Jour 6 : Tous en piste !

Que calor ! Que calor !

0

La matinée commence mollement. Certains dorment, d’autres profitent du temps libre pour faire un peu de shopping. Les Brésiliens vont par exemple au Pokemon Store en espérant trouver les bestioles en peluches qui manquent à leur collection. Ils en profitent pour jeter un coup d’oeil à la scène où se déroulera la finale. Elle est pour l’instant occupée par une troupe de majorettes qui célèbre le festival d’été. Il y a aussi des équipes qui exploitent ce temps libre en bricolage de dernières minutes ou en répétition pour la chorégraphie de la finale.

À midi trente, sous un soleil de plomb, un car emmène tous les cosplayeurs à Osu. Ils traversent un magasin de manga et de vidéo pour arriver dans un café spécialement loué pour la rencontre entre les équipes occidentales et les cosplayeurs locaux. La salle est bondée et il n’y a pas de climatisation. Je vous laisse deviner l’odeur de fennec que dégage l’ensemble au bout d’une heure de macération.

Les cosplayeurs se photographient entre eux ou se font photographier par des journalistes. L’un d’eux est d’ailleurs déguisé en Luffy (héros de One Piece) pour effectuer son reportage. La place étant limitée, il est difficile de faire un pas sans entrer dans le champ d’un appareil photo ou sans écraser le pied de quelqu’un d’autre.

On peut y voir des costumes plus ou moins réussis avec beaucoup de personnages de jeux vidéo, des maids, des Keroro ou d’autres personnages plus anciens comme un Lupin III (Edgar, de la cambriole). Mention très spéciale à un panda géant qui devait sans aucun doute servir de sauna à celui qui était dans l’immense costume. Ceux qui portaient de grandes perruques ou des chapeaux devaient sans doute regretter leur choix. Anne-Cécile tente d’oublier que sa perruque rose de fille-chat fait office de micro-ondes, tandis que Lena se félicite intérieurement d’avoir choisi de représenter Nadia (Fushigi no Umi no Nadia), personnage aux vêtements peu couvrant.

En plus de cette session de photo, il y a un karoké où les cosplayeurs peuvent entonner les chansons correspondant à la série qu’ils incarnent. À un moment donné, il y a eu un jeu dont les règles me semblent toujours obscures, mais les Japonais paraissait assez contents d’y participer. C’est l’essentiel.

Pendant que la réunion entre cosplayeurs se poursuit, les managers et accompagnateurs sont amenés sur le lieu de la parade qui débute au pied d’un temple. Même s’il n’est pas aussi intéressant que ceux que l’on peut voir à Kyôtô ou Nara, il est tout de même un cadre très sympathique. Sur la place à l’entrée de ce temple, plusieurs petites échoppes proposent des plats à emporter ou des jeux. Nous sommes en plein coeur du festival d’été. Des musiciens jouent avec un tambour géant sur une estrade, des spectateurs en kimonos estivaux (yukata) se promènent en s’éventant tranquillement.

Arrive alors la horde des cosplayeurs précédée d’un cordon de sécurité qui dégage le passage et empêche les badauds de se rapprocher trop près. Une première photo de groupe est prise sur les marches du temple. Les équipes sont rejointes par trois cosplayeurs japonais selectionnés pour la finale : il y a notamment une princesse Zelda et un Link très sympathique.

Il fait de plus en plus chaud et les gens se bousculent autour des cosplayeurs pour essayer d’avoir la meilleure photo. Lorsque la troupe commence la parade dans le quartier rempli de commerces, il y a rapidement un attroupement rendant la circulation difficile. C’est un peu comme une veille de Noël dans un grand magasin parisien : il y a tellement de monde qu’on a l’impression que pour pouvoir avancer, il faut pousser trois personnes plus loin. La densité de la foule contribue à renforcer la chaleur étouffante de l’été nippon. Et c’est là que l’on comprend pourquoi les personnages ont si souvent des éventails dans les manga et les anime. Et c’est aussi là que l’on réalise l’universalité de la loi de Murphy (celle de l’enmerdement maximum) : c’est toujours quand on a besoin d’éventail qu’il n’y a pas un seul type à la ronde pour vous en distribuer un gratuitement alors qu’auparavant vous en avez pris et jeté plein.

