Double ambassadrice, une série d’OAV a introduit au Japon il y a trente ans l’heroic-fantasy… puis la japanimation auprès du public occidental ! Son nom ? Chroniques de la guerre de Lodoss.
Tout a commencé avec l’affrontement entre les divinités de la Création, Marfa, et de la Destruction, Kardis. Le conflit fut d’une telle violence qu’un morceau de terre se détacha du continent pour former Lodoss, l’île maudite. Des siècles plus tard, alors qu’elle connaissait enfin la sérénité grâce aux six héros ayant vaincu le Roi des Démons, Lodoss est menacée par l’empire Marmo qui cherche à l’envahir – son chef, le guerrier Beld, n’a pas conscience que son nécromancien Vagnard cherche avant tout à ressusciter Kardis ! Autour du paladin débutant Parn, l’elfe Deedlit, le nain Ghim, le sorcier Slayne, le prêtre Eto et le voleur Woodchuck se lancent dans une aventure périlleuse pour éviter la catastrophe…
Au milieu des années 80, un groupe de geeks japonais développe une campagne originale sur le système de jeu Donjons & Dragons. Ryo Mizuno retranscrit chaque session dans des « replays » publiés dans le magazine d’informatique Comtiq. Rapidement, l’histoire fédère les passionnés à travers tout le pays : les neuf romans qui la compilent entre 1988 et 1993, illustrés par Yutaka Izubuchi, ont dépassé les dix millions d’exemplaires vendus ! Pour adapter ce concept innovant, le studio Madhouse se tourne vers un nouveau modèle de production en plein boom avec la démocratisation des magnétoscopes, les OAV. Le 30 juin 1990 est donc commercialisé le premier des treize épisodes qui formeront Les chroniques de la guerre de Lodoss.
Si Nobuteru Yuuki affine les designs d’Izubuchi, ils restent néanmoins surchargés de détails qui en font un calvaire à animer. Grâce au talent de Rintarô, en charge du story-board, et du sens inné de la mise en scène d’Akinori Nagaoka, les OAV exploitent donc toutes les astuces de l’animation limitée (travelling et zooms) sur des dragons gigantesques ou des combattants en amure élaborée. Produite dix ans avant Le seigneur des anneaux, l’intrigue des Chroniques de la guerre de Lodoss peut faire sourire aujourd’hui par sa simplicité – on devinerait presque les gains de niveau des personnages archétypaux ! C’était pourtant à l’époque un atout majeur pour cette fresque animée, qui a réuni à travers le monde les communautés rôlistes et otaku, encore éparses à cette ère pré-Internet. La série d’OAV pose surtout un univers riche et cohérent, qui donnera lieu à un spin-off en 1995, La légende de Crystania, et à une suite en 1998, La légende du chevalier héroïque. La saga trentenaire garde une saveur bien particulière en France, puisqu’elle fit partie des tous premiers titres importés par un jeune éditeur qui deviendrait bientôt incontournable, Kazé…
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