quantités… Ce qui fit hurler de rire Baklael (« Tu réfléchis vraiment avec ton ventre, mon gros Crabbe ! »).
Une heure plus tard, les derniers retardataires rejoignaient les autres élèves dans la Grande Salle.
Le directeur « (hum) » de Banquiselard fit d’abord un court discours sur l’importance de connaitre le monde et de ne pas se limiter à ce que l’on connait déjà. Puis changea de ton :
« Vous vous demandez tous, où nous allons. Il nous a semblé judicieux de vous envoyer au Japon. » Une rumeur parcourut la salle, qui ne se tut que lorsque Feanor quitta sa place au centre de la table des professeurs pour se diriger vers la table des Poufsouffle à laquelle il s’assit. La jeune fille qui se retrouva ainsi à côté du directeur fut pour le moins surprise et en fit tomber ce qu’elle tenait entre les mains.
« Oh ! Mais ne serait-ce pas un Pichu ? Sais-tu, ma grande, que tu auras probablement l’occasion de rencontrer les créatures qui ont inspirés les Pokemon ? »
Otakugirl le regarda d’un air perplexe, se demandant s’il blaguait et décida de prendre un sourire neutre qui signifiait son amusement sans pour autant indiquer qu’elle avait pris trop au sérieux ce qui venait de se dire. Feanor se leva et reprit son discours comme s’il ne s’était jamais arrêté :
« L’école de magie où nous nous rendons se nomme Ibuta. Mais les professeurs qui vous accompagneront vous en diront un peu plus pendant le trajet qui, j’ai le regret de vous l’annoncer, durera une bonne journée…
– Pourquoi ne pas utiliser un Portoloin ?
– Ils ne sont pas autorisés dans l’enceinte d’Ibuta. Tout comme ils ne le sont pas ici. De plus, et c’est peut être la véritable raison, il est de tradition de voyager pour se rencontrer. Il y a certes des cheminées au Japon et des portoloins qui nous permettraient de raccourcir fortement le temps de trajet, mais la poudre de cheminette n’est pas forcément très sure et le portoloin… Eh bien disons juste que cela ne se fait pas lors d’une première rencontre. Il y a un protocole à respecter. D’autres questions ?
– A propos de cette histoire de parchemin…
– Pour ce qui est des parchemins, je vais laisser la place à Baklael qui est à l’origine de l’idée. Comme vous le savez, les élèves disposent chacun leur tour de la possibilité de créer une épreuve qui rentre en compte dans le classement de la Coupe des Quatre Maisons et c’est à Baklael que nous devons celle-ci. »
Baklael, un peu gêné par cette prise de parole soudaine, quitta sa place à la table des Serpentard, reçu quelques tapes d’encouragements dans le dos pendant que des sifflements partaient des autres tables. Les Serpentard n’avaient jamais eu la côté, mais il se fichait de ce que les autres pouvaient penser de lui. Il se tint debout devant la table des professeurs et porta sa baguette à la gorge. C’est donc d’une voix amplifiée magiquement qu’il s’adressa à son turbulent public.
« Je me doute bien qu’il ne doit pas être amusant pour ceux qui ne sont pas de ma maison de m’écouter, mais je vous demande de faire un effort de manière à ce que ce douloureux moment soit terminé aussi vite que possible pour nous tous… Bien. Le but de cette épreuve est de tester votre expression écrite, bien sûr, mais surtout de voir ce que vous aller retirer de l’expérience que nous allons tous vivre. Vous me direz que deux mètres de parchemin, 400 mots, cela fait beaucoup. Je vous répondrai que si vous ne dépassez pas ces quelques mots sans même vous en rendre compte après avoir découvert une nouvelle culture c’est que vous manquez singulièrement de curiosité. Cela arrive. Surtout chez les Poufsouf… »
Baklael entendit derrière lui Feanor lancer un « Baklael, voyons… » et n’insista pas. Il attendit que la table des Poufsouffle retrouve son calme et stoppa d’un geste de baguette les différents objets qu’on venait de lui lancer (une chaussette, une chocogrenouille, des boulettes de papiers, trois fourchettes et un… rat ? Qui pouvait lancer son rat ? Baklael eut l’impression que ce dernier venait de la table des Gryffondor et plus précisément d’Akiko et de sa nouvelle bande mais préféra oublier l’évènement) et reprit son petit discours.
