Les sorciers sont parmi nous. Mais nul ne le sait… excepté les membres de la STN, l’organisation de gestion des sorciers de Salomon. La STN a une influence mondiale, travaillant de concert avec les gouvernements et les polices de chaque pays. Le Japon étant un des pays où le taux de sorcellerie est le plus élevé, c’est tout naturellement que, six mois après le décès d’un de ses membres, la STN-J (J pour Japan) se voit attribuée un nouveau membre, afin de regonfler le moral des troupes. C’est une jeune fille de 15 ans élevée dans un monastère, Robin, qui se présente aux locaux de cette brigade particulière.
Si les deux grands chefs sont relativement âgés, la brigade, toujours partie sur le terrain, est composée de très jeunes membres, possédant tous un don particulier… et celui de Robin l’est encore plus. Possédant un “Craft”, celle-ci maîtrise le pouvoir du feu et peut enflammer des objets ou des personnes en posant son regard dessus.
Afin de pouvoir maîtriser (et non pas tuer) les sorciers, les membres de la STN-J ont à leur disposition les meilleurs outils, en plus de leurs pouvoirs paranormaux. En premier lieu, leur équipement. Tous les chasseurs de sorciers portent en pendentif l’Orbo, une substance verdâtre qui réduit, voire annihile, les sorts que peuvent leur lancer leurs cibles. C’est cette même substance qui est enfermée dans les munitions qu’ils tirent, à l’aide de pistolets spéciaux. En second lieu, un réseau informatique de pointe, géré par Michael Lee, hacker tenu en otage par la STN-J, réseau dans lequel se trouve la plus grande base de données concernant les sorciers. Celle-ci a été obtenue au fil des ans, en suivant la lignée des sorciers, les pouvoirs extra-normaux semblant être héréditaires.
Si les premiers épisodes présentent des intrigues “classiques”, la série soulève bien vite de nombreuses questions et trouve son essor à partir de l’épisode 11.
Un pan du voile est levé sur l’origine des sorciers, et Robin semble dôtée d’un talent bien particulier. Cette révélation n’est pas donnée gratuitement, bien entendu, et c’est avec surprise que l’on voit la STN-J se faire prendre d’assaut, forçant Robin à fuir. Sur cette intrigue particulièrement sombre viennent se greffer des mystères toujours présents à l’esprit qui apportent encore plus de suspense. Quel est au juste le rôle d’Amon à la STN-J ? Qu’est-ce que le “Craft” ? D’où vient cette friction entre la STN-J et la “Factory”, étrange organisation qui se charge de récupérer les sorciers capturés ? Que deviennent ceux-ci ? Et bien d’autres questions encore, car Witch Hunter Robin distille ses mystères tout au long de l’histoire, l’essentiel des éléments-clefs étant connus, alors que leurs origines restent floues.
Concepteur original de Witch Hunter Robin avec YADATE Tadashi, MURASE Shuko (dessinateur sur Gundam Wing), le réalisateur, a su créer une série comme on en avait rarement vu. Dès le premier épisode, tous les repères auxquels l’animefan était habitué sont bousculés. Le character-design de TAKAHASHI Kumiko (Card Captor Sakura) tranche par rapport aux poncifs du genre : les personnages sont fins, élancés, mais surtout paraissent adultes, quand bien même le script les définit comme adolescents. Les décors intérieurs sont tous traités de la même façon, à savoir… l’infographie ! Si certaines scènes (notamment l’ouverture de portes ou l’ascenseur dans les locaux de la SNT-J) font parfois penser à un jeu vidéo (mais on peut éventuellement y voir un clin d’oeil à des jeux comme Resident Evil ?), l’intégration personnages 2D-décors 3D se fait sans aucun heurt, surtout grâce à un “flou artistique” sur les textures.
Quant aux épisodes en eux-mêmes, on les croirait tout droits sortis de séries telles que Profiler ou Millenium. Plus que les combats avec les sorciers, c’est l’enquête, le doute des membres de la STN-J (Robin cherche sans cesse la reconnaissance d’Amon), l’angoisse de sorciers dépassés par leurs pouvoirs qui prédomine et donne le ton de la série. Ainsi, dans l’épisode 10, qui nous montre l’équipe à la recherche d’un sorcier dans le restaurant voisin tenu par Harry, l’intrigue de départ est totalement oubliée, pour mieux nous montrer les relations entre Harry, qui a brisé son pouvoir et son fils, traité comme un monstre de par son pouvoir, rejeté par tous y compris par son père.
L’un des points forts de Witch Hunter Robin est d’ailleurs la façon dont le thème du sorcier est traité. On se retrouve à mille lieues de la vision qu’en donne la sage des Harry Potter, devenue aujourd’hui figure de proue de la sorcellerie contemporaine. Ici, les sorciers (toujours appelés “witch” en VO) sont des êtres comme vous et moi, victimes d’un pouvoir paranormal obtenu par hérédité, et incontrôlé car non désiré.
Qui plus est, ces sorciers ne sont absolument pas définis comme l’incarnation du mal absolu, des êtres à éradiquer pour le bien de l’humanité. La cohabitation entre humains et sorciers semble impossible, et certains membres de la STN-J iront jusqu’à se demander quel est le but de leur traque sans relâche. Point de formules magiques ou de sorts lancés à l’aides de baguettes, donc, mais bel et bien une lutte acharnée entre des êtres dotés de pouvoirs paranormaux qui ont choisi leur clan, sans pour autant avoir perçu toutes les conséquences que leur décision pouvait engendrer.
Encore en cours de diffusion au Japon (l’épisode 17 a été diffusé à la fin du mois d’octobre), Witch Hunter Robin mélange atmosphères intimistes et suspense haletant, développe mystères sur mystères, et est portée par une mise en scène sobre et inventive, transcendée par la musique d’IWASAKI Taku (Read Or Die, OAV de Kenshin, L’Autre Monde). Une réussite, donc, que l’on espère voir bientôt dans nos contrées, ce qui ne saurait tarder, au vu du potentiel de cette série.
© Sunrise
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