Personnalité de la semaine : Fumi Yoshinaga

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Débutant le 10 janvier prochain, l’adaptation en drama du Pavillon des Hommes se dévoile en cette fin d’année. L’occasion de revenir sur le parcours de son autrice, papesse du BL.

Le shonen-ai, elle est tombée dedans quand elle était petite ! Très tôt, la petite fille née à Tokyo en 1971 découvre des mangas tels que Patalliro, Hi izuru tokoro no tenshi ou La chanson du vent et des arbres. Sans pour autant porter une attention particulière à la dimension homosexuelle, elle affectionne particulièrement l’atmosphère de ces romances entre hommes. Tout bascule au collège, quand une camarade lui prête un dojinshi yaoi pastichant Captain Tsubasa. Cependant, afin d’éviter toute discrimination, l’adolescente garde sous silence sa passion, et s’efforce au maximum de rentrer dans le rang. Malgré l’envie bien présente, elle refuse ainsi de s’inscrire aux clubs de manga de son collège puis de son lycée.

C’est une fois entrée en faculté que la jeune femme franchit enfin le pas. Quand, sur les conseils d’une amie, elle lit Slam Dunk, elle ne peut plus résister à la tentation, et publie enfin son premier dojinshi, centré sur les personnages de Kogure et Mitsui. Malgré la mauvaise réputation du boys love dans les années 90 (beaucoup le considèrent comme de la pornographie destiné aux femmes), elle se lance professionnellement en 1994 dans le magazine fraîchement créé Hanaoto, sous l’impulsion de sa rédactrice en chef… qui la soutient depuis ses débuts dans le fanzinat. Elle prend alors le pseudonyme Fumi Yoshinaga, en hommage aux comédiennes Fumi Dan et Saori Yoshinaga. Son premier titre lui permet de se démarquer puisque la romcom entre un professeur d’histoire et deux de ses étudiants s’axe plus sur la difficulté de vivre en tant qu’homosexuel au Japon que sur l’érotisme à proprement parler.

Avec Antique Bakery, elle atteint la reconnaissance du grand public en 1999 puisque son manga, publié dans Wings, est adapté en drama et en série animée. Ce qui lui ouvre les portes de revues plus généralistes, comme le magazine josei Melody, où elle publie All my darling daughters (disponible chez Sakka), ou le conflit larvé entre une trentenaire et sa mère, quand cette dernière se remet en couple avec un « gamin » de trois ans plus jeune qu’elle ! Trois ans plus tard, elle y débute Le pavillon des hommes (disponible chez Kana), fresque en costumes intervertissant le schéma antique patriarcal : cette fois, ce sont des dizaines de concubins qui cohabitent dans un pavillon en espérant recevoir l’attention de la gouvernante. Frôlant les vingt tomes, le manga déjà adapté en films (2010 et 2012) ainsi qu’en série TV (2012) donnera naissance à un nouveau drama à partir du 10 janvier sur NHK. La consécration arrive en 2007 quand le magazine seinen de Kodansha, Morning, lui ouvre ses portes. Elle y publie Kino nani tabeta ?, boys love qui, à nouveau, se focalise sur les conditions de vie des homosexuels au Japon à travers les tranches de vie d’un couple gay d’une quarantaine d’années qu’on voit vieillir au fil des mois. Ce qui n’empêche pas Fumi Yoshinaga de continuer, à cinquante ans, sa carrière dans le dojinshi et de s’imposer comme un exemple à suivre auprès d’une nouvelle génération d’artistes.

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A propos de l'auteur

Matthieu Pinon