« Vous serez libre d’écrire ce que vous voulez dans ce parchemin tant que cela aura un rapport avec la semaine que vous aurez passé. Il vous faudra rendre votre parchemin le vendredi soir au plus tard et durant le week end avant notre départ, nous procéderons au vote pour savoir quel parchemin sera le plus apprécié. Je vous rappelle aussi que l’on ne peut pas voter pour soi même. Juste un dernier détail, comme tout élève ayant préparé une épreuve je n’y participerai pas. Cela serait injuste. Voilà. »
Un brouhaha emplit la Grande Salle alors que Baklael retournait à grands pas reprendre sa place à côté de Rozen Angel et le repas fut « servi », si l’on peut parler de service dans le cas d’une apparition de nourriture soudaine. Baklael sentit des regards pesants sur lui, notamment celui de Bub, un Serdaigle à lunette lui rappelant les photos animées qu’il avait vu de Harry Potter. Les épis en moins. A ses côtés une de ses comparses, petite et portant elle aussi des lunettes le regardait en parlant avec son voisin qui continuait à le fixer. A leurs côté un garçon et une fille semblaient eux aussi prendre par à la conversation. Baklael ignorait que leurs noms étaient Martoni et Kinara. Il reporta alors son attention ailleurs et passa le reste du repas à discuter avec Rozen Angel, Crabbe et quelques autres Serpentard qu’il considérait comme ses amis.
Il fut bientôt l’heure de partir et les élèves de chaque Maison se dirigèrent vers quatre énormes carrosses qui portaient chacun les couleurs d’une Maison. Baklael se dirigea vers celui qui arborait un vert délicat entrecoupé de lignes noires formant comme une dentelle d’ombre qui recouvrirait le carrosse. Chacun d'eux pouvait contenir une bonne centaine d’élèves, c’était suffisant pour accueillir tous les élèves de chaque Maison. Les carrosses étaient tirés par des sombrals en grands nombres. Baklael ignorait que Banquiselard disposait d’autant de ces animaux et jeta un regard interrogateur à Hagrid qui s’approcha de lui.
– J’avais oublié que tu pouvais les voir.
– Ils appartiennent tous à Banquiselard, Hagrid ?
– Bien sûr ! Il y a eu tellement de petits qu’il a fallu en envoyer aux quatre coins du monde, tu sais.
Baklael s’était approché de ces immenses chevaux, si maigres et en désigna un d’un coup de tête.
– Tenebrus ?
– Il a fier allure, n’est ce pas ?
En effet, il avait fier allure. Plus grand, un peu moins squelettique que ses congénères et avec un port majestueux. Baklael hocha la tête et caressa l’animal quelques minutes avant de rejoindre l’entrée du carrosse.
– Baklael ! cria Hagrid qui était assis à l’avant de l’énorme véhicule, tu ne me tiendrais pas compagnie pendant le trajet ?
– Bien sûr Hagrid.
Baklael revint joyeusement sur ses pas et demanda à un professeur de le faire léviter jusqu’au poste de conduite où était assis Hagrid. Il s’assit à ses côtés, ravi d’avoir l’occasion de discuter avec Hagrid seul à seul et d’être un peu séparé des autres élèves. Ces derniers, les Serpentard en particulier, ne comprenaient pas ce qui pouvait bien amener un individu comme Baklael à avoir de la sympathie pour Hagrid. Les Serpentard n’étaient pas connu pour leur tolérance vis-à-vis de ceux qui étaient différents. Mais Baklael était passionné par les animaux en général et les animaux particulièrement dangereux en particulier. De plus, Hagrid était un individu qui pouvait se révéler d’une aide inattendue. La raison principale était cependant que Hagrid était franc et direct. C’était très reposant pour Baklael.
