Argent du déshonneur (l’)

Japon, époque médiévale. Sur le champ de bataille, lorsqu’un bushi tombait face à un autre, il pouvait sauver sa tête en signant une reconnaissance de dette. En clairement, il monnayait sa vie contre une somme d’argent. Revenu à la vie civile, rares étaient les bushi à vouloir honorer leur reconnaissance. Etait alors diligenté « un kubidaï-hikiukenin (littéralement en Japonais un « recouvreur de la valeur de la tête »), comme son nom l’indique, c’est un type qui vient réclamer le prix promis par un guerrier pour sauver sa tête sur le champ de bataille », explique Hiroshi Hirata dans sa postface. Nous suivons ici l’un d’entre eux, Hanshirô Kubidai. Il se retrouvera confronté à des samouraïs refusant de reconnaître leur dette et devra ruser, usant à la fois de force et de persuasion, pour obtenir le remboursement convoité.

Le monde des samouraïs que Hiroshi Hirata dépeint dans ce recueil de nouvelles n’a plus rien à voir avec l’image de noblesse et d’honneur que l’on donne habituellement de ces combattants. Ici, l’honneur est délaissé et l’argent occupe une place centrale. En somme, le mangaka poursuit son travail de déconstruction du mythe des bushi. Ce qui est intéressant dans cette peinture dramatique des reconnaissances de dette, c’est que – comme l’explique Hirata dans sa postface – ces situations terribles se poursuivent encore aujourd’hui au Japon, poussant des parents ou des chefs d’entreprise au suicide. Ses récits, bien que situés à l’époque médiéval, restent donc, à leur manière, d’actualité. Hélas, si la démarche d’Hirata est intéressante et si le personnage de Hanshirô Kubidai a de quoi fasciner, ses histoires se révèlent quelque peu indigeste. Le mangaka s’enfonce dans des récits trop lourds, chargés de dialogue. D’autant que ses personnages se ressemblant étrangement, le lecteur peut facilement se sentir perdu, ne sachant plus qui est qui.