Personnalité de la semaine : Makoto Ojiro

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Après une série animée, son manga Insomniaques s’apprête à devenir un film live. La consécration serait-elle enfin arrivée pour Makoto Ojiro ?

La mangaka est très discrète : tout juste sait-on qu’elle est née dans la préfecture de Saitama, sans plus de détails. Une discrétion qu’elle cultive depuis son enfance. Réservée, la petite fille aime passer son temps à dessiner… à condition de le faire sans que personne ne la regarde. Puisqu’elle ne possède pas de bibliothèque, elle ne s’intéresse pas au manga : il faudra attendre qu’elle soit assistante pour qu’elle en achète un pour la première fois de sa vie ! Bien sûr, elle ne peut passer à côté des grands auteurs classiques, comme Shigeru Mizuki dont elle adore les personnages, mais c’est uniquement grâce à des camarades qu’elle découvre des séries comme Ranma ½ ou Banana Fish. Par conséquent, elle dessine des illustrations, mais jamais de page découpée en cases.

Les cours d’art plastique au lycée sont donc un supplice pour l’adolescente. Outre le fait de créer en public, elle réalise que beaucoup d’élèves sont talentueux… et particulièrement dans la création de mangas. Afin de prendre confiance en elle, elle décide de se frotter à cette pratique bien particulière. Au début des années 2000, à 19 ans, elle parvient à intégrer l’atelier de Masashi Asaki, qui dessine alors Psychometer Eiji. Pendant quatre ans, Makoto Ojiro apprend les ficelles du métier grâce à lui, avant de se lancer en tant que professionnelle. C’est en 2005 que ses premiers travaux sont édités dans le Young Magazine. Elle y publie l’an suivant sa première série, Katekin, ou les déboires fripons d’un adolescent de 14 ans confronté à des jeunes femmes dans la vingtaine. L’érotisme distillé durant dix tomes plaît aux lecteurs et, à la demande de ses éditeurs, Makoto Ojiro produit quelques titres plus adultes, tels que Nude, qui sera adapté en film live.

Néanmoins, ce sont la puberté et les premiers émois qui passionnent la mangaka, probablement, selon elle, parce que sa propre adolescence fut terne et morose. En témoigne Fujiyama-san wa shishunki (2012-2016, 8 tomes), ou la relation compliquée entre un lycéen d’1m60 et la star de l’équipe de volley, plus grande que lui de 20 cm ! Au fil des années, Ojiro abandonne l’érotisme pour se focaliser sur les relations maladroites que développent les adolescents à la puberté. En témoigne La fille du temple aux chats (2016-2018, 9 tomes disponibles aux éditions Soleil Manga) dont le héros de 14 ans se retrouve à vivre à la campagne auprès de sa cousine éloignée, de 20 ans : loin de reproduire les scènes olé-olé de Katekin malgré le même pitch de départ, ce titre se focalise sur la situation des femmes au Japon. Depuis 2019, elle privilégie à l’explicite une ambiguïté romantique entre les deux héros d’Insomniaques (disponible aux éditions Soleil Manga), qui se rapprochent inexorablement au cours de leurs siestes diurnes dans l’observatoire de leur lycée. Un flou artistique qui ravit le Japon : après la série animée (disponible sur ADN), le manga sera adapté en film live le 23 juin. Makoto Ojiro aurait-elle enfin trouvé sa voie ? Pour le savoir, il faudra lire son interview dans l’AnimeLand 241 !

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A propos de l'auteur

Matthieu Pinon