Même si elles sont nombreuses, les rencontres entre le public et les invités, au cours de festivals, sont généralement très protocolaires : les professionnels apparaissent alors comme des personnes austères, venus uniquement pour le travail et ne profitant pas des loisirs proposés. Et pourtant…
SAKAMOTO Ryosuke, célèbre pour son interprétation de Force Rouge dans Bioman, était venu pour s’amuser, faire plaisir au public, mais également à lui-même. Il suffisait de voir son équipement apporté spécialement pour l’occasion : outre le bombers argenté de la série, le comédien était également venu avec une réplique de sa montre bionique, ainsi que sa paire de mitaines. Souriant, décontracté, c’est avec une vraie gentillesse, plus que l’habituelle politesse japonaise de convenance qu’il saluait tout le monde en salle VIP, et proposait même aux cosplayeurs présents de poser en photo à leurs côtés. Entièrement dévoué à sa cause, il participa même en tant que « guest-star » au concert Manga Fever du dimanche, à la fin du tableau sentaï, sous les acclamations d’un public aux anges.
Mais, malgré son statut particulier d’invité de prestige, SAKAMOTO n’en reste pas moins un passionné qui osa à peine demander, timidement, à OKASEKO Nobuhiro, le character designer d’Olive et Tom, une dédicace… qu’il brandit à bout de bras, fier comme Artaban, une fois celle-ci accomplie.
La célébrité de Mr OKASEKO a elle aussi dépassé les frontières, à la grande surprise de sa propre famille. Ainsi, alors que sa fille visitait le salon, elle montra un étonnement non feint en découvrant la photographie de son géniteur dans l’AnimeLand #42, et compulsa l’intégrale de la collection sur le stand, découvrant avec joie des articles sur les séries qu’elle avait affectionné à la télévision. Grande fan de City Hunter, celle-ci interpréta vaillamment un des génériques de la série au Karaoke Box.
Mais la palme de la convivialité revient sans doute à GOTÔ Keiji, character designer de Nadesico, Gate Keepers ou Vandread. En effet, c’est spontanément qu’il a apposé sa signature sur tous les costumes d’un groupe Kiddy Grade, dernier titre en date sur lequel il a travaillé, et qu’il a applaudi de tout coeur lors de leur prestation au cosplay.
Le cosplay… Cette mystérieuse occupation des animefans tellement obscure aux yeux de nombre de nos concitoyens… Est-il besoin de souligner à quel point les dessinateurs franco-belges invités à Japan Expo étaient curieux de découvrir ce spectacle ? Et les Japonais, quant à eux, furent stupéfaits des performances des occidentaux dans une discipline qu’ils pensaient réservée à leur propre pays. Ce sont donc des VIP ravis qui ont assisté au show du dimanche, aux premières loges, malgré les problèmes de son (à deux mètres des enceintes). On se souviendra d’une ALGESIRAS confiant : « C’est terrible, tout le monde meurt dans cette série » avec un grand sourire aux lèvres, en voyant la prestation d’un groupe X.
Philippe BUCHET y était également présent, applaudissant à tout rompre l’hilarant groupe Yu-gi-Oh!. Ce même dessinateur dut cependant partir avant la fin du spectacle pour prendre part au jeu auquel tous les invités rêvent de participer : le désormais mythique Sushi Quiz ! Ses collègues (Christian LEROLLE, TRANTKAT et Jean-David MORVAN) et lui se sont démenés comme des beaux diables pour mettre l’ambiance dans le forum du CNIT. Mais le plus heureux des participants à ce jeu fut sans conteste Marcus. L’ex-animateur de Game One a retrouvé son collègue de l’époque Jean-Pat pour affronter Philippe PEYTHIEU et Véronique AUGEREAU, les voix d’Homer et Marge Simpson, pour un Gros Sushi d’anthologie dans l’amphithéâtre, le samedi. Outre ses bons mots spontanés (« Les haricots magiques, ça sert à faire péter le Géant Vert »), il a pu doubler en pure improvisation un extrait de Dragon Ball GT devant un public qui en redemandait. Il suffisait de voir la lueur brillant dans ses yeux pour deviner le plaisir qu’il avait d’être à Japan Expo. D’ailleurs, il fit même entrer sa bande de fans dans l’espace VIP pour profiter un peu plus de cette ambiance. L’amphithéâtre fut également le lieu de ces petits moments de grâce qui semblent apparaître par magie. Outre la participation de Force Rouge au Manga Fever du dimanche citée plus haut, on citera la performance d’ENRIQUE, qui interpréta a cappella le premier couplet en japonais, s’il vous plaît, du générique original de Goldorak, repris en choeur par les invités japonais présents, dans une ambiance délirante.
Quant à Valérie BAROUILLE, son cadeau fut plus discret, mais tout aussi appréciable pour le public. Alors que la cérémonie des Momos d’Or avait déjà lieu avec deux heures de retard, de nombreux incidents techniques vinrent ajouter une trentaine de minutes au délai. Face à l’adversité, malgré son épuisement et sa voix enrouée par trois jours intensifs, Kamel fit tout son possible pour faire patienter les cosplayeurs attendant la remise des prix, et les incita à venir à leur tour faire le spectacle. On eut ainsi droit au strip-tease d’un cosplayeur déguisé en Funky Cop, à la chanson de la Fée Clochette… et à un adorable groupe de cinq fillettes, âgées d’environ cinq à treize ans, venues interpréter le générique de Jeanne et Serge, hélas interrompu par une panne de son. C’est à ce moment que la chanteuse originelle revint sur scène, alors qu’elle était prête à partir, pour chanter avec les 200 personnes restantes ce même générique, sans aucun artifice (ni micro, ni musique).
Nombre de phrases plus amusantes les unes que les autres furent prononcées durant ces trois jours, reflets de la bonne humeur et de la joie éprouvées par les invités venus sur le salon. Ainsi, Bernard DEYRIES et René BORG, taquins, demandèrent à Jean CHALOPIN si Bruno BIANCHI « avait dû coucher pour obtenir le poste de réalisateur sur Inspecteur Gadget » au cours de la conférence sur cette série.
Bien sûr, d’autres souvenirs ont été partagés entre le public et les hôtes du salon. Bien sûr, d’autres événements du même acabit furent partagés en privé, entre invités… Mais ces petits moments de bonheur pur prouvent, si besoin était, combien ces hôtes prestigieux étaient heureux de venir à Japan Expo, heureux de rencontrer leur public, et cherchaient à aller plus loin que les schémas habituels de festivals (conférences sans intervention du public, séances de dédicaces assez froides…). Tous ont été ravis de cette relation privilégiée, de ces cadeaux réciproques et de cette volonté commune de développer leur passion. Nul doute que beaucoup d’entre eux seront présents lors d’une sixième édition de Japan Expo, pour perpétuer cette ambiance qu’on ne peut trouver que dans un tel festival.
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