Hagrid poussa un cri et les Sombrals s’envolèrent comme s’ils ne tiraient pas une énorme coquille de bois remplie d’élèves surexcités. Les autres carosses quittèrent eux aussi le sol et bientôt Banquiselard ne fut plus en vue…
Une vingtaine d’heures plus tard, alors que l’île de Yeso, comme elle était nommée par les sorciers la peuplant était enfin en vue, une silhouette étrange fit son apparition. Baklael souffla entre ses lèvres : Volcania ! Dans le carrosse rouge et or, Akiko nomma l’étrange dragon du même nom. Ce n’était pas son véritable nom, mais tous deux se souvenaient d’un jeu qui avait fait fureur chez les moldus à l’époque où le règne de Voldemort venait de prendre fin.
Immédiatement les professeurs sortirent sur des balais et se lancèrent à la rencontre du dragon. Celui ci les dépassa rapidement. Il volait comme s’il se mouvait dans l’eau, il n’avait pas d’ailes et semblait constitué de feu. Les professeurs le harcelèrent pour tenter de le distraire des carrosses mais d’un jet de flamme le dragon fit perdre une demi douzaine de Sombrals au carrosse des Serdaigle qui plongea vers la mer. Hagrid avait hurlé au même moment mais ne pouvait rien faire d’autre que de tenter d’éloigner notre carrosse du monstre. Il était absolument gigantesque. Plus grand que ne le serait jamais Nael et Baklael à cette pensée, senti en lui une bouffée d’envie qu’il repoussa sans difficulté quand il vit le dragon happer au passage un Sombral de l’équipage du carrosse gigantesque rouge et or. Les cordages magiquement renforcés qui reliaient les chevaux ailés au carrosse tinrent bon, ce qui eut pour résultat de le faire plonger sous l’impulsion du Dragon. Le Sombral se débattait dans la gueule du Dragon mais succomba rapidement. Le dragon, le lâcha et s’attaqua à une autre bête de ce même attelage puis une autre…
C’était un véritable carnage. Le monstre ne cherchait en aucun cas à se nourrir. Il était là pour tuer et tuer encore. Baklael poussa malgré lui un cri quand il vit ce serpent à pattes recouvert de feu sur la majeure partie de son corps foncer vers le carrosse qu’il occupait avec Hagrid. Il en fut détourné par la jeune et jolie professeur de lutte contre les forces du mal qui semblait avoir trouvé un sort qui fasse réagir l’animal, quand bien même le seul résultat visible était d’accroitre sa rage.
Il poursuivait maintenant la jeune femme sur son balai. Heureusement pour elle, son nimbus 3001 était d’un excellente qualité et elle était particulièrement douée. Le dragon finit par se lasser et fondit sur le carrosse des Poufsouffle qu’il brisa au niveau du poste de conduite. Les Sombrals furent libérés sur le coup et filèrent tandis que le carrosse fut ralenti dans sa chute par un sort de lévitation d’une puissance incroyable qui avait été lancé pour se révéler en cas d’accident mais qui ne ralentissait pas suffisamment l'immense véhicule pour éviter d'importants dégâts à l'arrivé.
Baklael vit derrière lui, légèrement sur sa gauche, le carrosse bleu et argent s’écraser dans l’eau. Les dégâts semblaient limités, mais il était loin et ne pouvait en être certain. Un peu devant lui, c’était le carrosse des Griffondor qui s’écrasait. C’est du moins ce que pensa Baklael mais il constata que le carrosse avait juste brisé quelques unes de ses roues contre des rochers et des professeurs lançaient des sorts pour éteindre le feu qui s’était étendu au carrosse et pour soigner les rares Sombrals qui n’avaient pas péri dans les flammes terribles du Dragon. Le carrosse des Poufsouffle tomba lui dans une forêt où Baklael et les Serpentard le rejoignirent bientôt après une course poursuite en rase motte au dessus de la forêt.
Baklael eu juste le temps de voir un professeur, peut être le directeur lui-même, lancer un sort qui toucha le dragon aux yeux et qui s’éloigna en crachant des flammes dans toutes les directions avant que son carrosse ne s’écrase des suites de l’attaque du dragon et qu’il perde conscience.
