Œuvre matricielle qui a influencé des pépites telles que Gunbuster, Evangelion ou Gurren Lagann, Space Runaway Ideon souffle aujourd’hui ses quarante bougies de moteur !
À l’aube du 24e siècle, les Terriens peuvent enfin voyager à travers l’espace… et coloniser d’autres planètes. Au cours de leurs explorations, ils ont exhumé les vestiges de six civilisations différentes. Ainsi, la planète Solo, où vivent 50 000 colons, a révélé la présence de trois véhicules et d’un gigantesque vaisseau qui, malgré les efforts des techniciens, n’ont jamais redémarré. Les aliens de la planète Buff Clan parcourent eux aussi les galaxies, en quête de la légendaire planète Loga Dau et de sa source d’énergie infinie, l’Ide. Loga Dau et Solo ne sont qu’un seul astre, et les extra-terrestres lancent l’assaut sur les Terriens ! Pris de court, ces derniers se réfugient dans le vaisseau-vestige, tandis que Cosmo Yuki et deux de ses amis se glissent dans le cockpit des véhicules. Surprise ! Ils prennent aussitôt contact pour se combiner en un gigantesque dieu-mecha, Ideon ! Dans leur exode spatial, les survivants seront traqués sans relâche par les soldats de Buff Clan…
Quand le premier épisode de Space Runaway Ideon est diffusé au Japon le 8 mai 1980, rien ne laisse imaginer que la série aura un tel impact sur ses jeunes spectateurs. La dérive stellaire d’une poignée d’humains est le thème à la mode du moment (transcendé deux ans plus tard par Macross), et les robots combinables sont monnaie courante depuis Getter Robo, sorti six ans plus tôt. Ce serait bien mal connaître Yoshiyuki Tomino, qui instille une thématique jusqu’ici absente de ces titres manichéens : l’incompréhension. Le conflit permanent de Space Runaway Ideon ne repose que sur des malentendus et des quiproquos, à un point tel que même les protagonistes s’interrogent sur le bien-fondé de leurs actes. L’exemple le plus marquant reste la scène durant laquelle les Terriens dressent le drapeau blanc… symbole de provocation belliqueuse chez les habitants de Buff Clan !
Cette zone de flou est entretenue dans le concept même du mecha-titre, Ideon, mi-machine mi-divinité capable d’éradiquer des planètes entières : répond-il aux commandes des humains ou agit-il de sa propre volonté ? À défaut de réponse, le questionnement s’achève dans un bain de sang : homme, femme ou enfant, tous trépassent sous la plume du scénariste, qui confirme son surnom de « Kill Them All » ! Tomino poussera son concept jusqu’au bout, en offrant un second long-métrage en 1982, The Ideon : Be Inboked, qui s’affranchit de la fin proposée par les 39 épisodes de la série et le film-récapitulatif. Pour savourer ce bijou d’animation, mieux vaut donc avoir vu la série auparavant… un véritable challenge aujourd’hui ! Space Runaway Ideon, déjà faiblarde techniquement pour son époque avec ses scènes recyclées à outrance, a très mal vieilli y compris dans ses designs (l’improbable coupe afro du héros). Mais elle reste sur le fond une référence incontournable, qui influence depuis quatre décennies les artistes des studios Gainax et Trigger. Entre autres.
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