Terkel in trouble

Ca va gicler !

0

Terkel in trouble se trouve au confluent de différents genres du cinéma : la comédie romantique adolescente, le film d’horreur adolescent et le récit des jeunes années, style Le Petit Nicolas. De ce melting pot a priori indigeste, ressort un film sans grande originalité sur le fond, mais dont la forme rattrape largement le tout.

Terkel a des ennuis…

Terkel est un collégien portant appareil dentaire, coiffure en pétard et affublé de deux parents associaux et d’une petite soeur maladroite à l’extrême. Son meilleur ami, Jason, a un look de jeune rappeur et ne se promène jamais sans sa barre de fer… Tout irait pour le mieux dans la vie de Terkel, si ce dernier n’avait pas provoqué la colère de Steen et Saki, habitués à persécuter leurs petits camarades. Les deux adolescents commencent alors à tourmenter Terkel. Malheureusement, la situation dégénère très vite et Terkel reçoit des menaces de mort.

Terkel in trouble commence tout d’abord comme un série télé pour adolescent classique : amitié, histoire de filles… Bref, une sorte d’Années collège. Mais, on sent tout de même un ton un peu à part : le film a un je-ne-sais-quoi de décalé laissant entrevoir autre chose. Par exemple, Terkel a une mère fumant cigarette sur cigarette (lui déformant les contours de la bouche), et ne cessant de se disputer avec un mari répétant « Non » à tout ce qu’on lui dit. Sa petite soeur passe son temps à dégringoler dans les escaliers, à se prendre la porte, ou se coincer les doigts…

Ce ton déconcertant va aller en s’accroissant : ainsi, le suicide d’un personnage, traité avec une belle gerbe de sang va faire basculer le film. On commence à flirter avec un style à la Scream, mêlé d’humour noir. Grinçant, franchement politiquement incorrect, le film va aller loin et c’est ce qui le rend irrésistible.

…et quelqu’un veut le tuer

L’idée est donc de reprendre tous les poncifs du genre de l’horreur : menace de mort, suspicion sur l’identité du coupable, fausses pistes, scènes en fôret, le tout passé à la moulinette du mauvais goût. Pour autant, cela ne signifie pas que le film est tourné à l’arraché : au contraire, les plans sont parfaitement exécutés, la 3D (bien que grossière quant au design des personnages) traitée avec soin, et l’écriture du script mitonné aux petits oignons.

De fait, le but est de rendre hommage aux films d’horreurs et séries télés américaines pour adolescents. On sent que Stefan FJELDMARK, Thorbjon CHRISTOFFERSEN et Kresten Vestbjerg ANDERSEN ont digéré un grand nombre de films de séries B et de sitcoms venues du pays de l’Oncle Sam. Mais, on sent aussi l’influence du cartoon type Simpson ou South Park. Tout tourner en dérision, et ne rien respecter, tel semble être la devise du film. Ceci, fait avec intelligence : pas question de faire n’importe quoi.

Etrangement, le film se trouve parcouru de séquences musicales chantées (comme dans le film The District ! dont nous vous parlons dans le dossier), avec du rap, de la pop, ou des chansons à boire. Du coup, on ne sait pas trop s’il s’agit d’un coup marketing (pour vendre les chansons du film), ou d’une manière de tourner en dérision les productions américaines pour enfants.

La conclusion du film ne surprendra pas : on sent venir un moment à l’avance l’identité du méchant de service. Mais qu’importe, car l’intérêt de Terkel in trouble se situe dans la façon de réinventer un genre maintes fois utilisé au cinéma.

Par ailleurs, il est important de noter que le générique de fin laisse voir un faux bêtisier, exactement comme dans le film de Fourmiz. L’intérêt est aussi de signifier un « That’s all folks ! » : en effet, ce bêtisier part du principe qu’on n’a pas vu un film live, et que tout ça n’est donc que du cinéma. Une initiative intéressante, compte tenu du fait que le film ne propose aucune morale et se permet un humour assez grinçant et parfois cruel.

A ne pas rater

Vous l’aurez compris, si ce film sort en France, il ne faudra surtout pas le manquer. Rempli de personnages parfaitement typés, de situations scabreuses et absurdes, construit et réalisé avec talent, Terkel in trouble fait passer un excellent moment. D’ailleurs, il s’agit d’un succès massif au Danemark, aussi bien en salles qu’en DVD. En tout cas, ce film rappellera à tous les heures passées à frémir devant Les griffes de la nuit ou Vendredi 13. Ca va gicler !

A lire : la critique du film et l’interview du réalisateur dans le compte rendu d’Anima, AL# 110.

Parlez-en à vos amis !

A propos de l'auteur