TAKEI Hiroyuki

L’auteur de Shaman King parle !

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La conférence de TAKEI Hiroyuki a commencé après une heure de dédicace : un exercice visiblement fatigant pour le mangaka habitué à l’exercice depuis le début du festival… Une fois la plupart des fans satisfaits (on notera le calme et la tranquillité avec lesquelles se sont déroulées les dédicaces), l’auteur put enfin répondre aux questions de Matthieu PINON.

Il y a voies et voix

Exercice difficile que cette conférence : le bruit, la fatigue et la subtilité de la langue japonaise rendent l’exercice quelque peu hasardeux. Nombre de questions pourtant fort pertinentes n’obtinrent ainsi que des réponses parcellaires, voire peu compréhensibles.
Pourtant, on aura glané quelques informations fort intéressantes dans le lot : dessiner des manga, on le sait, reste un travail très fatigant. TAKEI le confirme encore : il lui faut livrer 19 planches hebdomadaires à son magazine Shônen Jump. Deux jours sont consacrés au découpage des planches et aux esquisses, et les trois ou quatre jours suivants lui permettent de terminer ses dessins. Pour abattre ce travail de titan, il a besoin de pas moins de cinq à six assistants. Se considérant comme un mauvais père (il a une femme et un fils), l’auteur concède néanmoins se réserver un jour de congé pour s’occuper de sa famille.

Un message à passer ?

Parmi les autres points intéressants, on apprendra, entre autres choses, que TAKEI a commencé comme assistant chez WATSUKI Nobuhiro, l’auteur de Kenshin le Vagabond, où il fit la connaissance de ODA, aujourd’hui mangaka de One Piece. Ensemble, les deux hommes créent une façon de dessiner les shônen plus originales (grands pieds, grandes mains, corps élancés…) qui va faire école…
Par ailleurs, l’auteur reste assez objectif sur son travail : s’il révèle avoir un réel intérêt pour les traditions et si le respect de la nature devient le sujet principal de Shaman King à compter du tome 17, il n’imagine pas les lecteurs passionnés par le sujet. Il lui faut donc assurer un rythme narratif toujours parfait pour ne pas décevoir son lectorat : l’humour lui sert ainsi à donner la mesure.
Interrogé sur son encrage particulier, et sa façon d’utiliser de grands aplats de noirs plutôt que des trames, il révèle tirer cette technique des comics américains ou de la BD franco-belge. Ainsi aime-t-il particulièrement Hellboy de Mike MIGNOLA, et se déclare-t-il ravi d’avoir pu rencontrer à Angoulême BARU (L’autoroute du soleil), dont il a découvert le travail japonais qui lui a beaucoup plu.

De polémiques en piques

Au chapitre polémique, on relèvera ce grand moment d’humour, lorsque Matthieu PINON demanda à l’auteur pourquoi, parmi les accessoires du chaman, on retrouve… une feuille de cannabis ! Réponse très gênée de l’auteur n’osant pas (ses supérieurs hiérarchiques se tenant juste devant lui) expliciter le choix de cette célèbre plante. On appréciera la galanterie de l’animateur lui offrant une porte de sortie habile en suggérant qu’« il s’agit sûrement de la prise de drogue nécessaire pour entrer en transe et pouvoir invoquer ses esprits fantômes ». « Oui ! », répond, enthousiaste l’auteur, bien content d’avoir pu retomber sur ses pieds…

Il faut aussi savoir qu’au Japon, le 32e et dernier tome de Shaman King a déclenché la polémique puisqu’il s’arrête sur une non-fin, laissant à penser que l’auteur a sans doute connu des problèmes avec son éditeur (le même problème avait déjà eu lieu sur Butsu Zone, son manga précédent). Mal à l’aise, le mangaka explique alors « que la série s’éternisait et que, si quelques tomes supplémentaires n’auraient pas été de trop, la conclusion le satisfait. » Puis, il se ravise, demandant à Matthieu PINON « s’il connaît les problèmes ayant entouré la sortie de ce dernier volume. » Notre collègue lui répondant par la positive, TAKEI lui demande alors poliment « de ne plus l’interroger sur ce sujet. » Ambiance…

Dernier tir au but


Pour finir, votre serviteur n’a pu résister à l’envie de poser à l’auteur une question lui tenant plus particulièrement à coeur, à savoir : « que ressent un mangaka du Weekly Shônen Jump à devoir constamment se confronter à la référence du genre, Dragon Ball de TORIYAMA Akira ? » Le regard de TAKEI change soudain, on le devine concerné. « J’adore TORIYAMA ! Dans ses oeuvres, on retrouve tous les éléments ayant assurés le succès du shônen. Il n’y a pas de défauts dans son travail, aucun gâchis. Pour moi, me confronter à lui est challenge impossible à remporter. »
Trop rarement a-t-on le plaisir d’entendre un auteur se livrer avec sincérité. Malgré sa fatigue, TAKEI Hiroyuki aura fait l’effort de donner à son public de son temps et de son énergie.

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