C’est vrai que les anges pullulent en ce moment dans les anime, les manga, mais aussi les films.
L’ange “soldat”, c’est un peu le niveau zéro de l’ange, car c’est à mes yeux un personnage “puissant” parmi d’autres : en gros pour créer un perso de manga “puissant” y a les démons, les maîtres en arts martiaux, les extra-terrestres et les anges.
Mais je crois que tu faisais allusion à des personnages d’anges “souffrants” ou “déchus”. C’est amusant parce que je vois très bien ce dont tu veux parler, mais je n’arrive pas à trouver beaucoup d’exemples (ce qui montre bien que le thème est solidement installé dans nos imaginaires !). Le shojo manga nous en fournit quelques uns (X, Angel Sanctuary… Bastard ou Yu Yu Hakusho pour les anges soldats… en Bédé française,Gabrielle de Kara ou XXeme Siècle ou Ciel -je sais plus- d’Yslaire).
Ont-ils une dimension “romantique” ? C’est une question intéressante. Si on considère l’aspect mélancolique de l’ange (souvent dû à un élément du type “oh ! j’ai perdu qqchose d’important dans mon existence, et je le regrette”) tel qu’il est représenté par les auteurs actuels, c’est vrai qu’il y a un petit côté de souffrance subjective et de sentimentalisme assez romantique. Et le plus représentatif de ces anges atteints de spleen, c’est bien sûr le plus déchu d’entre eux, Lucifer (cf Bastard), perso emblème du romantisme par excellence. Je crois donc que tu dis une chose vraie en plaçant cette posture comme une continuation inattendue des romantiques du XXeme. Ce qui était motivé chez ces derniers par une volonté de faire primer la subjectivité (et donc la souffrance “vraie”) sur la technique et l’académisme se retrouve chez nos auteurs pour une raison qui me semble différente : une “féminisation” de la sensibilité des lecteurs (et son immédiateté) qui favorise l’expression des sentiments plutôt les actions. En gros, pour émouvoir le lecteur, le motif de l’ange est particulièrement bienvenu : il est déjà chargé d’émotion.
Personnellement, il me semble que leur vogue actuelle est principalement due à l’intérêt du non-croyant devant la fascination de la transcendance : en deux mots, les auteurs qui mettent en scène les anges et auxquels j’ai fait allusion ne sont pas croyants (sont Japonais pour la plupart) ; ils ont donc un sentiment de fascination pour “l’au-delà” chrétien, et les anges sont une manifestation de cet au-delà. Ils se posent donc la question à eux-mêmes en créant des anges : “qu’est-ce qui me touche dans ce type de perso qui est immortel, éternel, etc ?”.
Voilà pour ma contribution. Warren, si tu as d’autres sujets n’hésite pas ! (Tu es étudiant en lettres ?)
