Sarah marchait d’un pas rapide, contemplant au passage les dégâts occasionnés par sa dernière offensive. Un désastre écologique de grande envergure : la fonte des pôles, des raz-de-marée, des pingouins SDF… Une catastrophe humanitaire que le seul centre Pokémon de la ville de Nashkel ne pouvait évidemment pas contenir.
Sarah se tenait droite, silencieuse, presque apaisée devant un tel carnage de gens qui pissaient le sang un peu partout dans le pensionnat. Elle tenait encore fermement la main de son amie de toujours, la gentille Becky qui l’avait pourtant vendue pour quelques grammes de poudre à cette vieille peau de Gertrude quelques jours plus tôt.
La gentille petite Becky dans son tablier gris, constamment préoccupée par le dur sort de sa petite famille en proie à la pauvreté des campagnes, la courageuse petite Becky déterminée à changer la face du monde à l’aide d’une poignée d’hommes et d’un plein chargement de missiles à têtes nucléaires fraîchement débarqué d’Ex-URSS.
Sarah ne lâchait pas cette main si bienfaitrice, si chaleureuse, synonyme d’espoir. Ce précieux lambeau de main qu’elle avait délicatement arraché au cadavre de son amie de toujours il y a de ça quelques minutes (comme quoi même princesse Sarah n’a pas le pardon facile quand il s’agit de trahison). Cette main qui allait lui permettre de creuser, de dégager la voie, de se frayer un chemin parmi les décombres. Voilà, nous y sommes, la liberté !
Quelques menus rayons de soleil apportaient un peu de vigueur à son corps si engourdi, une douce brise d’été caressait son visage d’ange, Pablo aussi s’y attelait avec vigueur, envisageant probablement de s’attaquer par la suite à d’autres endroits inexplorés de son intimité. Alors que ses petites joues rougissaient sous l’effet des succulentes prestations de son amie Veronika, habillée en soubrette pour l’occasion (“Driiing !”
– Oui, bonjour !
– Dominique Baudis, président du CSA
– Et m**de…) Pablo se faisait péniblement refouler à l’entrée faute de visa réglementaire, tandis que Veronika succombait dans d’atroces souffran… euh… non… le sourire aux lèvres quelques minutes après s’être fait délicatement frapper par la foudre, rose bonbon pour l’occasion.
Sarah n’a donc jamais fait l’objet de divagations politiquement incorrectes, elle reste une jeune fille bien gentille bien sage, prude, sensible, qui a voté aux dernières élections, scandalisée par les manipulations génétiques, et qui s’arrange toujours pour aller au petit coin hors caméra.
Elle aime les animaux, les plantes, arrose d’ailleurs régulièrement ses plants de cannab… de géranium et fait constamment attention à sa ligne.
Euh… où en étais-je ?
Oh, mince, dix minutes ont passé et c’est déjà la fin de l’épisode.
Sarah va donc vous laisser avec la chanteuse slave dont on comprend à peine la moitié de ce qu’elle dit.
Au Re-voir !