Sa réinterprétation de One Piece lui vaut d’être comparé au plus gros vendeur de mangas de tous les temps. Un compliment pour Boichi, Coréen dédié corps et âme au dessin.
Boichi est un cas à part parmi les mangakas. Et pas uniquement parce qu’il est Coréen. Né en 1973, c’est au lycée que Park Mujik décide de son orientation future. Fasciné par les romans d’Arthur C. Clarke, le cinéma et les mangas de Masakazu Katsura, il décide alors de devenir mangaka. Pourtant, une fois diplômé, il ne s’oriente pas vers les Beaux-Arts mais… des études en sciences physiques ! S’il veut créer des œuvres de science-fiction, le jeune homme se doit d’acquérir un bagage scientifique conséquent. Et, à défaut de cours académiques, c’est en griffonnant sans cesse que Park Mujik se forge au dessin. En 1993, à 20 ans, il publie ses premiers sunjung (équivalent coréen du shôjo manga) sous le pseudonyme de Boichi, une aventure éditoriale qui durera dix ans.
Une loi établie en 1997 encadrant de plus en plus les bandes dessinées coréennes, Boichi part s’installer à Tokyo en 2003, bien décidé à épicer la production nippone façon kimchi. Il fait ses premières armes dans le hentai, il se révèle avec le polar Sun-Ken Rock, dont les héros musculeux et les héroïnes affriolantes enthousiasment le lectorat young seinen. Esthétiquement, Boichi se distingue pour son remarquable travail graphique sur les corps humains ; scénaristiquement, il s’épanouit enfin dans son domaine de prédilection, la science-fiction (Hotel, Sanctum). Avec H.E – The Hunt for Energy, il s’inscrit même dans l’actualité : paru après la catastrophe de Fukushima, le manga fait le bilan des sources d’énergie actuelles et imagine celles de demain.
Véritable machine à dessiner, Boichi devient rapidement incontournable sur la scène manga. A tel point qu’en 2017 et 2018, il dessine en parallèle deux séries hebdomadaires ! Pendant que se termine le seinen Origin qui marche dans les pas de Masamune Shirow avec son univers cyberpunk, le Coréen entame en effet un nouveau titre pour le Shônen Jump, qui signe pour la première fois avec un dessinateur étranger ! Scénarisé par Riichirô Inagaki, déjà connu pour Eyeshield 21, Dr Stone est un triomphe instantané, qui vient aussitôt rivaliser avec One Piece dans les premières places du classement. Il rend d’ailleurs hommage au manga d’Eiichirô Oda dans un chapitre spin-off, qui finit d’imposer le dessinateur coréen parmi ses pairs nippons. Et si Boichi avait ouvert la porte aux dessinateurs étrangers ?
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