Banquiselard – Premier Acte
Fëanor Curufinwë
Gryffondor et accéssoirement Directeur (hum) de Banquiselard.
Assis dans un fauteuil de la salle commune et déserte des Gryffondor, je nourris des soupçons envers ma consoeur, Miss Lestrange Junior, qui, sous sa blondeur innocente et son visage d'ange, semble cacher un coeur sombre, héritage de sa terrible mère, vipère arrogante et mortelle au nom tout aussi trompeur, Bellatrix Lestrange.
"Je nourris des soupçons"…la formulation est un peu forte…personne n'est coupable des actes de ses parents, Akiko a plusieurs fois prouvé qu'elle était digne de confiance, et elle n'a pas volé sa place chez les Gryffondor, élèves les plus hardis et courageux d'entre tous.
Minuit a depuis longtemps déjà sonné ses douze coups, et le feu de cheminée ne s'estompe pas. Est-ce la Bièraubeurre, véritable hydromel pour mes papilles gustatives, ou bien l'aspect confiné que m'apporte ce silence vespéral mêlé à la chaleur de la seule source de lumière de la pièce qui me pousse à m'interroger?
Un grand homme a dit un jour :"La vérité est toujours belle et terrible, c'est pourquoi il faut l'aborder avec beaucoup de précautions." Mais quelle est la vérité ici? Le fait d'avoir ri ostensiblement devant la malheureuse chute dans le lac du Professeur Hagrid (due à un tentacule du calmar géant qui traînait dans les parages) ne fait pas d'elle un mangemort, de même que de l'avoir vue fixer un hippogriffe avec l'oeil avide et la bave aux lêvres ne fait pas d'elle un assassin. Quant au maléfice du Bloque-jambes qu'elle aurait lancé sur une élève de Serdaigle (une certaine Gexian), elle m'a assuré qu'il s'agissait d'un accident, qu'elle s'entraînait à lancer le sort dans un coin (sombre) et que par pur hasard, Gexian passait par là au mauvais moment. Je l'ai crue, mais, je ne saurais dire pourquoi, j'ai trouvé que le sourire qu'elle arborait, devant l'évocation de sa maladresse, me rappelait de vieux films de vampires en noir et blanc…
Mais Akiko, en plus d'être une vraie Gryffondor, est une amie. Tous ces soupçons sont ridicules, je lui confierais mes arrières sans hésiter, si d'aventure on devait se trouver en mauvaise situation. Je dois faire taire cette horrible petite voix persiflante qui m'oblige à douter même de mes proches. Ce n'est que de la mauvaise foi due à un satané message codé qui me tient tête, évidemment. Douter de ses amis, c'est le début de la fin pour un Gryffondor.
En regardant par la fenêtre, j'aperçois le premier quartier de lune qui accompagne ma troisième bièraubeurre consécutive de son sourire à peine voilé par quelques nuages discrets.
Ragaillardi par cette pensée, je focalise mon esprit sur certaines rumeurs qui courent dans l'école. On parle d'un élève de Serpentard qui élèverait en cachette dans la forêt un Basilic. Si on me demandait mon avis sur la question, je répondrais que c'est absolument absurde. Aucun élève ne serait assez stupide pour se lancer dans pareille entreprise, fût-il même un Serpentard parlant le Fourchelang!
Cette rumeur serait colportée par un certain Crabbe, m'est avis qu'il cherche juste à se faire mousser…
Cependant, il m'est arrivé d'observer une hausse d'activité au coeur de cette forêt, des arbres très remuants, beaucoup d'oiseaux s'envolant en même temps…mais tout le monde sait que cette partie de la forêt est la chasse gardée des Acromentules…
Par acquis de conscience, je décide d'envoyer mon Patronus inspecter les alentours. Une pensée positive, facilitée par l'ivresse toute relative apportée par ma cinquième bièraubeurre, m'aide à faire sortir de ma baguette en bois de vigne un magnifique loup argenté. Peine perdue, rien ne se passe, aucune forme suspecte aux alentours du château…l'espace d'un instant, j'ai cru voir une faible lumière entre deux arbres, mais ce ne peut être que le reflet de mon Patronus sur une quelconque surface réfléchissante, peut-être un miroir tombé distraitement de la poche d'un élève…
Après un bon quart d'heure d'inspections, j'annule mon Patronus et décide d'aller me coucher (je me relèverai dix minutes plus tard pour satisfaire un besoin naturel, ce qui est normal après avoir bu six bièraubeurres…).
Tous ces doutes, toutes ces pensées s'envolent pour l'instant…un jour, un professeur nous a dit: "Vigilance constante!", je crois qu'il a déteint sur moi…
"With the first link, the chain is forged. The first speech censured, the first thought forbidden, the first freedom denied, chains us all irrevocably." -Jean-Luc Picard
Star Trek - The Next Generation / The Drumhead
