Depuis vingt ans, Gantz fait frissonner les amateurs de science-fiction adulte, en manga, animation ou film live… Une épopée que son auteur prolonge aujourd’hui avec sa suite, Gantz E.
Autant le dire, Kei Kurono n’est pas vraiment un lycéen très sympathique. Vaniteux, égoïste, cynique, l’adolescent regarde avec détachement un clochard ivre mort sur les voies du métro qu’il attend. C’était sans compter sur son camarade, le dévoué et droit Masaru Katô, qui lui demande de l’aider à secourir le pauvre homme. S’ils réussissent leur sauvetage, les deux garçons se retrouvent fauchés par le métro… et se réveillent dans ce qui ressemble à un appartement vide. Autour d’eux, d’autres personnes se demandant ce qu’elles font là. Et ce n’est pas la gigantesque sphère noire flottant dans la pièce, Gantz, qui répondra à leurs questions ! Elle leur fournit en revanche des tenues noires en latex moulant et des armes pour accomplir des missions, qui leur rapporteront des points. Leur objectif ? Atteindre un total de 100 points. Plus facile à dire qu’à faire, tant les risques d’y laisser sa peau sont élevés…
Hiroya Oku portait en lui l’idée de Gantz depuis ses années lycée. Son précédent manga, Zero One, lui aura d’ailleurs servi de brouillon pour mieux développer ses thèmes on ne peut plus matures. Gantz a en effet de quoi faire dresser les cheveux sur la tête des détracteurs du manga ! Les scènes de baston n’hésitent pas à verser dans le gore, avec démembrements et décapitations, et le mangaka prend un malin plaisir à dessiner des femmes plantureuses sous des angles flatteurs, sombrant dans le fan-service décomplexé pour ses illustrations en tête de chapitre. Pourtant, derrière son vernis de série B, Gantz n’hésite pas à tacler le Japon contemporain, notamment dans sa dernière partie qui voit l’archipel dépassé face à une invasion mondiale, une fois les USA disparus et donc incapables d’intervenir !
Gantz marque également les esprits par ses audaces. Scénaristique, tout d’abord, puisque la série n’hésite pas à sacrifier ses héros, décision habituellement taboue dans les mangas. Graphique, ensuite, avec une exploitation de l’ordinateur sur les décors photo-réalistes, mais également sur les visages des personnages, que Hiroya Oku copie-colle d’une case à l’autre en variant les angles de vue – c’est particulièrement flagrant sur leurs oreilles ! Une fois le premier volume sorti au Japon le 11 décembre 2000, le manga a connu une route pavée de succès. Outre ses 37 tomes et leur spin-off Gantz : G dessiné par Keita Iizuka (tous disponibles chez Delcourt/Tonkam), Gantz a engendré une série d’animation produite au studio Gonzo (26 épisodes en 2004, disponible sur Netflix) mais s’est surtout épanoui au cinéma ! Shinsuke Sato a ainsi mis en scène Kenichi Matsuyama (L dans Death Note) et le membre d’Arashi Kazunari Ninomiya dans deux films live en 2011, tandis que le film d’animation de 2016 Gantz : O (disponible sur Netflix) suit le choix artistique du manga avec une production en images de synthèse. Vingt ans plus tard, Hiroya Oku ouvre un nouveau chapitre à sa saga avec Gantz : E, dessiné par Jin Kagetsu, transportant la sphère obscure… à l’ère Edo !
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