La nuit est tombée depuis bien des heures. La lune est haute dans le ciel et ne se cache du soleil que très peu, éclairant l'orée de la Forêt interdite d'une lumière pâle mais amplement suffisante à la l'individu qui s'avance vers les premiers arbres délimitant la forêt. Il semble hésiter une seconde avant de pénétrer dans ce lieu peu rassurant, mais c'est à peine s'il réduit la taille de ses enjambées. Une fois dans le noir quasi-total que le toit de végétation impose à tout imprudent visiteur, il décide de ne pas sortir sa baguette. Non point qu'il pense pouvoir passer inaperçu dans cet environnement qui n'est pas le sien, mais lumos ne ferait qu'attirer l'attention et surtout laisserai filtrer un soupçon de faiblesse et de peur ce qui attirerait encore plus que la lumière des créatures amplement plus dangereuses pour le sorcier encore inexpérimenté qu'il est que tout ce que la lumière pourrait lui éviter comme rencontres malencontreuses.
Il n'a de toute manière pas l'intention d'aller bien loin. Il sait que les acromantulas sont nombreuses plus profondément dans la forêt et ce qu'il cherche n'aime pas du tout cet animal. L'inverse est tout aussi exact mais face à une acromantula peu de serpents peuvent espérer survivre.
Il rencontre enfin une jeune vipère. Elle ne peut pas le renseigner sur ce qu'il veut savoir mais lui "explique" (il déduit de ses "propos" serait plus exact) qu'il doit longer la lisière sur un kilomètre vers l'est s'il veut espérer tomber sur des serpents qui soient un peu plus intéressants. Il marche donc durant ce kilomètre, la baguette sous la cape, prête à être brandie en moins d'une seconde. Il doute que cela puisse lui servir contre certaines des créatures qui peuplent cette forêt, mais les risques sont mesurés. Il est proche de la lisière et les êtres réellement dangereux ne s'y aventurent que rarement et toujours avec un but. Une rencontre avec un sorcier n'est jamais la bienvenue pour ces êtres. Ils savent qu'ils peuvent tomber sur un Salazar Serpentard, un Albus Dumbledore ou même un simple Auror, qui ne se laisseraient pas tuer aussi facilement, voire, pourraient même les défaire. Aussi, alors qu'il marche, la lisière toujours en vue à quelques dizaines de mètres, Baklael se rassure à l'idée que les probabilités soient faibles d'une rencontre avec quelque chose, presque quelqu'un dans certains cas, qui puisse lui causer un véritable tort.
Au bout de 15 minutes il estime qu'il a assez avancé, tourne totalement le dos à la lumière salvatrice de la lisière et marche, conscient que les choses sérieuses vont commencer. Il est déjà à bout de nerfs, tremble sous l'effet de l'excitation et de la peur mais marche.
Pendant 10 minutes, il ne croise pas une seule créature. Les faibles semblent l'éviter, les puissantes n'ont rien à faire dans les parages. Il finit par lancer quelques sifflements et bientôt des serpents de toute sortes l'entourent. Il n'a alors plus de doutes, il n'est plus sur le territoire des Acromantulas. Cependant, il n'apprend rien de plus en discussion que ce constat issu de l'observation de la situation. Ces serpents ne sont guère intelligents et c'est avec difficulté qu'il parvient à se faire comprendre. Il finit cependant par apprendre d'un crotale qu'un énorme serpent est présent dans les parages.
"Un énorme serpent…"
Baklael reprends donc sa marche, après avoir ordonné à quelques serpents de le suivre, tous venimeux. Il sent encore la peur tordre son ventre mais l'excitation commence à prendre le dessus. Se pourrait-il qu'il arrive à la fin de sa quête aussi rapidement ? La présence de "l'énorme serpent" lui est confirmée par plusieurs petits serpents nocturnes quoique leurs renseignements soient flous. Les gens pensent souvent que le Fourchelang permet de dialoguer avec les serpents. C'est faux. Ce sont des animaux et leur cerveau n'est pas assez développé pour avoir un langage digne de ce nom. Ils comprennent les indication simples qui leur sont "sifflées" mais ne sont capables d'offrir que des informations extrêmement simples liés à leur sensation comme "je perçois une odeur ici" ou "j'ai vu ceci". Quant à la notion de temps, Baklael sait très bien que seuls quelques serpents exceptionnellement intelligents peuvent préciser un "hier" ou un "il y a deux jours". Sauf, bien sûr, quelques espèces magiques…
Quand il aperçoit "l'énorme serpent" un terrible vent de déception s'engouffre en lui. En temps normal, il aurait sauté de joie de découvrir un tel animal, mais après une demi-heure ("seulement une demi-heure !" pense-t-il tout en sifflant un juron) de marche dans les ténèbres de la Forêt interdite, ses attentes étaient plus hautes.
