AL : Pouvez-vous vous présenter à nos internautes ?
Jean David MORVAN : J’ai 31ans, je suis scénariste sur HK, Nomad, Sillage, et autres plaisanteries du même cru… Je suis venu au métier de scénariste en passant par la case dessinateur. Petit à petit, je me suis aperçu que mes idées allaient plus vite que mon coup de crayon. Et puis j’ai rencontré des gens qui dessinaient mieux que moi, la suite, vous la déduisez.
AL : Que pouvez-vous nous dire concernant votre influence manga dans vos histoires et la manière de les concevoir ?
JD.M. : Concernant ma propre influence, oui je la revendique. J’étais déjà fan de manga, faisant partie de la génération Goldorak. Mais en regardant le DA de Dragon Ball, j’ai voulu découvrir la BD originale, ainsi que d’autres de ses “collègues”. Je lisais aussi des comics à l’époque et j’ai bien entendu découvert Akira par ce biais. Je me suis tourné vers la VO aussi en allant dans des librairies d’import. A l’époque, les prix étaient encore plus élevés qu’aujourd’hui ! Je considère le manga , le comics et la BD franco belge comme étant une seule et même chose. Il s’agit de voir la BD de manière différente, c’est tout. Si on commence à sectoriser tout, cela devient n’importe quoi. Autant dire alors que la BD d’humour est mieux que la BD de SF, ou inversement, etc… Cela peut aller très loin dans ce racisme idiot. C’est logique d’intégrer cette “nouveauté”, de l’assimiler à notre évolution. Si les japonais sont plus doués que nous dans certains domaines de la BD, pourquoi alors ne pas s’en inspirer ? C’est une émulation. Dans les années 80, c’étaient les américains qui étaient au top avec des auteurs comme Alan MOORE, Franck MILLER, etc… Maintenant c’est le manga, puis ce sera à nouveau au tour de l’Europe et ainsi de suite. Et puis bon, chacun s’inspire de l’autre et inversement, la concurrence n’a rien à voir avec cette affaire pour ma part…
AL : Aujourd’hui, nous assistons à une véritable émergence d’un style graphique et narratif mélangeant manga et BD occidentale, qu’en pensez-vous ?
JD.M. : Il ne s’agit pas à mon avis d’une mode passagère. C’est intégré, un point c’est tout. Par exemple MARINI (Scorpion Rouge, Gipsy, etc…) était très influencé par OTOMO et encore aujourd’hui, il garde cette influence même si sa narration est passé au franco belge pur et dur. Les gens n’y font plus attention d’ailleurs. De même, avant, quand on présentait un projet à un éditeur avec un style un peu manga, celui-ci tiquait mais actuellement, il n’y prête plus attention. C’est encore une fois intégré dans l’esprit des gens. Bon parfois, quand on fait une héroïne aux “proportions manga” (gros yeux, corps filiforme, etc…), on nous le fait remarquer, mais ce que faisaient des auteurs comme DANY (Olivier Rameau, Ca vous intéresse ?, etc…) dans les années 70, c’était quasiment le même type de personnage à gros yeux et personne ne lui a jamais dit qu’il faisait du manga. De même pour certaines héroïnes de Disney. Concernant mes projets futurs qui seront dans ce style hybride, je travaille sur une nouvelle série qui s’appellera Trop de Bonheur chez Delcourt, avec un jeune dessinateur de 20 ans nommé LEJEUNE. Ce qui est intéressant, c’est que ses personnages ne sont pas manga mais sa narration, sa mise en page et ses décors le sont. Cela rejoint cette idée de design, qui n’existait plus dans la BD française alors que l’on faisait de la BD de SF. On faisait de la SF, de l’héroïc fantasy et autres récits fantastiques sans trop s’intéresser au design des vaisseaux, à l’architecture, ce qui donnait des trucs vraiment kitchs ou peu crédibles. Là, de nouveau, nous avons des BD qui possèdent un univers charpenté et cohérent, surtout en SF. C’est aussi cela qui est important dans l’influence nippone : plutôt que d’avoir des univers de SF par exemple qui se ressemblent tous, les japonais parviennent à créer des univers futuristes très variés.
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