Man of Steel
J'ai vu le film vendredi, et voilà, j'ai adoré ! Pas loin d'être mon film de super-héros préféré !
L'histoire revient à la base du personnage, en commençant par Krypton et sa destruction imminente. On s'intéresse donc dans la première demi-heure à Jor-El et Lara (les parents de Kal-El / Clark Kent), alors que la planète Krypton vit ses dernières heures.
Loin de la Krypton décrite par Richard Donner (froide, blanche et déshumanisée à dessein), cette version-ci est plus rocailleuse, sauvage, agitée. Et pour cause, la terre tremble, et les dirigeants savent que leur heure est arrivée.
Les kryptoniens sont une civilisation très avancée technologiquement. Les enfants ne naissent plus de manière naturelle, l'eugénisme a pris le pouvoir. Il y a un petit côté Matrix dans la façon dont naissent les bébés, qui sont “cueillis” et dont la fonction au sein de la société est prédestinée.
On passe de cette partie bien développée (en se disant qu'un film entier aurait très bien pu être réalisé sur cette période), à l'arrivée de Kal-El sur Terre.
Intelligemment, on passe tout de suite au Clark Kent adulte, ne révélant la jeunesse du kryptonien exilé que par bribes de flashbacks tout au long du film.
Ces moments sont par ailleurs marqués par des cadrages et des choix de plans évoquant la nostalgie de l'enfance (un seau d'eau rempli par la pluie, un papillon coincé dans les mailles d'une chaîne, un arbre qui frémit sous le vent, un jouet abandonné dans l'herbe, le jardin de la maison familiale…), renforçant le sentiment d'appartenance de Superman à la race humaine, et motivant par là-même le but du film, nous montrer l'Homme que tend à être Superman, et non le Dieu qu'il est aux yeux des humains (opposant ainsi Jor-El à Jonathan Kent).
C'est d'ailleurs ainsi que le film est découpé, après la partie Krypton. Deux parties : L'une nous montre Clark Kent cachant ses pouvoirs, se cachant lui-même de l'Humanité, tout en venant en aide aux opprimés, suivant les conseils de son père adoptif. L'autre partie nous montre Superman se révélant au monde alors qu'il apprend quelle est son origine, guidé par son père génétique. Le résultat de ces deux influences prendra forme peu à peu, jusqu'à la toute dernière scène du film !
C'est aussi l'arrivée de Zod sur Terre qui motivera ce changement !
Accompagné d'autres kryptoniens, dont la terrible guerrière Faora (j'y reviendrai), il exige qu'on lui livre Kal-El. Marquant le début de la seconde partie du film, on bascule dès ce moment dans un enchaînement de scènes d'action frénétique ! Pas de doute, on a affaire à un combat de titans, ou de dieux !
Zod est un être plus complexe qu'il n'y paraît au premier abord, marqué par son amitié avec Jor-El, autant que par le devoir dont il se sent investi, pensant oeuvrer pour le bien de son peuple. Son opposition à Kal-El est ainsi motivée par son envie de faire renaître le peuple de Krypton, le forçant à faire preuve d'extrémisme envers la Terre.
Loïs Lane est une véritable reporter d'investigation, fidèle à l'image qu'on s'en fait, plus moderne que toutes ses précédentes incarnations, qui ne savaient pas combien de F il y avait dans le mot “catastrophique”…
Ici, elle cherche à découvrir l'identité de cet homme qui lui a sauvé la vie, et fait preuve d'une véritable perspicacité. Sa relation avec Clark Kent fait partie des quelques chamboulements que ce film apporte dans l'univers de Superman, ce qui est loin d'être une mauvaise chose, au contraire. On peut même dire que cette fois, elle est sur un pied d'égalité avec l'Homme d'Acier.
Et Clark Kent donc, dont l'allusion messianique est à peine voilée (il a 33 ans lorsqu'il se dévoile aux yeux du monde, il se sacrifie pour les Hommes, et autres joyeusetés de ce genre) ! Oui, Superman est définitivement un héros du type Messie.
Il n'en reste pas moins pour autant le Superman le plus humain, le plus terre-à-terre des incarnations filmées jusqu'à présent !
Il est faillible, prompt à la colère, solitaire, peu sociable, et même légèrement défaitiste !
