Poétique, philosophique, écologique… Même si Mushishi célèbre ses vingt ans, le manga de Yuki Urushibara reste d’actualité aujourd’hui.
Il existe une forme de vie primitive, ancestrale, qui nous entoure au quotidien mais échappe à notre perception. Ces mushi, quand ils cohabitent avec les humains, peuvent engendrer des conséquences négatives (perte de la vue, de la mémoire…) ou positives (rajeunissement, récoltes faramineuses), mais toujours inexpliquées. C’est là qu’intervient Ginko, borgne aux cheveux blancs. En apparence froid et distant, il est capable de déceler les mushi, et fait tout son possible pour protéger ou sauver leurs victimes. De par sa nature particulière, Ginko attire également les mushi à lui, ce qui l’oblige à vivre comme un vagabond. Et à fumer en permanence des cigarettes qui les repoussent.
Lancée dans le numéro de novembre 1999 d’Afternoon Seasons Zôka, le seinen manga de Yuki Urushihara fait instantanément mouche auprès du lectorat japonais, au point d’intégrer le magazine-phare Afternoon dès 2002. Mushishi traite en effet de thématiques qui ont toujours été primordiales dans la société nippone, le rapport à la nature et les esprits surnaturels. Le manga ne tombe ainsi jamais dans le manichéisme : Ginko ne considère pas les mushi comme des adversaires, mais des créatures parasitaires cherchant avant tout à survivre. Le Mushishi, expert en mushi, sert ainsi de fil rouge à des histoires indépendantes (dont il est parfois spectateur), qui se déroulent à travers le pays. Forêt luxuriante, village côtier, rizières… la mangaka varie et soigne les décors à l’importance capitale dans l’immersion du lecteur.
Pendant dix ans et autant de tomes, le manga est un succès critique et public, porté en 2005 par une adaptation anime chez Artland, 26 épisodes (DVD chez BlackBox) qui retranscrivent parfaitement son ambiance onirique – mention spéciale à la ballade du générique d’ouverture. Mais la réelle consécration vient avec le film live de 2006, réalisé par le légendaire auteur d’Akira, Katsuhiro Otomo ! Malgré l’arrêt du manga en 2008, son aura est telle qu’une seconde saison animée est produite en 2014, agrémentée d’un long métrage en 2015 (même studio, même équipe), disponibles chez Crunchyroll. Feuilleter aujourd’hui le manga publié en français chez Kana confirme que, vingt ans après ses débuts, Mushishi est une porte d’entrée idéale vers des titres plus matures.
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