Il y a parfois de “mauvaises” adaptations qui sont des bons films et même parfois de mauvais films qui sont de “bonnes” adaptations. Malheureusement, Les Chevaliers du Zodiaque n’est ni une bonne adaptation, ni un bon film.
Qu’est ce qu’une bonne adaptation ? Chacun aura sa certainement sa propre réponse à la question, sa propre définition, mais on serait tenté de dire qu’il s’agit de de revisiter une oeuvre, en trouvant un bon équilibre entre respect de l’esprit de l’oeuvre originelle et vision personnelle qui apporte une plus-value.
À ce jeu là, beaucoup s’en sont tirés avec les honneurs. Pour rester dans les adaptations de manga en films live, on pense notamment à Speed Racer, Old Boy, Edge of Tomorrow, Tokyo Tribe, aux Ruroni Kenshin… Comme quoi, à l’impossible, nul n’est tenu.
On pouvait donc raisonnablement laisser sa chance à ce Saint Seiya sauce burger, aucune oeuvre ne méritant d’être crucifiée avant d’être jugée sur pièce.
Mais force est de constater que la vox populi, bien que toujours trop prompte à condamner, ne s’est pas trompé cette fois, et cette nouvelle adaptation des Chevaliers du Zodiaque est un désastre quasi intégral.
Septième sens
“Quasi” car il faut concéder quelques moments d’inspiration. Seiya et Saori – pardon, Sienna – sont plutôt bien castés et leur relation, aussi classique soit-elle, est presque plus intéressante que dans le manga originel. Au moins, celle-ci est vraiment exposée et même quasiment au premier plan ici. À propos d’Athéna, sa dualité est également une bonne idée et cela apporte un peu de relief au personnage. Pourquoi pas aussi pour la thématique de la parentalité. C’est facile mais ça fonctionne toujours. Tout comme le fait d’avoir transformé le passé de Seiya pour lui donner une quête initiatique.
En revanche, le fait de recentrer le récit sur peu de chevaliers (que deux au final…) et d’éluder les compagnons de Seiya est déjà plus frustrant mais, soit, on peut encore comprendre le parti-pris narratif et son souci d’universalité et de fluidité sur 1h52.
Mauvais sens
Mais c’est là où le bât blesse : ces 1h52 sont quand même très mal rentabilisées scénaristiquement. Et si on coupe toutes les scènes hors-sujet, il ne reste au final pas grand chose de Saint Seiya dans cette adaptation. Il n’était pourtant pas difficile de donner moins de poids à des personnages inutiles comme Cassios ou Mylock pour réinjecter plus de consistance dans les personnages et enjeux principaux. Ou peut-être, à l’instar du film en CGI, aurait-il mieux valu se passer d’une énième (et trop attendu) origin story, tant il est vrai que le début de Saint Seiya n’est pas forcément la partie la plus captivante.
Mais même en faisant fi des orientations discutables, rien ne pousse à être indulgent envers cette entreprise qui ne parvient même pas à être une honnête série B. L’écriture des personnages est aussi inexistante que l’univers est mal caractérisé. Tout semble glisser sur notre héros qui accepte les informations et les visions les plus délirantes sans sourciller, aucun personnage ne parvient à être un minimum attachant et la mise en place du lore est laborieuse au possible.
La forme ne compense même pas le fond, et l’indigence du scénario n’a d’égale que celles de la direction artistique et de la réalisation. La photographie sent le studio permanent, tout est cadré avec paresse, les chorégraphies des combats font bailler, les fx fluo sont moches, les armures sont non seulement d’un goût douteux (seule Marine s’en sort) mais semblent être en mousse, le montage regorge de faux raccords, etc. Pourtant, l’émotion pointerait presque son nez lorsqu’on entend les premières notes du thème remixé de Pégase, mais le reste de la BO, parfaitement anonyme, fait vite redescendre. Et c’est finalement ce qui manque le plus à cette adaptation de Saint Seiya : l’émotion.
Saint Seiya, ce n’est pas que des types en armures (mais plus fort torse poil) qui se battent à coups de super pouvoirs en montant des escaliers, c’est aussi du dépassement de soi et de l’esprit de sacrifice, des déchirements de coeur à chaque mort d’un personnage et des yeux humides au son de plaintifs “louloulou”. Avec ce Les Chevalier du Zodiaque, on est très loin de cette promesse.
Vous devez vous connecter pour laisser un commentaire.