Quand Baklael se réveilla, il était à Ibuta. Dans l’infirmerie. Un jeune homme asiatique lui dit quelque chose qu’il ne comprit pas avant de sortir mais Baklael se rendormit instantanément. Il fut réveillé par la professeur de lutte contre les forces du mal qui était aussi la Directrice de la Maison Serpentard. Elle lui expliqua qu’il avait dormi durant presque toute la semaine. Il avait été grièvement blessé quand il avait été expulsé et «pour ne rien arranger un très vieux Tengu t’a lancé un sortilège quand tu es tombé non loin de lui.
– Un sortilège ?
– Oui. Il nous empêchait de te guérir. Il nous a fallu du temps pour en venir à bout. Sans l’aide des botanistes de cette école, nous n’aurions pas réussi en une semaine…
– Et les autres ?»
Tout en prononçant ces mots il rassembla difficilement ses souvenirs. Il se rappela le carosse des Serdaigle dans l’eau, à quelques kilomètres de la côté, celui des Gryffondor sur la plage et le sien ainsi que celui des Poufsouffle dans la forêt. Il savait que l’école de magie japonaise, Ibuta, était située sur un volcan entouré par ladite forêt. La forêt cependant s’étendait sur des dizaines de kilomètres et il était impossible de s’y aventurer avec les carrosses même si on réussissait à les réparer (ce qui semblait hautement improbable). Les Sombrals avaient étaient décimés par le Dragon et la majorité des survivants avait pris la fuite. Ils étaient probablement retournés à Banquiselard. Baklael se demanda s’il y avait des morts et si les survivants avait réussi à arriver jusqu’à Ibuta.
« Les autres sont quasiment tous rentrés. Certains sont repartis dès leur retour pour aider aux recherches des derniers manquants. Tu as eu la chance d’être ramené par Hagrid qui m’avait laissé les Serpentard et qui n’a eu aucun mal à se frayer un chemin dans la forêt. Ton état était grave et il on ne pouvait prendre le risque de retourner dans les airs. Le dragon a d’ailleurs refait son apparition par la suite quand certains élèves et professeurs ont tentés de passer par le ciel ou d’envoyer leurs chouettes… Hagrid t’a donc porté jusqu’ici et est arrivé un jour avant ceux qui lui succédèrent le plus rapidement à l’entrée d’Ibuta. Le retour n’a pas été de tout repos pour les autres mais certains élèves pourtant séparés de leurs camarades dans les accidents ou par la suite ont réussi à revenir seuls… Il y a du potentiel dans les rangs des différentes maisons cette année.» (On n'aurait su dire en regardant son visage si cela réjouissait la professeur de Banquiselard ou agaçait la directrice de Serpentard…)
Sur ces mots Baklael se rendormit. Il se demanda fugitivement avant d’être emporté par le sommeil si le Tengu ne lui avait pas lancé un sort de Narcolepsie mais n’eut pas le temps de comprendre que son corps avait besoin de récupérer qu’il était déjà endormi. Dans une dizaine d’heure on viendrait le réveiller et comme tous les autres élèves il irait écouter les récits des autres élèves sur la semaine folle qu’ils venaient de passer. Mais cela serait pour plus tard. Pour l’instant, il était étendu les membres écartés, la bouche entrouverte, un léger filet de bave lui coulant sur la joue et laissait son corps récupérer en rêvant d’un Basilic crachant du feu et pouvant voler. Il était tard le vendredi soir et il était dans l’infirmerie d’Ibuta. Il ignorait qu’il se trouvait dans un château du plus pur style japonais. Il ignorait que les derniers élèves encore à l’extérieur du château d’Ibuta venaient à peine de rentrer. Il ignorait s’il y avait eu des morts parmi les élèves de même qu’il ignorait ce qu’il était advenu du Dragon qui ressemblait à Volcania. Il apprendrait tout cela le lendemain, mais pour l’instant, il rêvait.