Alors que Promare attaque sa troisième semaine d’exploitation en France, revenons sur la carrière de son réalisateur anticonformiste, Hiroyuki Imaishi.
Né en 1971, Hiroyuki Imaishi grandit durant l’ère télévisée des robots géants. On comprend mieux pourquoi, une fois diplômé des Beaux-Arts de Tama, le jeune homme se tourne vers le milieu amateur et, après plusieurs dôjinshi, tente sa chance dans le milieu du manga. L’expérience sera de courte durée et, en 1995, il se tourne vers sa seconde passion, l’animation – il vénère notamment les travaux de Yoshinori Kanada. En intégrant l’équipe de Gainax, il n’a pas conscience que la série sur laquelle il fait ses premières armes en tant qu’animateur-clef, Neon Genesis Evangelion, atteindra instantanément le statut d’œuvre-culte !
Gagnant peu à peu en responsabilité, le touche-à-tout se forge aux postes essentiels de la production (story-board, direction de l’animation, réalisation d’épisodes), et développe son style foisonnant dans les comédies Abenobashi magical street et Karekano – sa passion pour les robots géants trouvera un parfait écrin avec Diebuster. Production I.G vient alors le débaucher pour lui proposer de réaliser son premier film : Dead Leaves, en 2004, est une claque surréaliste qui impose Hiroyuki Imaishi non seulement comme un technicien surdoué, mais surtout comme un auteur innovant jouant avec les codes narratifs. Le réalisateur n’enfonce pas le clou, il perce littéralement le mur avec ses deux séries suivantes produites chez Gainax, Gurren Lagann et Panty & Stocking with galterbelts, où exubérance et baroque fusionnent dans un mélange over the top.
Imaishi quitte Gainax en 2011, pour fonder sa propre structure, le studio Trigger. Avec Kill la Kill, diffusée deux ans plus tard, l’anticonformiste se fait encore plus provocateur, puisque la nudité est un socle de la série qui pousse encore plus loin les performances techniques et artistiques. Un manifeste qu’il confirme en 2015 avec son court métrage pour Japan Animator Expo au titre évocateur : Sex & Violence with Machspeed. Après avoir exploité les possibilités du format court sur Space Patrol Luluco (13 épisodes de 8 minutes), Imaishi s’attaque au long métrage avec Promare. Derrière la débauche d’animation et la qualité de la mise en scène, Imaishi renoue avec ses ambitions narratives, jouant à l’extrême de l’opposition graphique entre formes géométriques simples pour porter son histoire. Un tour de force à savourer sur grand écran tant qu’il est encore temps !
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