Publié il y a vingt ans, Zipang revenait sur le passé tragique du Japon pour mieux en saisir le présent. Qui est désormais notre passé. Pour mieux conseiller vos lectures futures !
Fleuron des forces d’auto-défense maritimes du Japon, le DDG-182 Mirai fait route vers l’Amérique du Sud pour une mission conjointe avec l’US Navy. En chemin, le vaisseau est piégé dans une dépression climatique qui l’isole du reste de la flotte, y compris au niveau des communications. Une fois sorti de ce grain, l’équipage retrouve enfin un autre navire… le Yamato ! Le Mirai a effectué un bond temporel et se retrouve désormais le 4 juin 1942, veille de la bataille de Midway ! Devenus malgré eux une menace pour les deux camps avec leur équipement futuriste, les hommes du Mirai doivent également veiller à ne pas changer le cours des événements afin de ne pas influer sur le futur du Japon. Cette mission pèse particulièrement sur les épaules de Yosuke Kadomatsu, qui a sauvé un officier de la marine impériale japonaise, Takumi Kusaka. Ce dernier, qui a compris de quoi il retournait, va tout faire pour modifier l’Histoire et transformer le Japon du 21e siècle en la nation idéalisée par l’armée de cette seconde guerre mondiale, Zipang.
La gestation même de Zipang joue, comme l’œuvre, avec le temps. On pourrait ainsi penser qu’elle a été influencée par le film américain de 1980 Nimitz, retour vers l’enfer (qui voit un porte-avions américain transporté juste avant l’attaque de Pearl Harbor)… lui-même inspiré du long métrage japonais Les guerriers de l’Apocalypse (1979), adaptation du roman de Kôsei Saitô publié en 1975 ! Le mangaka Kaiji Kawaguchi en conserve la substantifique moelle (des militaires transportés dans un conflit historique, dont chaque action pourrait avoir des conséquences dramatiques sur le futur qu’ils cherchent à regagner), tout en y ajoutant une dimension humaine qui happe son lectorat, avec Yosuke traquant Takumi, menace dont il s’est retrouvé indirectement responsable. Cette immersion est soutenue par le trait hyper-réaliste du dessinateur, qui s’est rigoureusement documenté sur tous les aspects (mécanique, uniformes…) de son intrigue.
Le 23 janvier 2001 sort au Japon le premier volume de Zipang. Étendue pendant dix ans dans le magazine Morning de Kôdansha, cette fresque sera publiée en simultané avec une autre œuvre majeure de Kawaguchi, Spirit of the Sun, manga d’anticipation apocalyptique qui voit le Japon victime de séismes et de l’éruption du mont Fuji. Seuls les six premiers tomes de Zipang seront adaptés en série animée par le studio Deen en 2004, sous la direction de Kazuhiro Furuhashi (Kenshin, Hunter x Hunter), qui reste inédite en France, alors que le manga y a bénéficié d’une traduction grâce aux éditions Kana. Bien qu’il aborde des thématiques encore polémiques aujourd’hui (l’engagement du Japon pendant la deuxième guerre mondiale) soulignées par le lectorat en Corée du Sud et malgré ses 43 tomes, le manga sera critiqué au Japon pour… sa fin précipitée ! D’autant plus que sa « suite » en cours de parution depuis 2012, Zipang – Shinsô kairyû n’a aucun rapport puisqu’elle se déroule à la fin du 12e siècle… Alors que la technologie permet des merveilles, et que la mode est aux adaptations live, une version film de Zipang serait l’occasion d’un retour en grâce, pour célébrer en beauté son vingtième anniversaire !
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