Alors que Delcourt/Tonkam annonce la réédition française des Enfants de la Mer, Daisuke Igarashi sortira également un nouveau titre au Japon. Retour sur l’artiste à l’occasion de cette double actualité.
Né en 1969 à Saitama, en banlieue de Tokyo, Daisuke Igarashi cherche avant tout à fuir le bruit et la fureur de la capitale – il confessera préférer une promenade en forêt plutôt qu’aller en cours. Durant ses années collège, il passe chaque jour un peu de temps près d’un temple bordé d’arbres centenaires. Ébahi par leur beauté, il se demande s’il sera capable de la retranscrire en dessin, et commence à griffonner quelques croquis. De fil en aiguille, il dessine au lycée des mangas muets, inspiré par les œuvres de Mamoru Oshii, et s’oriente vers des études artistiques – il côtoiera notamment Hiroaki Samura dans la section peinture à l’huile des Beaux-Arts de Tama ! Se sentant en phase avec la production shôjo de l’époque, il propose au sortir de l’université ses premières pages au magazine Lala de Hakusensha, et reçoit une lettre de refus lui recommandant de les présenter plutôt à une revue seinen. Igarashi se tourne donc vers le mensuel Afternoon de Kôdansha, qui lui attribue un prix.
Publiées en 1993, ces deux histoires courtes deviendront les premiers chapitres de son manga Hanashippanashi, qui sortira en France avec le sous-titre Patati Patata aux éditions Casterman. Quand, en 1996, Igarashi met un point final à sa première œuvre, aucune offre pour un nouveau manga ne se présente. Il s’occupe alors pendant deux ans d’un temple à Omiya, avant de déménager dans le nord-est du Japon, dans le petit village de Koromogawa (préfecture d’Iwate), où il apprend les rudiments de la vie de fermier. Il y vivra en autarcie pendant trois ans, une expérience qui lui inspirera son manga Petite forêt en 2002. Son retour dans le milieu de l’édition se confirme avec Sorcières, recueil de nouvelles se déroulant aux quatre coins du globe (Turquie, Amazonie, Asie…) couronné du Prix d’Excellence au Japan Arts Media Festival en 2004. Une broutille, en comparaison avec la pluie de récompenses qui s’abattra sur son œuvre suivante !
Publié à partir de 2006 dans le magazine IKKI (tout comme Sorcières), Les enfants de la mer impose le style d’Igarashi : une représentation réaliste de la nature, qui incite le lecteur à la ressentir de manière sensorielle, tout comme l’auteur le faisait. Pour renforcer cette démarche, le mangaka dessine tout à la main, n’utilisant la règle que pour tracer le contour de ses cases. Mystique et profondément humain, Les enfants de la mer est à nouveau primé au Japan Arts Media Festival, mais également aux Japan Cartoonist Awards, avant de franchir les frontières de l’archipel et d’être encensé par la critique internationale. Igarashi change radicalement de registre en 2010 avec Saru (disponible aux éditions Sarbacane), conte apocalyptique à grand spectacle puisant dans les légendes chinoises comme dans les prophéties de Nostradamus. Après Designs (attendu chez Noeve Grafx) en septembre), c’est via le grand écran que le mangaka se fait connaître auprès du grand public à travers deux adaptations en long métrage : Petite forêt en film coréen live, et Les enfants de la mer, bijou d’animation produit au studio 4°C sous la direction d’Ayumu Watanabe. De quoi justifier une réédition longtemps attendue de ce manga en France… pendant que l’auteur prépare un nouveau titre au Japon, Kamakura Bakeneko Kurabu, qui débutera le 1er juin dans les pages du magazine Be Love.
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