#TBT : Shamanic Princess

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Célébrant aujourd’hui ses 25 ans, Shamanic Princess est l’un des échantillons les plus représentatifs du marché bouillonnant des OAV des nineties, un titre calibré et soigné mais sans grande originalité.

Le monde de Guardian ne peut vivre que grâce à sa source essentielle de pouvoir, le Trône de Yord. Mais Kagetsu, qui souhaite en libérer sa sœur cadette Sara, a dérobé le Trône avant de se planquer dans une dimension parallèle, sur la Terre. Afin de récupérer le précieux artefact, Tiara (ex petite amie de Kagetsu), est envoyée sur notre planète, et plus précisément au Japon. Camouflée la journée en lycéenne, elle enquête durant la nuit en compagnie d’un allié de poids, Japporo, qui, sous son apparence de furet, est capable de détecter le Trône de Yord tel un radar. Tiara possède elle aussi des pouvoirs magiques qu’elle devra rapidement mettre en œuvre pour affronter les alliés de Kagetsu, à commencer par Lena, qui était pourtant son amie d’enfance

Dès son premier épisode (sur six), mis à la vente le 25 juin 1996, Shamanic Princess avait le cul entre deux chaises, à l’image de son générique expérimentant des effets infographiques avec plus ou moins de réussite. Une sensation encore plus flagrante si on (re)découvre vingt-cinq ans plus tard cette série d’OAV. La première raison incombe à son scénario, qui mange à tous les râteliers en s’inspirant sans vergogne des succès du moment. Mami Watanabe, avec son expérience des séries shôjo (Emi Magique, Kiki to Lala) insuffle donc dans son intrigue des passages de comédie lycéenne, agrémentés de séquences de combat entre héro(ïne)s lié(e)s par l’amour ou le sang, dans la droite lignée de CLAMP – pas étonnant puisqu’elle a signé le script du film X. Finalement très simple, l’histoire est d’ailleurs inutilement complexifiée par un montage propulsant les spectateurs in media res, et ne fournissant qu’au compte-goutte les tenants et aboutissants des affrontements livrés par Tiara. Ainsi, alors que le dénouement s’effectue durant le quatrième épisode, Shamanic Princess se conclut par deux épisodes flash-back donnant enfin les clés de compréhension !

Ces derniers sont d’ailleurs réalisés par Hiroyuki Nishimura, animateur et chara designer travaillant de longue date avec Mitsuru Hongô (Chinpui, Crayon Shin-chan, Spirit of Wonder), un changement de direction qui accentue un peu plus ce décalage. Et pourtant, la série d’OAV reste particulièrement homogène de par sa qualité technique, à classer dans le haut du panier des productions d’époque, notamment durant les scènes de combat, et les séquences de transformation de ses héroïnes directement inspirées des magical girls. Malgré cette inspiration shôjo assumée, Shamanic Princess n’hésite pourtant pas à loucher du côté des couleurs chamarrées et flashy de séries à destination du public masculin comme Tenchi Muyô pour ses designs ! Un paradoxe supplémentaire pour cette série tout en contrastes qui, malgré ses indéniables qualités, se disperse tant qu’elle en perd sa personnalité. On ne sera donc pas surpris qu’un quart de siècle plus tard, tout le monde ou presque ait oublié Shamanic Princess, qui reste, quoi qu’on en dise, un parfait étalon de la production massive des anime pour les vidéoclubs des années 90 au Japon !

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A propos de l'auteur

Matthieu Pinon