Son humour était-il trop tiré par les cheveux ? Malgré son triomphe au Japon, et sa série animée débutée il y a vingt ans, Bobobo-bo Bo-bobo n’a jamais fait se poiler le public français.
En 300X, l’humanité vit sous la coupe de l’empire Chauvekipeut (Maruhage), dirigé par l’empereur Crâne d’œuf, quatrième du nom (Tsuru Tsurulina IV) qui a décidé que chacun devait, comme lui, être chauve comme un caillou. Personne ne semble pouvoir lutter contre ses brigades capilo-tracteuses, les Tondeurs flingueurs. Personne ? Non ! Un guerrier à la coupe afro se tient vent debout contre cette dictature. Maîtrisant le Hanage Shinken, technique ancestrale des poils de nez, Bobobo-bo Bo-bobo lutte pour rétablir la paix sur le monde. Au fil de son périple, il rencontrera de nouveaux compagnons de voyage, comme la jeune Beauty ou l’impayable DonPachi…
C’est en 2000 que Yoshio Sawai fait ses débuts chez Shueisha dans les pages du hors-série Akamaru Jump. D’emblée, son sens de l’humour absurde se distingue, notamment à travers un one-shot parodiant Ken le survivant et mettant en scène un héros luttant contre la tyrannie capillaire. D’autres épisodes mettant en scène les personnages secondaires remportant à leur tour un franc succès auprès du lectorat, à tel point qu’en 2001, Bobobo-bo Bo-bobo devient une série régulière. Le manga dure 21 tomes jusqu’en 2005, avant de connaître une suite, Shinsetsu Bobobo-bo Bo-bobo, qui cumulera sept tomes supplémentaires à sa conclusion en 2007. Avec sept millions d’exemplaires vendus, le titre est un véritable succès au Japon, qui réunit les plus jeunes, ravis de l’humour régressif et des calembours à foison, et les trentenaires de la génération de l’auteur (né en 1977), qui se régalent devant les parodies de Ken le survivant, Les chevaliers du zodiaque et autres séries de leur enfance.
C’est justement Toei Animation, qui avait adapté ces séries dans les années 1980, qui se charge de l’inévitable déclinaison animée de ce triomphe éditorial. Elle est confiée à un pilier du studio, Hiroki Shibata, déjà connu pour son travail sur Gegege no Kitarô, Himitsu no Akko-chan ou Getter Robo Gô. Mais il ne faudrait pas oublier qu’avec le film de Dr Slump en 1984 ou la série inédite Kariage-kun en 1989, le réalisateur a montré ses aptitudes dans le domaine de l’humour. Il s’adapte donc au rythme trépidant de Bobobo-bo Bo-bobo et ne laisse aucune minute de répit au spectateur nippon dès son premier épisode, diffusé le 8 novembre 2003 ! Ce délire, mélange entre Le collège fou, fou, fou et Ken le survivant a convaincu les comédiens de doublage français, loin d’avoir un poil dans la main, qui ont pris un plaisir non feint à travailler sur la localisation de la série, diffusée en 2007 sur MCM. Hélas, le public ne suit pas ce condensé d’humour nippon, et au final, seuls 50 épisodes seront doublés en français sur les 76 de la série (édités en DVD à l’époque par Kazé), alors que le manga sera publié en intégralité par Sakka/Casterman. Comme quoi, le succès selon le pays se joue parfois à un cheveu !
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