L’impact d’Evangelion sur l’animation japonaise est si considérable que, vingt-cinq ans plus tard, ses répliques se font encore sentir. Retour sur un phénomène.
Outre ses deux milliards de victimes, le cataclysme qui a ravagé la planète en 2000 a provoqué une montée des eaux globale, engloutissant notamment la capitale du Japon. Reconstruite à une centaine de kilomètres, Tokyo-3 abrite les quartiers généraux de la NERV, organisation chargée de lutter contre les « Anges », d’immenses créatures extraterrestres qui attaquent la ville. Sous la direction de Gendô Ikari, des machines de combat perfectionnées, les EVA, y ont été conçues dans le plus grand secret. Quinze ans après le « Second Impact » ravageur, le machiavélique directeur recrute son fils encore adolescent, Shinji, pour piloter le premier modèle de ces robots géants à partir en combat réel…
Pour concevoir Evangelion, Hideaki Anno est allé puiser dans sa passion d’enfance pour le tokustatsu avec ses combats démesurés à échelle d’immeuble (Godzilla, qu’il adaptera au cinéma en 2016 et Ultraman, référence évidente avec les 5 minutes d’autonomie des EVA une fois débranchés)… et dans les affres de la dépression vécue après Nadia, le secret de l’eau bleue. Ainsi, Evangelion oscille entre action pure, comédie loufoque (le pingouin d’eau chaude Pen-Pen) et introspection de ses personnages explorant leurs failles et leurs traumas. Sous couvert de divertissement science-fiction, la série dévoile peu à peu sa réelle nature, celle d’une métaphore sur l’adolescence, notamment dans ses deux derniers épisodes. Proches de l’animation expérimentale, ils délivrent à la communauté otaku un message radicalement opposé de la conclusion diégétique qu’ils espéraient, engendrant un véritable tollé chez ses fans intransigeants.
Ils auront pourtant mis du temps à adhérer à Evangelion, dont la première diffusion, entamée le mercredi 4 octobre 1995, ne remporte pas un grand succès. C’est à partir des rediffusions en fin de soirée, le vendredi à minuit, qu’une fanbase se constitue, portée par le bouche-à-oreille… et qui se dressera vent debout contre la fin de la série ! Afin de les contenter, Hideaki Anno offrira un remontage cinéma agrémenté d’une nouvelle conclusion (The end of Evangelion en 1997), pendant que la licence multiplie les produits dérivés (notamment en manga et en jeu vidéo) lucratifs pour le studio Gainax. Il faudra attendre 2007 pour que le réalisateur reprenne la substance originelle de cette poule aux œufs d’or au sein de son nouveau studio khara pour une tétralogie cinéma, Rebuild of Evangelion, dont l’ultime volume est prévu cette année. Œuvre incontournable qui a marqué à jamais l’animation japonaise, Evangelion reste, vingt-cinq ans après son apparition, un phénomène de société : son générique, Zankoku na tenshi no teeze reste une des chansons les plus interprétées en karaoke et rapporte annuellement 100 millions de yens (800 000 €) en droits d’auteur !
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