Un espace manga manhwa en plein Champ de Mars, cela signifie en premier lieu poser des jamons auprès d’un public souvent constitué de néophytes. C’était ainsi le cas de la première conférence de la journée de jeudi, la bien nommée “shojo / Shonen, manga pour ados”. En compagnie de Pierre VALLS, des éditions Pika, il s’agissait donc de brosser les grandes lignes récurrentes de ces deux genres bien disctincts. Si les énumérations des thèmes chers au shonen n’apprendront rien de bien neuf aux fans du genre – à savoir le dépassement de soi, l’amitié, la primauté de l’évolution psychologique d’un héros au détriment du but de l’aventure… – le shojo en revanche se faisait remarquer par le piquant de quelques-uns de ses titres récemment arrivés en France.
Happy mania, l’anti shojo ?
Un titre comme Happy Mania semble en effet moderniser quelque peu les règles du genre : bonne nouvelle pour Pierre VALLS, qui estime que le lectorat féminin français se reconnaitra certainement davantage dans ce genre de titres que dans des oeuvres plus “pétale de roses”, qui lorgnent vers la collection harlequin… « dans le shojo pur et dur, on a le sentiment que le parcours d’une jeune fille se déroule uniquement autour de l’Amour. Cette préoccupation unique constitue peut-être un frein pour le lectorat féminin français ; en France, les jeunes filles ont tendance à se tourner vers un Love Hina par exemple, dans lequel les personnages féminins sont assez forts. Je pense que c’est à travers des séries comme Happy Mania, Fruits Basket ou Nana que le public féminin français va arriver au manga. » Une arrivée de titres à mettre sans doute sur le compte d’une évolution des mentalités au Japon : « l’arrivée de ce type de shojo moderne et réaliste, depuis une dizaine d’années, correspond à une réalité sociale, les femmes prennent plus de responsabilités au sein de la société japonaise. Dans le shonen aussi, les personnages féminins prennent de plus en plus d’importance, c’est souvent grâce à elles que l’action rebondit et avance. »
Collaborations franco japonaises
En fin d ?après-midi, après moult péripéties (un Frédéric BOILET retenu dans un autocar…), ce sont TAKAHAMA Kan et Nadia GIBERT qui se sont associées pour évoquer l’état des lieux des projets dessinés franco japonais, à travers notamment la révélation d’un projet en cours chez Casterman : sobrement intitulé Japon, pour l’instant, ce projet initié par Frédéric BOILET (responsable de la collection Sakka chez le même éditeur) convie six auteurs japonais et six auteurs français dans un même ouvrage, qui sera publié simultanément en France et au Japon.
Le but ? Mélanger les cultures bien sûr, à travers leurs particularismes respectifs comme proposer aux Japonais de travailler directement dans le sens de lecture occidental mais aussi faire connaître un autre pan de la bande dessinée franco belge aux Japonais. « Jusqu’à très récemment, on ne connaissait de la franco-belge que BILAL et MOEBIUS. ON pensait donc que la franco-belge se résumait à de la SF ! Autre problème : la recrudescence des fans de DE CRECY au Japon : on trouve maintenant des tas de copieurs de son style ! » s’amusait TAKAHAMA Kan.
Pour lever le voile sur un autre visage de la franco-belge, l’accent a été mis sur des auteurs qui privilégient la narration les Emmanuel GUIBERT, David B., Johann SFAR, Fabrice NEAUD… – ceux-là que l’on a pris l’habitude de qualifier machinalement de « nouvelle génération de la BD », quant leur talent, ayant fleuri depuis des années, n’attend souvent plus confirmation !
Le principe ? Faire venir ces auteurs dans chacune des six villes japonaises accueillant une Alliance Française, et leur demander de réaliser une fiction d’après leur séjour. Les auteurs japonais, de leur côté pour l’instant : TANIGUCHI Jiro, TAKAHAMA Kan, peut-être URASAWA… – ont été priés de dessiner sur leur pays natal. On le voit, la thématique de ce (premier ?) volume est donc exclusivement tournée vers le Japon ; appelant sans nul doute un prochain recueil miroir tourné vers la France… En attendant, rendez-vous en septembre prochain chez Casterman.
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