Personnalité de la semaine : Yutaka Yamamoto

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Enfant rebelle de l’industrie de l’animation, le créateur de la chorégraphie de La mélancolie de Haruhi Suzumiya vient de promettre son retrait à tout jamais du milieu de l’animation. Pour la sixième fois de sa carrière.

Yutaka Yamamoto a sept ans en 1981, quand ouvre Kyoto Animation. Pour le gamin d’Osaka, l’occasion de travailler dans un studio d’animation à quelques kilomètres est immanquable : diplômé de philosophie en 1998, il intègre aussitôt la structure qui s’apprête à prendre son envol après des années de sous-traitance. Pendant cinq ans, il y apprend les ficelles du métier au poste d’assistant-réalisateur, voire réalisateur d’épisodes jusqu’à ce que son investissement sur la seconde OAV de Munto, en 2005, lui donne accès à un poste sur la série qui chamboulera l’univers otaku.

Crédité comme producteur de l’animation sur La mélancolie de Haruhi Suzumiya, dont il storyboarder et réalise quelques épisodes, il est surtout en charge de la direction de son générique de fin. Quelques semaines après sa diffusion, la Hare Hare Yukai Dance conçue par Yutaka Yamamoto est reprise à travers le monde en convention ou sur YouTube ! En 2007, Kyoto Animation lui fournit en toute confiance sa première série en tant que réalisateur, Lucky Star, qui marque le début des ennuis. Au bout de quatre épisodes, il est purement viré, jugé incompétent à ce poste. Avec d’autres dissidents de Kyoto Animation, il fonde en 2008 la société Ordet, qui travaille main dans la main avec A-1 Pictures – il y réalise notamment Kannagi et Fractale. Patatras, après la diffusion de Wake up Girls !, il se retrouve à nouveau renvoyé de sa propre société en 2016.

Il faut dire que Yutaka Yamamoto a la dent dure avec l’animation japonaise, à travers son blog, les réseaux sociaux, ou ses interventions en convention aux intitulés provocateurs – Anime is Dead, en anglais dans le titre ! Il n’hésite d’ailleurs pas à se poser en victime d’un système qui ne le comprend pas, et annonce à plusieurs reprises le quitter définitivement… pour mieux revenir. Pour preuve, il crée en 2018 une nouvelle structure, Twilight, pour produire son long métrage Hokubo, avec le support d’un financement participatif dépassant les 15 millions de yens (120 000 €). Voué à améliorer ce film dont le résultat le déçoit jusqu’à sa sortie le 21 juin, Yutaka Yamamoto a annoncé sur son blog « avoir réalisé au bout de 21 ans n’avoir aucun talent pour l’animation » et « ne plus jamais travailler dans ce domaine » après Hokubo. Cette fois, on a tendance à le croire : depuis mars, le Tribunal du district de Tokyo a lancé une procédure de faillite contre Twilight.

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A propos de l'auteur

Matthieu Pinon