On sent poindre l'humanisme de Superman au fur et à mesure de ses choix et de ses erreurs. C'est faible, c'est peut-être léger, mais c'est là depuis le début.
Le film aborde vraiment le côté débutant de Superman. Que ce soit en tant que Clark Kent comme en tant que Superman (et la limite entre les deux “personnages” n'est pas clairement définie), Kal-El n'est qu'au commencement de ses aventures, et on le ressent bien à tous les niveaux. Ce n'est encore qu'un enfant, au fond, résultat des aspirations de ses pères quant à son rôle à venir dans le futur de l'Humanité.
Enfin une vraie alternative au Superman de Richard Donner, que Superman Returns tentait maladroitement de reproduire. Enfin, une vision différente !
Personnellement, je vois dans ce Man of Steel une parfaite adaptation de l'esprit comics de Superman ! On a de l'action, beaucoup d'action, mais aussi une vraie réflexion sur les thèmes abordés dans les comics sans que cela n'alourdisse le film (comme dans Superman Returns). Superman est un extra-terrestre intégré, solitaire, foncièrement bon. Mais c'est aussi un redoutable combattant, à la force sans limite (j'insiste sur ce point, vous comprendrez en voyant le film), et devant faire face à des menaces proportionnelles. Superman se bat, et un coup de poing de Superman dans la tronche, ça fait mal ! Vous le ressentirez !
Terriblement attaché à la racine Comics, Man of Steel est rempli de références aux aventures de Superman sur papier !
Pêle-mêle : Birthright (sorti en France chez Urban sous le titre Les origines), avec la signification du “S”; La Mort de Superman, pour un personnage proche de Doomsday (j'y reviendrai); Pour Demain, lorsque Superman vient voir le père Leone; All-Star Superman, avec la tirade de Jor-El (“…Ils te rejoindront dans le soleil“), même la série TV Smallville a droit à quelques références, à travers quelques noms apparaissant çà et là dans les flashbacks de la jeunesse de Clark.
D'ailleurs, il n'y a pas que des références au Superman des comics dans le film. Pour celles et ceux qui ont vu Sucker Punch, ce n'est pas un secret, Snyder rend hommage à la japanimation à travers divers clins d'oeil. Man of Steel est certes plus discret à ce sujet (licence oblige) mais on ne peut s'empêcher de parfois faire des rapprochements, lorsque Superman affronte le général Zod et ses soldats ! Des combats dans les airs ? Des personnages qui vont tellement vite qu'ils disparaissent ? Faut-il vraiment citer Dragon Ball Z ? <img src="style_emoticons//happy.gif” style=”vertical-align:middle” emoid=”^_^” border=”0″ alt=”happy.gif” />
Et ce n'est pas tout, certains personnages nous ramènent aussi vers la mythologie Toriyamaesque ! Le kryptonien très grand accompagnant Faora, 'savez comment y s'appelle ? Nam-Ek ! ^^ Cela dit, Nam-Ek apparaît dans les comics Superman en 1974, alors disons que c'est une étrange coïncidence ! 😂
Et Faora est clairement une version féminine de Vegeta ! Ce personnage aurait mérité plus de temps d'antenne, tant elle est impressionnante à chacune de ses apparitions ! Véritable guerrière, elle oppose à la force brute de Kal-El son expérience du combat rapproché, et met une véritable déculottée à l'Homme d'Acier !
Il n'est pas anodin de comparer Dragon Ball à Superman, sachant que les origines et l'évolution des deux extra-terrestres (Clark Kent et Son Gokû) sont proches, ce qui n'a visiblement pas échappé à Zack Snyder ! (D'ailleurs, de la même manière, Toriyama n'a jamais caché son affinité pour le Kryptonien !)
La bande-originale de Hans Zimmer est sublime, mais souffre cependant parfois d'un mauvais positionnement. Il arrive que certaines scènes qui n'en ont pas besoin soient agrémentées d'une symphonie trop pompière, alors que d'autres qui mériteraient pareil traitement soient habillées plus discrètement.
Cependant, les thèmes légers au piano sont toujours bien amenés et correspondent parfaitement à l'ambiance décrite.
