SpongeBob Squarepants (titre original) est issu de l’esprit fiévreux de Stephen HILLENBURG. Lancée en 1999, la série est vite devenue la plus populaire série des productions Nickelodeon, à qui nous devons, entre autres, Jimmy Neutron et Tes désirs sont désordres. Le personnage a conquis certes les enfants, mais aussi beaucoup d’adultes, réceptifs à ce même humour décalé que nous offrait, en son temps, Ren & Stimpy (1). Après une bonne centaine d’épisodes, Stephen HILLENBURG et Sherm COHEN décident de passer l’éponge hyperactive sur le grand écran.
Plongée en eaux drôles
Comme on peut s’en douter, l’intrigue n’est pas le point important du film, mais plutôt un fil conducteur donnant lieu à une impressionnante série de gags potaches et burlesques qui font le succès de l’émission.
L’histoire débute sur l’ouverture d’un second restaurant Krusty Krab, dans la délicieuse ville de Bikini Bottom. Certain d’obtenir le poste de manager, Bob l’éponge voit ses espoirs s’envoler quand son patron, M. Krabs, offre le poste à Carlos, considérant Bob comme trop immature. Peu après, le diabolique Plankton – toujours décidé à s’emparer de la célèbre recette du burger Krusty Krab – décide de voler la couronne de l’arrogant roi Neptune, et fait accuser M. Krabs.
Mindy, la fille du roi, persuade son père de donner six jours à Bob et à son ami Patrick – l’étoile de mer la plus stupide de l’océan – pour aller à Shell City retrouver la couronne et ainsi disculper M. Krabs. Cette mission, semée d’embûches – telles que le tueur Dennis, lancé à leur poursuite par Plankton, ou le monstre de Shell City – va leur permettre de découvrir que leur immaturité peut aussi avoir de bon côté. Mais ils vont devoir faire vite, car le mégalomaniaque Plankton a décidé d’asservir toute la ville…
Humour au ras des anémones
Le principal plaisir du film provient, bien sûr, de ses personnages loufoques et excessifs, de ses situations grotesques, le tout mis dans un contexte visuel surréaliste, bombardé de couleurs primaires et de formes simples, qui évoquent inévitablement des rêves d’enfants. Imaginez un film de Jerry LEWIS, dont la direction artistique aurait été confiée à un amateur de substances illicites et vous comprendrez la saveur qui se dégage de la série…
Une saveur toute particulière, que le film ne remet jamais en question : du burlesque cachant de fines touches de bonne morale. Les gags font souvent preuves d’un brillant travail dans l’art du comique – particulièrement bien dosé afin que les enfants puissent en même temps y trouvent plaisir, mais aussi développer un sens de l’humour sophistiqué. Car c’est là la force de Bob l’éponge : prouver qu’une oeuvre pour enfants – apparemment naïve – pouvait être lue à un autre niveau, et rallier ainsi les adultes.
Ainsi, aux cours des 80 minutes de film, les séquences burlesques s’enchaînent, s’appuyant volontairement sur le visuel (Bob et ses 1001 hilarantes expressions), le gag répétitif (HILLENBURG semble suivre la règle de trois : si c’est drôle une fois, répétons-le deux autres fois !), ou des dialogues souvent en demi-teintes. On retiendra donc la savoureuse et délirante scène des deux amis noyant leur mélancolie dans la… crème glacée, comme deux ivrognes videraient leurs verres de bière. Nous retrouvons aussi les – désormais classiques – séquences live mettant en scène une véritable éponge et une véritable étoile de mer simulant Bob et Patrick… Un humour bon enfant – parfois un peu lourd -, mais toujours efficace.
Eau tiède
Toutefois, le passage d’une série au grand écran n’est jamais facile. Ne faisant pas exception à la règle, Bob l’éponge prouve, une fois de plus, que 90 minutes ne permettent pas le même rythme qu’un épisode de 8 minutes. Les gags, efficaces si on aime la série, sont parfois distillés avec trop de temps mort. Plus fâcheux, le film semble simplifier l’essence même de la série.
Ainsi, les personnages secondaires – essentiels dans la série – n’ont pas un rôle à leur mesure : Carlos, le voisin tentaculaire, Sandy, l’écureuil sous-marin et même Mr Krabs sont effacés, laissant toute la place à Bob et Patrick. Il faut aussi évoquer la scène d’ouverture live, avec des pirates découvrant un trésor (des billets pour le film) – dont l’humour pourra nous laisser de marbre – contrairement à la scène suivante, où Bob se prend pour une sorte d’Arme Fatale du burger. Enfin, que penser du caméo final : David HASSELHOFF dans son propre rôle, en maillot d’Alerte à Malibu, et se prenant pour une sorte de torpille humaine ? Une séquence trop longue et, malgré son second degré assumé, finalement, pas aussi drôle que les réalisateurs pouvaient le penser.
De même, la bande originale, qui avait de quoi surprendre – avec des célébrités telles qu’Avril LAVIGNE ou Motorhead côtoyant des groupes de rock indépendant comme Flaming Lips et Wilco -, n’est malheureusement pas vraiment mise en valeur.
Il est dommage que HILLENBURG et son équipe, revendiquant une certaine « contre-culture », n’aient pas utilisé le canevas du grand écran pour pousser encore plus loin les possibilités du show. Il s’agit certainement là d’une manoeuvre de Nickelodeon qui ne voulait pas outrepasser le ton parodique pour préserver son principal public : les enfants. Bob l’éponge – le film reste fidèle à la série, distillant sa bonne humeur et une petite leçon sur la conviction et la ténacité. Les enfants adoreront retrouver leur personnage préféré, les parents pourront suivre cette aventure sans peur, et même avec quelques fous rires… s’ils adhèrent déjà à l’épileptique série originale.
Bob l’éponge – le film, sortie dans les salles françaises le 09 Février 2005.
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