Pour essayer de faire une photo d’ensemble, je m’étais séparée des cosplayeurs. Mal m’en a pris. Emportée par le flot, écrasée par la foule, ballottée par les gens qui viennent en contresens, je n’ai pas réussi à retrouver la troupe de l’équipe de TV Aichi avant la fin de la parade. Pendant ce temps, les équipes faisaient de leur mieux pour sourire à toutes les caméras et appareils photo qui croisaient leur route. Il y a plusieurs endroits où la troupe s’arrête pour que l’on puisse prendre une photo de groupe. Le traducteur anglais poursuit sa série de « Big big smile » pour rappeler à tous de sourire jusqu’aux oreilles.

L’équipe italienne, habillée de longs habits noirs, souffre beaucoup de la chaleur. Certaines cosplayeuses ont, avant tout, mal aux pieds car leurs chaussures ne sont guère adaptées à la marche sur des petits gravillons ou au piétinage dans la rue. D’autres sont très contentes d’avoir amené une ombrelle pour leur costume.

En fin d’après-midi, les équipes reprennent le car en direction de TV Aichi pour une émission en direct. La présentatrice est accompagnée de Tôru Furuya, célèbre pour avoir été le doubleur de Armuro Ray (Gundam) et de Seiya (Chevaliers du Zodiaque). Un cosplayeur déguisé en Gundam se trouve d’ailleurs à l’arrière-plan. Comme il y a de nombreuses équipes, on sépare le groupe en trois. Plusieurs petits reportages présentent les finales de chaque pays et la remise du billet d’avion au duo sélectionné pour ce World Cosplay Summit 2006.

L’émission finie, chaque équipe se change avant de repartir au karaoké. Pendant ce temps, les accompagnateurs, managers ou traducteurs sont réunis dans une salle où les conversations s’engagent sur des terrains curieux. On passe ainsi des théories sur l’origine des langues à la chanson « Boys Boys Boys » de Sabrina, de réflexion sur l’existence d’un Dieu au lifting de Johnny Halliday. Comment est-on passé de l’un à l’autre ? Euh, c’est une longue histoire…

Il est clair que tout le monde est fatigué et le mélange des langues n’arrange rien. Les traducteurs italien et espagnol me parlent lentement en italien pour que je comprenne mais comme le manager singapourien est largué, nous reprenons la conversation en anglais, émaillé de quelques mots japonais, car les deux traducteurs partagent aussi cette langue. L’un des accompagnateurs de l’équipe chinoise me parle dans un mélange d’anglais (qu’il ne maîtrise pas), de japonais (que je ne maîtrise pas) et de chinois (que nous maîtrisons tous deux très mal). Avec la fatigue, nous avons tendance à oublier qui parle quelle langue. Du coup je commence une question en français à un Italien qui me répond en anglais qu’il ne me comprend pas. Bref, nous ne sommes pas sortis de l’auberge (espagnole ?).

Nous sommes ensuite emmenés à la salle de karaoké où un immense buffet nous nargue : pas le droit d’y toucher avant l’arrivée des cosplayeurs. Mince alors, je suis pourtant sure que le morceau de sushi m’a demandé de le manger ! Il n’y a plus qu’à noyer la sensation de faim dans l’alcool. Heureusement, les cosplayeurs finissent par arriver sous les applaudissements de la salle (morte de faim).

Au début, tout le monde est un peu timide, mais le générique de Dragon Ball (Chala head chala) chanté par l’Italien met de l’ambiance et ce d’autant plus que Tôru Furuya entonne lui aussi la chanson. Puis tout s’emballe. Les Espagnols, particulièrement fan de Fullmetal Alchemist, chantent plusieurs génériques de la série. Certes, ils ne connaissent pas bien les paroles, mais le coeur y est ! Ils ne sont pas les seuls dans cette situation. Des petits malins ont préalablement imprimé les paroles des chansons qu’ils ont prévu de chanter en caractères romains pour pouvoir s’en sortir. Le choix des titres est très limité en dehors du japonais, du chinois et de l’anglais. Les Italiens en sont réduits à chanter « O sole mio » et nous la « Vie en rose » d’Édith Piaf. Malheureusement, nous ne connaissions pas l’air des couplets. Nous avons été sauvées par le traducteur espagnol qui connaît mieux la chanson française que nous. Oups.

Parlez-en à vos amis !

A propos de l'auteur