Cela étant dit, le thème principal de Man of Steel est absolument magnifique, avec une montée en puissance magistrale ! 😃
Dans le dernier chapitre, je vais évoquer la polémique autour de la fin du film, ce sera donc rempli de balises spoilers !
Une citation qui motivera mon avis sur le film :
“L'expérience, c'est le nom que chacun donne à ses erreurs.“
Oscar Wilde (ma minute Mathieu Noël ! ^^)
On reproche à Superman dans ce film de ne pas être parfait…
Oui, Superman n'est pas parfait ! Ce n'est pas le Superman que l'on voit dans Kingdom Come, celui qui sauve les gens et empêche les catastrophes d'arriver avec une précision chirurgicale ! Ce Superman-là a du vécu derrière lui ! Pas celui de Man of Steel.
Le Superman de Man of Steel débute ! Il vient de comprendre d'où il vient, et presque en même temps il vient de se heurter à des êtres aussi forts que lui !
Evidemment qu'il détruit des bâtiments, bien sûr qu'il ne peut pas sauver tout le monde !
Et enfin, et là on est dans le coeur même de la polémique principale, de ce que reprochent les fans qui critiquent le film le plus durement, oui, Superman est faillible. Il a dû ôter une vie. Il a choisi de tuer Zod plutôt que de le laisser tuer une famille.
On apprend plus de nos erreurs que de nos succès !
J'ai de plus envie de croire que cet évènement aura des répercussions dans MoS 2, à n'en pas douter.
On avance aussi que Superman n'a jamais tué, ce qui est faux.
On approche là du parallèle que je souhaite dresser entre deux personnages de l'univers du Comic Superman.
Le général Zod de Snyder est, à mes yeux, le parfait mélange entre Zod version comics (jusque là, pas de surprise) et… Doomsday. Comment ne pas penser une seule seconde à Doomsday lorsqu'on voit comment le général Zod se définit ?
Doomsday est un être conçu pour anéantir et haïr toute chose vivante. Tout comme Zod dans le film, qui est né pour être un soldat parfait, impitoyable. Que fait l'Homme d'Acier face à Doomsday ? Une force naturelle que rien n'arrête ? Il combat à mort ! Et le combat se poursuit en ville, où aucune construction humaine n'arrive à résister aux assauts des deux titans. Résultat : la mort des deux combattants (et même si Doomsday revient à la vie par la suite, le fait est qu'il a été tué par Superman).
Oui, Superman a déjà tué dans les comics.
Personnellement, je le dis sans détour, voilà pour moi le meilleur film de Superman jamais créé ! Tout comme Richard Donner, à l'époque, s'est appliqué à livrer une nouvelle vision de Superman, loin de celles des films en Noir et Blanc, Zack Snyder (et David Goyer par la même occasion) s'est éloigné de la vision de Donner pour donner la sienne (ce n'est pas un film de Nolan, contrairement à ce que beaucoup veulent faire croire).
Certains rétorqueront que le film est froid. Il n'en est rien.
Voilà un film qui ne cherche pas à justifier ses scènes d'action en les contrebalançant par une lourde introspection du super-héros sur sa place dans la société face aux humains “normaux”. Ici, les actes parlent d'eux-mêmes et engagent le spectateur à la réflexion, sans le guider pour autant.
Voilà un film qui n'a pas honte de ses racines bédé-esques, et qui les assume au-delà du symbolisme (on a trop souvent entendu le fameux “C'est un oiseau ! C'est un avion ! Non, c'est Superman !” pour être surpris de ne pas l'entendre ici ! Par contre, on a droit à des citations mot par mot de quelques-unes des meilleures oeuvres écrites sur l'Homme de Demain !), invitant le spectateur curieux à se tourner vers les comics, sans pour autant le noyer dans des références qui lui échapperaient.
Tout ce qui se passe dans ce film est de plus sujet à un développement ultérieur dans un plus que probable Man of Steel 2.
Enfin voilà un film qui nous montre Superman comme on nous l'a rarement montré au cinéma : Humain !
Je retournerai le voir, c'est certain ! 😃 😃 😃
"With the first link, the chain is forged. The first speech censured, the first thought forbidden, the first freedom denied, chains us all irrevocably." -Jean-Luc Picard
Star Trek - The Next Generation / The Drumhead