Il y a quinze ans, le regretté Satoshi Kon s’essayait pour l’unique fois de sa carrière au format série TV. Aujourd’hui encore, Paranoia Agent reste un modèle du genre.
Conceptrice de la mascotte rose Maromi, la designer Tsukiko Sagi vit avec le poids d’une timidité handicapante. En rentrant du travail, elle se fait agresser un soir par un jeune garçon sur rollers, « Shonen Bat » comme le surnomment les policiers. Tsukiko est loin d’être la seule proie de ce mystérieux voyou, selon les enquêteurs Keiichi Ikari et Mitsuhiro Maniwa, dont l’investigation patine : personne n’a été capable d’en donner une description précise ! Mais, surtout, après ce choc physique, les victimes semblent enfin s’épanouir dans leur vie…
Dès son générique montrant des personnages hilares alors qu’ils sont dans des situations fatales, Paranoia Agent donne le ton. Comme les films précédents de Kon : Perfect Blue et Millenium Actress, la série chorale s’intéresse à la psyché humaine, et au dédoublement de personnalité entre conscient et subconscient. Rien d’étonnant quand on sait que les onze épisodes ont été écrits par Seishi Minakami, qui signera également le script de Paprika deux ans plus tard ! On retrouve d’ailleurs un autre fidèle collaborateur de Satoshi Kon au générique de Paranoia Agent, le compositeur Susumu Hirasawa, qui livre une partition aussi dérangeante que le propos de la série.
Grâce à la structure éclatée de la série (le thriller devient subitement Heroic fantasy !), le réalisateur prend ses spectateurs à contre-pied, jouant encore plus sur les faux-semblants et la perception propre à chacun. Episode après épisode, Paranoia Agent s’étoffe de nouveaux personnages, qui refoulent tous leurs pulsions profondes derrière leur masque social, et semblent liés à travers deux figures totémiques opposées, l’agressif Shônen Bat et la tendre Maromi. A chaque nouveau visionnage, la série surréaliste et psychanalytique (éditée chez Dybex) prend une dimension supplémentaire… même quinze ans après ses débuts, en février 2004 ! Qu’attendez-vous pour la (re)découvrir ?
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