Il reprend cependant son calme, songeant que c'est déjà une découverte importante. Et il pourra certainement en apprendre un peu plus sur cette partie de la forêt par cette femelle python qui doit facilement dépasser les huit mètres mais qui dispose surtout d'un cerveau d'une taille plus importante que les petits serpents qui l'accompagnent actuellement. Il perçoit alors dans le sifflement de la femelle qu'il venait de décider de nommer Lumos, trouvant le nom de circonstance, ce qu'il attendait depuis son entrée dans la forêt. Un mélange de peur et de fascination, de vénération presque. Il croit d'abord que cela lui est destiné, mais il réalise rapidement que c'est un évènement que Lumos a ressenti dans le passé qui lui inspire ces sentiments. Elle "parle" alors d'un serpent énorme et fort. D'un œuf que ce dernier a laissé dernière lui et qu'il lui a ordonné de garder.
Baklael réalise alors que l'œuf en question est posé sur un nid juste en dessous de la branche sur laquelle est enroulée Lumos. Son cœur fait un bond énorme quand il pense doucement : Lumos : Il a devant lui ce qu'il cherche depuis qu'il sait qu'il est sorcier -peut être même depuis qu'il a perçu la présence d'un serpent énorme dans la mémoire collective de serpents du monde entier qu'il a pu questionner depuis son plus jeune age- il a devant lui un œuf de Basilic.
En s'en occupant correctement, se dit-il, il peut le faire éclore en moins d'un mois. Peut être une semaine. Il faudra au Basilic des années, voire des dizaines d'années, pour atteindre sa taille adulte mais son regard devrait se réveiller rapidement. Peut être dans l'année. Baklael se rend compte qu'il s'est mis à trembler tellement fort que les serpents autour de lui s'interrogent sur sa santé. Il réplique qu'il va bien. Très bien même. Et se saisit de l'œuf.
Il ne s'attarde que pour ordonner à Lumos de rester près de la lisière bordant Banquiselard, se disant qu'il pourrait bien avoir besoin d'elle dans le futur. Il sent bien qu'il s'est aussi attaché à elle mais préfère repousser cette idée, il a toujours été trop sensible et c'est un frein quand on veut atteindre ses objectifs. Soudain il aperçoit une ombre à sa droite, il tente de sortir sa baguette et regrette de ne pas être gaucher quand son coude heurte la forme sombre l'empêchant de pointer sa baguette vers elle. Il se jète alors sur le coté et lance un sort de stupéfiction. L'ombre ne semble pas réagir à la menace mais ne tombe pas non plus après avoir été touchée par la lumière rouge. Baklael "siffle" alors à Lumos d'emmener l'oeuf, ce qu'elle fait, l'avalant, avant de glisser pour s'éloigner vers le lieu que lui avait indiqué Baklael comme point de RDV non loin de la lisière. Au même moment, Baklael a de nouveau brandit sa baguette et lance d'une voix étonnement calme : "Ma prochaine attaque sera moins inoffensive qu'une simple stupéfctxion. Je suppose cependant que vous ne me voulez pas de mal…"
Il préfère s'arrêter là. L'ombre en question n'étant autre qu'un individu aux proportions surréalistes, à la barbe légèrement grisonnante mais particulièrement touffue et qu'il reconnait à la lumière de la lampe comme étant Rubeus Hagrid, son professeur de soin aux créatures magiques. Pendant un instant, il se demande s'il ne pourrait pas demander son aide au demi-géant pour prendre soin de son Basilic. Pensée qu'il rejète rapidement. Il serait absurde de courir le risque d'être dénoncé, volontairement ou non, alors qu'il est persuadé d'être à la hauteur de la tâche qu'il s'est lui même confié.
Une petite demi-heure plus tard, il a droit à plusieurs sermons successif, mais on l'envoie rapidement dans son lit qu'il est prié de ne plus quitter en pleine nuit. Il sait déjà que cette prière ne sera pas entendue mais il fait mine d'accepter avec contrition les reproches avant de se retirer vers sa salle commune. Il tremble encore d'excitation à l'idée de cet œuf qui l'attend et c'est dans ses pensées qu'il passe le peu d'heures qui le séparent du matin.
Une fois ce temps écoulé, il se lave rapidement, prépare ses affaires et quitte la salle commune prétextant se rendre à la bibliothèque ; ce qu'il fait. Il n'y reste cependant que cinq minutes, expliquant lors de son départ, d'un air relâché qu'il veut discuter avec son professeur de soin des créatures magiques. Il sait que Hagrid sera probablement endormi profondément et qu'il pourra lui faire facilement croire qu'il tape à sa porte depuis de longues minutes. Il dépasse donc la cabane du Gardien des Clefs et s'engouffre au pas de course dans la foret interdite. Sa première constatation est qu'il y fait incroyablement sombre. Puis il s'applique à trouve Lumos. C'est une chose rapidement réalisée puisque cette dernière à perçu son odeur avant même qu'il ne pénètre dans la forêt et l'attendait à quelques dizaines de mètres de l'orée. Il lui donne quelques instructions et repart en direction de la cabane, un œuf géant dans le sac.
Si on avait alors observé Baklael, on l'aurait vu, après avoir réveillé un Hagrid barbouillé et avoir rejoint le château, passer trois fois devant un mur l'air concentré avant de disparaitre par une porte apparue soudainement…